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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Tu devrais t’asseoir. Je vais me lasser de lever le menton comme cela.
    — Oui, bien sûr.
    Se trouver à la même hauteur ne les rendit pas plus bavards. Après une attente embarrassée, Eugénie s’impatienta :
    — Tu as voulu me rencontrer, alors tu dois dire quelque chose.
    — Je veux t’entendre me parler de lui.
    — ... Tu en es certain? Je n’aurai pas beaucoup de paroles gentilles à son sujet.
    — Ça, je l’ai déjà deviné.
    Son désir de savoir l’obsédait.

    *****
    Gladys Murphy descendit dans la cuisine et trouva les domestiques en train de se préparer à une sortie au cinéma.
    Cela lui fit penser que son dernier jour de congé datait d’une éternité. Finalement, ces patients la privaient de toute son existence. Elle salua les deux femmes avec une pointe de jalousie. Une voix vint du refuge de la vieille dame :
    — Mademoiselle Gladys, c’est vous ?
    Elle se déplaça dans l’embrasure de la porte pour répondre :
    — Oui, madame Dupire, c’est moi.
    — Cela vous dit de jouer aux cartes selon les règles de mon enfance ?
    — Je connais vos règles.
    L’infirmière échangea un regard avec Béatrice, esquissa un sourire.
    — Je préfère celles de votre petite-fille. Elles me paraissent moins changeantes.
    — Bon, venez tout de même.

    Dans son coin, Fernand n’essayait plus de lire. Il tentait de deviner la teneur du conciliabule à l’étage.

    *****
    Les paquebots prenaient des allures de murailles de fer, quand on s’approchait de la coque. A l’amarrage, Mathieu contempla les tôles rivetées, puis au terme de la manœuvre, il se dirigea vers l’édifice du Canadien Pacifique. Une petite foule se massait pour recevoir des voyageurs, il joua un peu des coudes pour se faire une place.
    Un premier passager descendit la passerelle, suivi par plusieurs autres. Une fois dans la salle, chacun attirait une grappe humaine autour de lui. Avant de voir les siens, il entendit :
    — Mathieu !
    La voix haut perchée attira l’attention de tout le monde.
    Marie accéléra le pas, bouscula deux Anglais pour arriver plus vite à son niveau. Paul Dubuc suivait derrière en multipliant les excuses auprès des passagers un peu outrés de cet empressement.
    Lorsque sa mère se précipita contre lui, le garçon eut le souffle coupé.
    — Mon petit, je suis si contente de te revoir !
    — Moi aussi, mais si tu ne relâches pas ton étreinte tout de suite, les gens vont croire que nous avons été séparés à la naissance.
    — Ne dis pas de sottises.
    Tout de même, elle recula un peu, assez pour pouvoir lui faire la bise. Le jeune homme serra ensuite la main de son beau-père.
    — Tu es venu seul ? demanda-t-elle.

    — On a tiré à la courte paille, le sort est tombé sur moi.
    Mais seuls Gérard et David ont participé. Les femmes préparent une petite réception... surprise.
    Afin de dégager le passage, le jeune homme prit la valise de sa mère et entraîna le couple avec lui.
    — Une réception ? Où ça ? questionna-t-elle.
    — Chez Françoise.
    — Mais nous devons rentrer à la maison. Ils vont livrer les malles.
    — Estelle va les attendre...
    Comme on était en fin d’après-midi, le magasin fermerait les portes bientôt. Elle se tiendrait au rez-de-chaussée pour accueillir les livreurs.
    — Vous ne l’avez pas laissée toute seule ? Elle est trop jeune pour s’occuper de la boutique.
    — Paul, avez-vous fait un bon voyage ? demanda Mathieu en lui tournant le dos, feignant d’ignorer totalement la question.
    — Merveilleux. Le dépaysement total.
    — Vous n’avez pas changé, vous êtes exactement comme la veille de votre départ. Surtout maman.
    Marie affecta d’être fâchée en montant dans le taxi, mais dès les portières closes, elle commença à demander des nouvelles des membres de sa tribu. Elle ne cessa pas avant d’arriver devant la porte de la maison de Gérard Poitras, dans Limoilou.
    En entrant dans le petit hall, elle s’écria :
    — Où êtes-vous tous ? Ne vous cachez pas, Mathieu m’a dit, pour la surprise.
    Elle lui adressa un clin d’œil, heureuse de lui faire payer son attitude moqueuse de tout à l’heure.
    — Quel bavard, remarqua Thalie en venant les rejoindre la première.
    — Elle a recommencé à parler de la jeunesse d’Estelle, répondit-il pour faire taire les reproches.
    — Ah ! Les Anglais ne nous l’ont pas changée.
    Les bises les occupèrent un moment. Plus rondes, Amélie et Flavie bénéficièrent de longues

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