Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
sa grand-mère fermaient la marche. Une fois en bas de l’escalier, Béatrice attendit pour prendre l’autre bras de l’aïeule.

    *****
    Monter dans l’automobile nécessita l’assistance combinée des deux enfants, tout comme en descendre, une fois arrivés à l’église Saint-Dominique. Quand le couple s’engagea sur le
    parvis
    du
    temple,
    les
    Caron
    s’y
    trouvaient
    déjà. Le médecin se tourna pour dire, la voix chargée de compassion :
    — Je suis heureux de vous voir, madame Dupire. Votre présence ici témoigne de votre retour à la santé.
    — Au moins, elle indique que je me remets de l’opération. Au sujet du retour à la santé, je retiens des explications de votre jeune collègue que seul le temps nous le dira.
    — Vous avez raison. Mais regardez autour de vous.
    Comme pour lui donner l’exemple, l’homme leva la tête vers un ciel d’un noir d’encre tout constellé d’étoiles. Le froid vif piquait les joues. Près d’eux, les éclats de rire des paroissiens fusaient à tout moment.
    — La nuit est parfaite, conclut-il, et aucun de nous ne sait s’il verra demain. Alors, autant profiter du présent en ne songeant pas trop au futur.
    — Je tente de faire exactement cela, monsieur Caron: Mais vous savez, dans ma condition, ce n’est pas si facile.
    L’homme exerça une pression sur la main de la convalescente, puis il murmura :
    — Je vous souhaite de tirer le meilleur de cette période de réjouissances.
    Puis, il tendit la main aux autres membres de la famille, en répétant les mêmes paroles. Puisqu’une bonne proportion de la population de la paroisse comptait parmi sa clientèle, il avait pris la précaution d’arriver tôt, avec l’espoir d’exprimer ses bons vœux à la plupart.
    Élise ne pouvait se dérober à l’obligation de saluer les Dupire. Flanquée de ses enfants, elle s’approcha et offrit sa main gantée à Eugénie.
    — Je suis tellement heureuse de te revoir. Cela fait longtemps.
    — J’émerge lentement de ma retraite.
    Si la convalescente pouvait évoquer son angoisse à mots couverts au médecin qui l’auscultait depuis l’enfance, devant une femme de son âge, elle se raidissait, soucieuse de donner le change. Toutefois, devant une personne à laquelle elle s’était crue bien supérieure, dont elle avait raillé la modestie du ménage des années plus tôt, son assurance fléchissait tout à fait. Aujourd’hui, ses deux enfants près d’elle, respirant la santé et, pourquoi pas, le bonheur tranquille, elle lui inspirait une profonde jalousie.
    — Nous n’avons pas eu une véritable conversation depuis si longtemps, enchaîna Eugénie. Je ne pense pas sortir beaucoup cet hiver, mais si tes pas te conduisent dans la rue Scott, nous pourrions reprendre le temps perdu.
    Très vite, dans un mouvement presque imperceptible, les yeux d’Elise allèrent vers Fernand. L’époux offrait toujours son bras à sa compagne.
    — Tu as raison, ce serait agréable d’évoquer notre jeunesse, reprit-elle d’une voix un peu affectée. Je verrai à me libérer.
    Le regard inquiet n’avait pas échappé à la femme. L’esprit en mouvement, elle commenta machinalement :
    — Tu seras toujours la bienvenue.
    Sans y mettre la moindre conviction, elle salua ensuite les enfants Hamelin. Puis, elle tourna le visage vers son compagnon :
    — Maintenant, si tu veux m’accompagner jusqu’à notre banc, je me sens un peu fatiguée.
    — Bien sûr. Allons-y.
    Quant à la vieille madame Dupire, encadrée par ses trois petits-enfants, elle tentait d’échanger quelques mots avec toutes les personnes de sa génération. Sa démarche tenait beaucoup à son désir de se montrer avec sa progéniture. Mère d’un seul enfant, ce trio lui procurait sa part d’éternité. Et quand un ancêtre disait que Béatrice lui ressemblait, son plaisir compensait la douleur dans ses jambes et ses hanches.
    Pendant toute la durée de la messe de minuit, Eugénie garda les yeux sur les deux bancs occupés par les Caron. Le fils, Pierre, s’était installé avec ses grands-parents pour laisser une place libre sur la banquette prise par sa mère et sa sœur. Juste avant le début de la cérémonie, Thalie Picard vint se joindre à elles. Malgré la solennité de l’endroit, elles échangèrent des bises, des sourires. Elles formaient un curieux trio, l’une approchant la quarantaine, la seconde la trentaine, la dernière la vingtaine.
    Surtout, la convalescente constata

Weitere Kostenlose Bücher