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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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la vieille dame lui avait pesé.
    Sa tranquillité serait bien vite troublée de nouveau.
    — Jacques, vous allez m’aider à sortir, dit Eugénie en essuyant ses lèvres avec sa serviette. Il fait beau, j’aimerais profiter de ma chaise longue. Nous pourrons discuter un peu des pique-niques que mon père offrait à ses employés.
    Vous voyez, je suis comme une vieille dame, je revisite mon passé.
    En disant cela, elle adressa un petit sourire amusé à sa belle-mère. Celle-ci ne jugea pas nécessaire de répondre.
    Après un « Bonne journée » adressé à la ronde, elle récupéra sa canne et retourna dans sa chambre.
    Mal à l’aise, Jacques se tint près de la malade et lui saisit le bras juste au-dessus du coude avec deux doigts, un peu troublé de la maigreur du membre.
    — Non, pas comme ça, dit-elle. Mettez votre bras comme ceci, je vais m’appuyer dessus.
    Elle lui montra, puis posa sa main sur son avant-bras.
    Gladys n’allait pas renoncer à ses prérogatives pour autant.
    Elle se mit de l’autre côté de sa patiente. Ainsi escortée, celle-ci atteignit sans mal le jardin à l’arrière de la maison.
    Une chaise longue en bois rendue grise par les intempéries lui permit de s’étendre. La femme offrit son visage à la caresse du soleil.
    — Gladys, dit-elle bientôt, vous allez me préparer un thé glacé, avec beaucoup de sucre. Prenez votre temps, je profiterai de la compagnie de ce beau jeune homme.
    Autrement dit, mieux valait pour elle attendre la fin de leur conversation pour la servir. Quand Gladys fut dans la maison, Eugénie s’exclama avec impatience :
    —Je commençais à croire que nous n’aurions jamais une minute. Où est-il allé ?
    — Dans le parc à côté, pour faire une petite marche. Il est revenu moins d’une heure plus tard.
    Le visage de la femme afficha sa déception.
    — Il était seul ?
    — Oui.
    Cette fois, elle se mordit la lèvre inférieure, comme si la précision la troublait.
    — Enfin, il a bien rencontré une voisine, précisa le garçon.
    — A quoi ressemble-t-elle ?
    — Une femme d’à peu près son âge, assez jolie, les cheveux bruns..
    — C’est elle.
    Jacques comprit que son interlocutrice soupçonnait un adultère.
    — Ils se sont à peine serré la main en se rencontrant, puis ils ont marché un peu en se tenant à bonne distance.
    Ce n’est pas ce que vous pensez.
    La colère durcit les traits d’Eugénie. Bien sûr, tous les hommes du quartier échangeaient quelques mots avec une connaissance sans que personne pense à mal. Une rencontre fortuite ne voulait rien dire.
    — Vous allez le suivre encore. Je veux savoir qui il rencontre comme cela, deux ou trois après-midi par semaine.
    — C’est dangereux, il peut me surprendre. J’ai dû me cacher dans les buissons pour revenir à la maison avant lui, vendredi dernier.
    — Si je lui parle de vos petites fouilles dans ses dossiers...
    La jeune femme laissa la menace en suspens. Son interlocuteur savait qu’il risquait gros.
    — Que vous lui disiez ça, ou qu’il me surprenne à ses trousses, ce sera le même résultat pour moi. Je vais perdre mon gagne-pain.
    Eugénie le jaugea du regard. Il disait vrai, pour lui ces deux éventualités entraîneraient les mêmes conséquences.
    Bien
    plus,
    il
    réussirait
    peut-être
    à
    convaincre
    Fernand qu’il avait fouillé les tiroirs pour un motif légitime.
    — Si jamais il vous voit derrière lui, vous expliquerez que je vous ai demandé de faire des courses pour moi à la pharmacie. Je vais vous donner une liste de produits médicaux à rapporter, et même quelques dollars, pour faire plus vraisemblable.
    — Cela ne suffira pas à le convaincre.
    — Si jamais cela se termine mal pour vous, je vous paierai le double de votre salaire de l’été.
    Jacques la contempla, fasciné.
    — Vous ne me croyez pas ? fit-elle, excédée.
    — Oui, je vous crois. Les femmes comme vous ont sans doute plus que mon salaire de l’été rien que pour acheter des dentelles.
    Le garçon voulait dire les femmes de la Haute-Ville, ces bourgeoises qui avaient des domestiques pour les aider à se dévêtir et faire leur toilette.
    — Alors, c’est promis, deux fois votre salaire de l’été si vous me dites ce que je veux savoir, que vous poursuiviez ou non votre travail jusqu’au début des classes.
    — Entendu, murmura le garçon en additionnant dans sa tête.
    Il se mettait à rêver d’amasser assez d’argent avec cette histoire pour

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