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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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oblige à consacrer bien des heures au côté agricole de cette manifestation. Propose-nous une activité. Du moment où je suis de retour à mon bureau lundi matin...
    — Comme je n’ai rien apporté avec moi, cela interdit toute escapade un peu lointaine.
    Elle lui adressa une moue boudeuse, mais accepta son bras pour se diriger vers un grand hangar en tôles ondulées construit un peu à l’écart. Déjà, une file d’attente se formait devant les grandes portes de la bâtisse. Ils se joignirent aux curieux. Bientôt, ils se massaient avec eux devant un avion de petite taille, assez fortement incliné vers l’arrière.
    Les roues et le train d’atterrissage paraissaient un peu surdimensionnés.
    — C’est le Bremen, expliqua Edouard, tout heureux de jouer au professeur dans ces domaines techniques. C’est le modèle W33 construit par Junkers.
    — Ce n’est pas bien grand.
    La jeune femme ne comprenait pas très bien l’intérêt populaire pour cette petite machine.
    — Trois personnes y ont pourtant logé pendant plus de trente-six heures pour effectuer le premier vol transatlantique entre l’Europe et l’Amérique.
    — Voyons, le premier vol, c’est celui de Lindbergh.
    — Dans le sens «ouest vers l’est», tu as raison. C’est plus facile, à cause des vents favorables et de la rotation de la terre. Eux ont été les premiers de l’est vers l’ouest. Cela est bien plus difficile. D’ailleurs, ils ont perdu leur direction pendant la nuit, ce qui les a conduits à brûler de l’essence en pure perte. Ils devaient se rendre à New York en partant de Dublin. Ils se sont finalement posés sur l’île Greenly le 13 avril dernier, entre le Québec et Terre-Neuve.
    — Terre-Neuve, c’est très loin de leur destination.
    — Ils ne pouvaient aller plus loin, à cause de l’erreur de navigation. Ils ont fait la dernière partie du voyage à trente pieds d’altitude, en cherchant un endroit où se poser d’urgence. Ils ont eu de la chance de s’en tirer.
    Renée accepta d’allonger la tête dans l’ouverture découpée dans la carlingue pour convenir enfin que vivre à trois dans un espace aussi exigu pendant une journée et demie tenait peut-être de l’exploit. Edouard, lui, parut impressionné par le
    microscopique
    hublot
    carré
    qui
    avait
    permis
    au navigateur irlandais James Fitzmaurice de déterminer la position de l’avion avec son sextant. Son erreur avait toutefois failli coûter la vie à ses deux compagnons et à lui-même.
    — Regarde aussi le cockpit minuscule. Il permettait au pilote Hermann Kôhl de voir où il allait.
    La femme leva les yeux dans la direction proposée. Dans la carlingue construite en tôles d’aluminium finement ondulées, pour ajouter à la solidité de l’ensemble, une section surélevée de trois ou quatre pouces, fermée avec des plaques en verre, permettait de voir devant et sur les côtés.
    — Pourquoi ne pas mettre un pare-brise, comme sur une auto ?
    — Il faut des lignes fluides, pour pénétrer dans l’air avec le moins de résistance possible.
    L’explication fut accueillie par de grands yeux chargés d’incompréhension. Malgré son propre corps très aérodynamique, Renée
    demeurait
    imperméable
    à
    la
    prouesse
    technique. Mieux valait évoquer le côté anecdotique de l’exploit, ou s’exposer à la voir bâiller bientôt. Edouard fit de son mieux pour l’intéresser.
    — Ensuite, deux avions se sont posés dans les parages.
    Celui de Roméo Vachon transportait des journalistes.
    — Vachon, c’est un Canadien français, ça.
    Aux yeux de cette Québécoise, seule cette présence donnait un peu d’intérêt à l’histoire. Edouard laissa échapper un soupir discret. Si cette femme présentait des qualités certaines, la liste de ses défauts s’allongeait un peu trop.
    — Si cet avion s’est posé à Terre-Neuve, que fait-il à l’exposition provinciale ? demanda-t-elle.
    — Un navire l’a transporté ici au mois d’août. Cet automne, il retournera d’où il vient, en Allemagne.
    Elle se priva de formuler « Bon débarras » à haute voix.
    Elle dit plutôt :
    — Que fait-on maintenant ? Tu as souligné que la foire agricole ne t’intéressait pas.
    — ... Pourquoi ne pas aller faire un tour dans les airs ?
    — Tu veux dire en avion ?
    — A ma connaissance, il n’y a aucun zeppelin à Québec.
    Les Allemands et les Anglais discutaient de l’établissement d’un service régulier de transport de

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