Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
cousine. De tels liens familiaux ne pouvaient que faciliter le recours à la diplomatie.
Le 27 septembre, Guerrier arriva à Medicine Lodge Creek avec Roman Nose et Gray Beard, qui devait servir de porte-parole à ce dernier. Gray Beard comprenant un peu l’anglais, les interprètes pourraient difficilement le tromper. Thomas Murphy, chargé de préparer la venue des membres de la commission, accueillit chaleureusement les Cheyennes et leur expliqua que le conseil qui allait se tenir serait d’une importance capitale pour eux. Il leur promit que les négociateurs prévoiraient des vivres pour eux et les prendraient « par la main et traceraient un beau chemin pour la paix ».
« Ce sont les chiens qui se jettent sur les vivres, répliqua Gray Beard. Celles que vous nous donnez nous rendent malades. Le bison nous fournit notre nourriture, mais les choses dont nous avons besoin, nous ne les voyons pas – la poudre, le plomb, les amorces. Donnez-les-nous, alors nous vous croirons. »
Murphy répondit que les États-Unis ne fournissaient des munitions qu’aux Indiens amis. Il demanda pourquoi certains Cheyennes se montraient hostiles au point de continuer à faire des raids. « Parce que Hancock a brûlé notre village », rétorquèrent Roman Nose et Gray Beard en même temps. « Nous ne faisons que nous venger de cela. »
Murphy leur assura que le Grand Père n’avait nullement autorisé l’incendie du village, et qu’il avait déjà obligé Hancock à quitter les Plaines à cause de cette mauvaise action. Quant à Grand-Guerrier Sherman, dont la présence importunait Roman Nose, il l’avait également rappelé à Washington. Roman Nose accepta finalement un compromis. Avec ses compagnons, il s’installerait à une centaine de kilomètres de là, au bord de la Cimarron River. Ils pourraient suivre le déroulement du conseil de loin et venir y participer s’ils le désiraient.
Le 16 octobre, à la Lune-où-la-saison-change, le conseil débuta dans un joli bosquet d’arbres élancés au bord de la Medicine Lodge Creek. Les Arapahos, les Comanches, les Kiowas et les Apaches de la Prairie avaient établi leurs campements le long de la berge boisée, juste à côté. Black Kettle avait choisi la berge opposée. En cas de problème, il serait au moins protégé par la petite rivière qui le séparait des deux cents cavaliers chargés de protéger les négociateurs blancs. Des messagers devaient tenir Roman Nose et les chefs des Dog-Soldiers informés du déroulement des négociations. Ils surveillaient d’ailleurs tout autant Black Kettle que les membres de la commission ; il était hors de question de le laisser signer un mauvais traité au nom du peuple cheyenne.
Bien que plus de quatre mille Indiens soient rassemblés à Medicine Lodge, les Cheyennes étaient si peu nombreux que l’affaire prit une tournure presque exclusivement kiowa-coman-che-arapaho. Voilà qui ennuyait beaucoup les négociateurs, dont le principal objectif était de conclure la paix avec les Dog-Soldiers en les persuadant que la réserve qu’on leur proposait au sud de l’Arkansas était la meilleure solution pour eux. Black Kettle, Little Robe et George Bent parvinrent à convaincre certains des chefs récalcitrants, mais d’autres devinrent hostiles au point de menacer de tuer les mustangs de Black Kettle si ce dernier ne se retirait pas du conseil.
Le 21 octobre, les Kiowas et les Comanches signèrent le traité, s’engageant par là à partager une réserve avec les Cheyennes et les Arapahos et, entre autres choses, à ne chasser le bison que dans les prairies au sud de l’Arkansas et à ne pas entraver la construction du chemin de fer le long de la Smoky Hill. Mais Black Kettle refusa de signer tant qu’il n’y avait pas d’autres chefs cheyennes à Medicine Lodge. Quant à Little Raven et aux Arapahos, ils n’accepteraient le traité que si les Cheyennes le signaient. Les membres de la commission acceptèrent à contrecœur d’attendre une semaine de plus, afin de laisser le temps à Black Kettle et Little Robe d’exercer leurs talents de diplomates auprès des Dog-Soldiers. Au bout de cinq jours, aucun Cheyenne n’était venu. Enfin, le 26 octobre, en fin d’après-midi, Little Robe fut de retour.
Les chefs cheyennes arrivaient, annonça-t-il, avec environ cinq cents guerriers. Ils seraient armés et tireraient certainement quelques coups de feu pour exprimer leur souhait d’obtenir des munitions
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