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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pouvoir passer l’année universitaire à la pension de la rue Sainte-Geneviève. S’immiscer dans les secrets des autres pouvait devenir rentable.
    — Maintenant sauvez-vous. Mon infirmière doit commencer à s’inquiéter de ne pas me tenir à l’œil.
    Le garçon obéit sans demander son reste.

    *****
    Debout près de la fenêtre de son bureau, Fernand surveillait le conciliabule. Une voix lui parvint depuis la porte.
    — Madame semble apprécier la compagnie de ce jeune homme.

    Le notaire se tourna vers elle, esquissa un sourire avant de convenir :
    — Vous avez raison, garde Murphy. Il s’est assis tout près d’elle pour converser.
    — Tout à l’heure, elle disait vrai. Un peu comme les vieilles personnes, les gens dans son état revisitent leur existence, pour dresser un bilan.
    — Comment va-t-elle ?
    Son interlocutrice haussa les épaules, comme si la situation la déprimait.
    — Sa respiration devient plus laborieuse, elle se vide de ses forces.
    — Cela durera combien de temps ?
    — Impossible de savoir vraiment.
    Effectuer ce genre de prévision déplaisait à tous les professionnels de la santé.
    — Mais encore ?
    — La maladie peut s’attaquer à un autre organe et tout ira très vite. Ou elle s’affaiblira progressivement pendant quelques mois.
    L’homme hocha la tête, puis il reporta son attention à la fenêtre.
    — Mon employé revient. Vous pourrez bientôt rejoindre votre malade.
    L’infirmière le salua d’un signe de la tête, puis retourna à son devoir. Un instant plus tard, Jacques passa devant la porte du bureau. Il adressa un regard un peu penaud à son patron, l’air de dire : « Ce n’est pas ma faute, je n’ai pas osé dire non. » Puis il accéléra le pas pour reprendre son poste.

    Chapitre 27

    Au sixième étage du Château Saint-Louis, un bruit venait de la chambre à coucher, quelqu’un ouvrait et fermait des tiroirs les uns après les autres.
    — Tu crois que j’aurai assez de trois robes? demanda Thalie suffisamment fort pour être entendue dans la pièce voisine.
    — Ça, je ne sais pas, rétorqua Louis Boisvert. De mon côté, je n’en apporterai aucune. Tu peux toujours faire comme moi.
    — Très, très drôle. Tu m’aides beaucoup.
    Dans le salon, Elise pouffa de rire. A voix basse, elle glissa au cavalier de son amie :
    — Je ne l’ai jamais vue dans cet état.
    — C’est curieux, elle peut pincer une artère du bout des doigts pour arrêter le sang de couler, mais elle panique à l’idée de réunir de quoi se vêtir pendant une semaine.
    La jolie brune se priva de préciser les motifs de la nervosité de son amie. Cela avait peu à voir avec son bagage.
    Elise était assise dans l’un des fauteuils, le jeune homme près d’elle. Enfin, le médecin vint dans la pièce, une valise à la main.
    — Mes amis ne devraient pas parler contre moi dans mon dos, commenta-t-elle, un peu sévère.
    — Nous évoquions la douceur du temps, plaida Louis.
    — Ce n’est pas tout à fait vrai, corrigea Elise. Nous avons aussi conclu que si vous ne vous décidiez pas à partir bientôt, vous ne seriez pas plus loin que Sainte-Marie-de-Beauce à la tombée de la nuit.
    — Mais je suis prête, protesta Thalie.
    — Tu en es certaine ? As-tu bien pensé à prendre ton maillot de bain ?
    L’incertitude passa sur le petit visage, elle tourna les talons pour retourner dans la chambre. Son amie quitta son siège pour la suivre. La prenant aux épaules, elle la poussa vers la porte en disant :
    — Je t’ai vue le mettre dans ta valise tout à l’heure.
    Maintenant, va-t’en avant de prendre racine.
    Louis Boisvert les rejoignit près de la porte. Avant de sortir, Thalie dit encore :
    — Je te confie l’appartement.
    — Tout sera impeccable à ton retour.
    — En comptant les bouteilles de vin dans mes armoires, je saurai si tu en as bien profité.
    — Dehors !
    Elise la poussa dans le couloir. Son salut au jeune homme respecta mieux les usages de la Haute-Ville de Québec.

    *****
    Le lundi suivant, tout juste après être sorti de table, Fernand s’arrêta devant la toute petite pièce de travail de son stagiaire.
    — Vous devrez reprendre cette page, dit-il en posant le document sur la table.
    Le garçon posa les yeux sur le feuillet et vit immédiatement un mot souligné de rouge : « héirtier » plutôt que «héritier».

    — Je suis désolé, je la refais tout de suite. C’est la difficulté, si je tente de faire vite, je commets

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