Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
Vom Netzwerk:
rangs, réduisant ainsi la puissance de la charge désespérée. Roman Nose atteignit la limite des broussailles. C’est alors que, pris dans des feux croisés, il reçut une balle au-dessus de la hanche. Sa colonne vertébrale fut atteinte. Il tomba dans les broussailles, où il resta jusqu’au crépuscule, avant de ramper péniblement jusqu’au bord de l’île. De jeunes guerriers partis à sa recherche le trouvèrent et le portèrent jusqu’à une colline, où des femmes soignaient les blessés. Il mourut pendant la nuit.
    Pour les jeunes guerriers cheyennes, c’était comme si une grande lumière s’éteignait dans le ciel. Roman Nose avait cru, et leur avait fait croire, que s’ils se battaient pour leur terre comme Red Cloud, ils gagneraient un jour ou l’autre.
    À présent, ni les Cheyennes, ni les Sioux n’avaient le cœur à poursuivre les combats. Pourtant, ils continuèrent pendant huit jours à assiéger les « Éclaireurs de Forsyth », réduits à manger leurs chevaux et à creuser le sable pour trouver de l’eau. Le huitième jour, lorsqu’une colonne de soldats vint prêter main-forte aux assiégés, ce fut sans regret que les Indiens quittèrent l’île nauséabonde.
    Pour les Blancs, cette bataille revêtait une importance capitale ; ils l’appelèrent la bataille de Beecher’s Island, du nom du jeune lieutenant Frederick Beecher qui y avait péri. Les survivants se vantèrent d’avoir tué « des centaines de Peaux-Rouges ». En fait, les Indiens ne déploraient pas plus de trente tués, mais il est vrai que la mort de Roman Nose fut pour eux une perte incalculable, d’où le nom qu’ils donnèrent à cet épisode de la guerre – la Bataille où Roman Nose est Mort.
    Après avoir pris un peu de repos, les Cheyennes prirent la direction du sud. Traqués sans répit par les soldats, leur seul espoir de survie était de rejoindre leurs cousins au sud de l’Arkansas. Pour eux, Black Kettle était certes un vieil homme défait, mais il était toujours en vie. Et c’était lui le chef des Cheyennes du Sud.
    Comment auraient-ils pu savoir que le chef soldat qui ressemblait à un ours ronchon, Sheridan, préparait une campagne d’hiver au sud de l’Arkansas ? Qu’il comptait, quand arriveraient les neiges des lunes froides, détruire avec Custer et ses cavaliers les villages des Indiens « sauvages » ? Ces villages avaient pour la plupart honoré leur part du traité, mais pour Sheridan, tout Indien qui résistait quand on lui tirait dessus était un « sauvage ».
    Cet automne-là, Black Kettle établit son village près de la Washita River, à soixante-dix kilomètres environ des Antelope Hills. Lorsqu’il vit revenir les jeunes braves du Kansas, il les gronda pour leur indiscipline mais, en père magnanime, les laissa réintégrer sa bande. En novembre, apprenant par ouï-dire que des soldats arrivaient, il entreprit un long voyage de plus de cent soixante kilomètres jusqu’à Fort Cobb, en aval, où se situait la nouvelle agence. Le fort était commandé par le général William B. Hazen, que les Cheyennes et les Arapahos avaient trouvé amical et compréhensif lors des visites qu’ils lui avaient rendues au cours de l’été.
    Pourtant, cette fois-ci, en dépit de l’urgence de la situation, Hazen se montra beaucoup moins aimable. Lorsque Black Kettle lui demanda la permission de rapprocher ses cent quatre-vingts tipis de Fort Cobb afin de bénéficier de sa protection, il refusa, tout comme il refusa de permettre aux Cheyennes et aux Arapahos de s’installer près des Kiowas et des Comanches. Il assura à Black Kettle que s’il retournait avec sa délégation dans son village et empêchait ses jeunes guerriers d’en sortir, ils ne seraient pas attaqués. Il fournit à ses visiteurs du sucre, du café et du tabac, puis les renvoya, en sachant qu’il ne les reverrait probablement jamais. Il n’ignorait rien des projets guerriers de Sheridan.
    Les chefs déçus rentrèrent au village, qu’ils atteignirent dans la nuit du 26 novembre après avoir affronté un vent âpre venu du nord qui s’était transformé en tempête de neige. Malgré sa fatigue, Black Kettle convoqua immédiatement un conseil des chefs. (George Bent n’y participa pas, étant allé avec sa femme, la nièce de Black Kettle, rendre visite à William Bent dans son ranch du Colorado.)
    Cette fois-ci, déclara Black Kettle à son peuple, ils ne devaient pas se laisser surprendre comme

Weitere Kostenlose Bücher