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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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cela avait été le cas à Sand Creek. Plutôt que d’attendre l’arrivée des soldats, il irait avec une délégation à leur rencontre pour les convaincre des intentions pacifiques des Cheyennes. La neige, déjà épaisse sur le sol, continuait à tomber, mais il se mettrait en route dès que le ciel se dégagerait.
    Black Kettle se coucha tard cette nuit-là, mais se leva tôt comme il en avait l’habitude. Sortant de son tipi, il constata avec joie que le ciel se dégageait. Malgré l’épais brouillard qui recouvrait la vallée de la Washita, il parvint à distinguer l’épaisse couche de neige sur les arêtes de l’autre côté de la rivière.
    C’est alors qu’il entendit une femme hurler. Les cris devinrent plus clairs à mesure qu’elle s’approchait. « Les soldats ! Les soldats ! » Sans réfléchir, Black Kettle rentra dans son tipi pour aller chercher son fusil. En quelques secondes, sa décision fut prise – il donnerait l’alerte et organiserait la fuite de sa bande. Il ne voulait pas d’un deuxième Sand Creek. Il irait seul à la rencontre des soldats, à l’endroit où l’on traversait la rivière, et parlementerait avec eux. Levant le canon de son arme, il appuya sur la gâchette. La détonation réveilla tout le monde. Pendant qu’il criait à tous de s’enfuir à cheval, sa femme détacha sa monture et la lui amena.
    Il s’apprêtait à galoper jusqu’au gué lorsque, perçant le brouillard, le son du clairon retentit, suivi de voix hurlant des ordres et de cris sauvages. Les soldats chargeaient. La neige étouffant le martèlement des sabots sur le sol, seuls étaient perceptibles le bruit des paquetages, le cliquetis des harnais, les cris rauques et les clairons sonnant de toutes parts. (Custer avait amené avec lui l’orchestre militaire et ordonné aux musiciens de jouer « Garry Owen » (22) pour accompagner la charge.)
    Black Kettle s’attendait à ce que les soldats traversent la Washita au niveau du gué. Or, ce fut de quatre directions qu’ils émergèrent du brouillard. Comment pouvait-il, face à quatre colonnes qui chargeaient, parler de paix ? Sand Creek recommençait. Tendant la main à sa femme, Black Kettle l’aida à monter derrière lui, puis mit son cheval au galop. Tous deux avaient survécu à Sand Creek ; à présent, tels des rêveurs plongés dans le même cauchemar, ils se voyaient de nouveau poursuivis par les balles sifflantes des soldats.
    Ils avaient pratiquement atteint le gué quand le vieux chef cheyenne vit les cavaliers charger, vêtus de leurs épais manteaux bleus et de leurs toques en fourrure. Il fit ralentir son mustang et leva la main en signe de paix. Une balle lui laboura le ventre. Son cheval fit un virage brusque. Touché au dos, Black Kettle tomba dans la neige au bord de la rivière, suivi par sa femme, atteinte à plusieurs reprises. Le mustang s’échappa. Les cavaliers traversèrent la rivière en soulevant des gerbes d’eau. Il s’en fallut de peu qu’ils ne piétinent Black Kettle et son épouse, dont les corps furent recouverts de boue par les sabots de leurs chevaux.
    Les ordres donnés à Custer par Sheridan étaient on ne peut plus clairs : « Avancer vers le sud en direction des Antelope Hills, puis se diriger vers la Washita River, où les tribus hostiles sont censées avoir installé leur campement d’hiver ; détruire leurs villages et leurs mustangs, tuer ou pendre tous les guerriers, et ramener les femmes et les enfants. »
    Quelques minutes suffirent aux hommes de Custer pour anéantir le village de Black Kettle, et quelques minutes de plus pour abattre sans pitié des centaines de mustangs dans leurs corrals. Mais tuer ou pendre les guerriers impliquait de les séparer des vieillards, des femmes et des enfants, procédure lente et risquée pour les cavaliers, qui trouvèrent bien plus efficace et sûr de tuer sans distinction. Ce furent ainsi cent trois Cheyennes qui périrent ce jour-là, dont onze guerriers seulement. Cinquante-trois femmes et enfants furent capturés.
    Alertés par les échos des détonations dans la vallée, des Arapahos étaient arrivés de leur village voisin et s’étaient joints aux Cheyennes pour attaquer les soldats par-derrière. Un groupe d’Arapahos encercla un peloton de dix-neuf soldats commandés par le chef d’escadron Joel Elliott et les tua jusqu’au dernier. Vers le milieu de la journée arrivèrent des Kiowas et des Comanches. En voyant augmenter le

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