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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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accolades. Marie accepta les mots de bienvenue de ses gendres. Mais tout de suite après, son attention se porta encore sur le ventre de la jolie blonde.
    — Je peux?
    Sans attendre de réponse, elle tendit les mains ouvertes pour les poser sur l’abdomen rebondi.
    — Heureusement, tu m’as attendue pour accoucher.
    — Mais si vous aviez voyagé deux semaines de plus, vous auriez raté l’événement. Il me semble très pressé de nous connaître, depuis quelques jours.
    — Oui, tu as raison, je le sens bouger.
    Elle sembla se recueillir, puis se tourna vers Flavie pour reprendre la même caresse sur elle.
    — Dans ton cas, c’est encore trop tôt pour se rendre compte de ses mouvements.
    — Heureusement! Je ne voudrais pas le voir frapper à la porte avant décembre.
    Le groupe se déplaça vers le salon et Amélie reprit son fauteuil avec un soupir de soulagement.
    — Mais je ne vois pas les garçons... s’inquiéta de nouveau la grand-mère.
    — Ils sont en pleine répétition.
    — Et Françoise ?
    — Ah ! répondit Gérard avec un air mystérieux, c’est le metteur en scène.
    Un moment plus tard, le trio de gamins rougissants se présenta, blazer bleu et pantalon gris, un nœud papillon au cou. Les deux plus âgés tenaient un bout de papier à la main.
    — Chère grand-maman, commença le plus vieux.
    — Cher grand-papa, enchaîna le second.
    La lecture hésitante se poursuivit pendant deux petites minutes. Comme le troisième enfant ne savait pas lire, il tenait un bouquet dans l’un de ses bras, fouillant en même temps consciencieusement l’une de ses narines de son index.
    Pourtant, sa mère le faisait «souffler» au moins vingt fois par jour. Marie versa une larme avant la fin du compliment, tandis que Paul dissimula mal un picotement des yeux. Le petit Alfred
    put
    donner
    ses
    fleurs
    avec
    la
    conviction
    d’avoir été la vedette de la présentation.
    — Avant de nous mettre tous à pleurer, nous allons porter un toast aux voyageurs, déclara Thalie en allant chercher les verres.
    Cela lui donna l’occasion de s’essuyer les yeux en toute discrétion.

    *****
Même si la confrontation avec la mort terrorisait Edouard depuis toujours, toutes les semaines depuis la fin juin, il venait passer une heure avec Eugénie. Au début, il se donnait la peine de conter fleurette à Gladys Murphy en arrivant. Très vite, il avait compris l’inutilité de ses efforts.
    Fin août, il se présenta avec des bonbons, des fleurs et un sourire hésitant.
    — Tu sais, je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour les sucreries, commença la malade en guise de mot de bienvenue.
    Cela ne va pas en s’améliorant.
    Elle était assise dans l’un des fauteuils près de la fenêtre.

    Lors de ses premières visites, l’homme avait fait des commentaires gouailleurs sur le repaire de son beau-frère. L’état d’Eugénie la privait maintenant de tout sens de l’humour.
    Il se pencha pour l’embrasser en murmurant :
    — Tu aimerais lire ? Dis-moi ce qui te fait envie.
    — Un peu plus de temps. Mais personne ne peut m’accorder cela. Assieds-toi, j’ai une histoire qui va te faire tomber à la renverse.
    Edouard crut d’abord qu’elle l’entretiendrait des infidélités de Fernand. Le sujet l’avait préoccupé longuement, au cours de l’été. Elle le prit tout à fait au dépourvu en évoquant Jacques Létourneau pendant de longues minutes.
    — Le petit salaud, grommela l’homme. Il s’est arrangé pour te retrouver.
    — Surveille ton vocabulaire, tout de même. Il s’agit de mon fils, ricana-t-elle.
    Il la regarda un moment avec des yeux un peu surpris.
    — Tu n’es pas en colère contre lui ?
    — Pourquoi ? Dans sa situation, j’aurais fait la même chose. Pas toi ?
    Pour toute réponse, l’homme lui adressa une grimace.
    Elle eut un rire bref avant de reprendre :
    — Je sais ce qui te tracasse. Tu as peur qu’il te soutire de l’argent.
    Il la fixa dans les yeux. Tant de perspicacité le troubla. Il connaissait assez Jacques Létourneau pour ne lui prêter aucun motif romantique. Cette recherche de ses parents naturels sentait le chantage.
    — A sa place, continua-t-elle, te contenterais-tu des ressources de Thérèse Létourneau, si tu savais que ton grand-père se présentait comme le roi du commerce de détail à Québec ?

    De nouveau, le regard acéré de sa sœur le mit mal à l’aise.
    — Je ne lui dois rien.
    — Fernand partage ton avis. Selon lui, n’importe

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