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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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que le regard de son époux se tournait aussi avec une certaine régularité vers ce banc. Sa sérénité nouvelle tenait-elle à l’affection de l’une des trois ?

    *****

    Tout au long de la messe, l’église résonna des cantiques de circonstance. Peut-être à cause des questions qui se bousculaient dans sa tête, Eugénie perdit très vite le fil de la célébration. Si elle se leva aux moments propices avec les autres paroissiens, elle préféra la station assise plutôt que de se mettre à genoux, tout comme sa belle-mère de trente ans plus âgée.
    A une heure du matin, les ouailles sortirent du temple, les enfants avec des yeux alourdis de sommeil. Le hasard plaça les Dupire tout juste avant les Caron. La convalescente entendit le docteur Picard dire, en mettant les pieds dehors :
    — Merci de m’avoir fait une petite place. Je m’empresse de courir chez maman, elle se fait une joie d’avoir ses enfants au réveillon.
    Elle se retourna pour voir l’échange des bises et des souhaits de joyeux Noël. Pendant que Thalie se séparait de ses amies, elle intervint :
    — Madame, je suis désolée de vous accaparer à ce moment. Puis-je vous parler ? Une minute suffira.
    L’omnipraticienne salua le couple Caron, puis s’approcha, le regard interrogateur.
    — Je veux juste savoir si vous faites des visites à domicile.
    — ... Vous avez des raisons de vous inquiéter ? demanda la jeune femme.
    — Cela, vous pourrez me le dire. Mais avec la mauvaise saison, je préférerais éviter de me rendre à votre cabinet.
    Thalie hocha la tête. Il convenait de reprendre contact avec cette patiente qu’elle n’avait pas vue depuis sa sortie de l’hôpital.
    — Je pourrai passer après la période des fêtes, à moins que vous ne souhaitiez un rendez-vous plus hâtif.
    — Cela me convient tout à fait. Vous serez même une distraction, au cours de ce trop long mois de janvier.
    Toutes les deux échangèrent les vœux de circonstance.
    Fernand joignit les siens à ceux de sa femme, puis il la raccompagna à la voiture. Les autres membres de la famille occupaient déjà leur place. Dix minutes plus tard, tout le monde était de retour dans la grande demeure. Après s’être débarrassés des lourds paletots, les membres de la famille se rendirent dans le salon pour l’échange des cadeaux. Les deux femmes occupèrent les fauteuils, Fernand et ses aînés le canapé. Charles accepta de bonne grâce de distribuer les présents enveloppés de papier argenté.
    Leur contenu ne faisait pas beaucoup de mystère. Pour la plupart, il s’agissait soit de livres, soit de vêtements, soit d’enveloppes contenant un peu d’argent, la promesse d’un achat prochain. Béatrice reçut de sa grand-mère l’autorisation d’aller dépenser quelques dollars chez Simon’s, Antoine un abonnement d’un an à la revue National Géographie. Le cadet se sentit soudainement très jeune en déballant de nouveaux wagons pour son train électrique.
    Même confinée à la maison, Eugénie avait tenu à faire ses propres offrandes plutôt que de se voir incluse dans le
    «De vos parents» des années antérieures. Pour cela, les catalogues lui offraient la possibilité de faire ses emplettes depuis le confort de son fauteuil. Eaton faisait recette dans la rue Scott. A tour de rôle, les enfants défilèrent devant elle avec des pièces de vêtement ou des articles de sport à la main - Charles se voyait riche d’une paire de patins neufs - pour la remercier et l’embrasser.
    A la toute fin, il ne restait plus qu’un petit paquet sous l’arbre, long de six pouces, large de trois, de moins d’un pouce d’épaisseur.
    — Papa, c’est pour toi, dit le garçon en le lui tendant.
    Sur la petite carte sous le ruban, Fernand lut « Eugénie », tracé d’une petite écriture bien nette. Il déchira le papier pour découvrir une boîte avec la marque de commerce Parker. A l’intérieur, un stylo-plume Duofold. En se levant pour lui embrasser la joue, il murmura :
    — Nous avons convenu il y a des années...
    Elle avait dit, peu après leur mariage, vouloir « cesser de sacrifier à cette mascarade des étrennes de Noël » entre eux.
    L’homme préféra ne pas reprendre ses mots exacts.
    — Je sais bien. Disons que ça n’a pas été ma meilleure idée.
    — Mais de mon côté...
    — Cela ne fait rien. Tu te reprendras l’an prochain.
    Pour la première fois depuis des mois, elle évoquait le futur.
    Elle ajouta dans un

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