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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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passagers par dirigeable entre l’Europe et les Etats-Unis. D’autres rêvaient d’aéroplanes assez grands et robustes pour offrir ce service. Mais on en était encore aux projets.
    — Selon le journal de ce matin, des pilotes proposeront des balades aux amateurs aujourd’hui et demain. Nous n’avons qu’à nous rendre à l’aéroport.
    La jeune femme se tourna vers l’appareil d’aluminium, un peu inquiète. Toute blasée qu’elle fût, l’expérience lui ferait certainement battre le cœur un peu plus vite.

    *****
    Béatrice se tenait dans la grande pièce aménagée au fond de la maison pour sa grand-mère. Elle avait passé là de nombreuses soirées à jouer aux cartes, à lire, ou simplement à discuter des petits et grands événements meublant la vie d’une petite fille de dix ou onze ans.
    — Tu auras la possibilité de suivre de vraies études, disait la vieille dame. Tu as de la chance, je crois que j’aurais aimé aussi.
    — Mais cela me fait quelque chose de te laisser toute seule ici.
    — Je ne serai pas seule, tu le sais bien, avec Fernand, tes frères, ma vieille amie. Au contraire, je suis très bien entourée, tu ne crois pas ?
    Comme Béatrice se mordait la lèvre inférieure, elle ajouta :
    — Bien sûr, je m’ennuierai terriblement de ma jeune meilleure amie. Mais tu dois saisir l’occasion d’aller dans ce couvent. Ce serait égoïste de ma part de te priver de cette chance. Alors, nous nous écrirons toutes les semaines pour nous dire toutes les choses importantes.
    — Je n’oublierai jamais de le faire, grand-maman.
    — Comme tu vas devenir très instruite, tu devras fermer les yeux sur mes fautes.
    En disant ces mots, elle ouvrit les bras. Béatrice s’y réfugia un long moment.

    *****

    Quand la jeune fille revint dans le couloir, les yeux un peu gonflés, elle trouva sa grande malle bleue sur le plancher. Pendant son
    absence,
    Antoine
    et
    son
    père
    l’avaient
    prise chacun par un bout pour la descendre de l’étage. Sa mère se tenait devant le miroir de l’entrée, en train d’ajuster son chapeau.
    — Finalement, je me sens un peu mieux, dit la femme, je vais pouvoir t’accompagner jusqu’au couvent.
    À la mine de la fille, la nouvelle n’était pas bonne pour tout le monde. Fernand sortit de son bureau avec ses garçons en disant :
    — Nous allons transporter ce bagage jusqu’à la voiture, maintenant.
    L’aîné passa la main dans la courroie en cuir qui faisait office de poignée à une des extrémités. Quand le père entendit faire de même avec l’autre, Charles s’interposa en disant :
    — Non, moi je suis capable.
    En y mettant les deux mains, avec la force de ses dix ans il souleva son bout de la malle.
    — Tu vois.
    — Je vois. Vous la poserez près de la voiture, mais il est interdit de tenter de la charger dedans. Je ne veux pas avoir à la faire repeindre à cause d’éraflures.
    Des yeux, il s’assurait de la collaboration d’Antoine. Son statut d’aîné en faisait un auxiliaire du pouvoir paternel, en quelque sorte. L’autre hocha la tête d’un air entendu. Les deux garçons sortirent avec leur fardeau, sous les yeux un peu soucieux de Béatrice.
    — Ne t’inquiète pas, dit son père en posant son bras autour de ses épaules, ces grosses boîtes sont solides. Même en la faisant glisser dans les marches, ils ne casseront rien.

    Nous y allons ?
    Elle hocha la tête. Sa mère avait suivi les garçons à l’extérieur. Le bagage se trouvait bien posé sur le gravier, près de la voiture. Fernand ouvrit la porte arrière et arriva à le glisser sur la banquette avec la collaboration des enfants.
    — Tout de même, c’est lourd, admit Charles à la fin. Tu as mis tous tes livres dedans ?
    — Seulement quelques-uns. Dans le dortoir, je n’aurai pas beaucoup de place.
    Puis vint le moment des adieux. Antoine fit la bise à sa sœur en disant:
    — Je te souhaite une bonne année avec les pisseuses. Qui sait, à Noël, nous nous écrirons peut-être en latin.
    — Et toi, bonne chance avec les soutanes.
    Les paroles trahissaient surtout leur petite angoisse réciproque devant la perspective d’entrer dans une nouvelle école, d’avoir de nouveaux maîtres et de pénétrer le mystérieux univers des études classiques. Si aucun des deux ne faisait défection, ils en auraient pour huit ans.
    — Bye, ma belle Béa, dit Charles en l’embrassant à son tour. Si mon lit est trop dur, je vais prendre le tien.
    — J’y

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