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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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religieuse la salua. Tous les deux la regardèrent s’éloigner. Quand elle fut hors de portée de voix, l’homme déclara :
    — Demain matin, je mettrai un chèque à la poste à votre intention. Je voulais surtout vous dire un mot à propos de Béatrice. Il s’agit d’une jeune personne à la fois très intelligente et très sensible.
    — Les deux vont souvent ensemble.
    Il hocha la tête pour lui donner raison.
    — A la maison, les choses sont difficiles pour elle. Sa mère ne se porte pas très bien, et cela depuis des années. Tout ce temps, sa santé mentale s’est révélée préoccupante. Maintenant, sa santé physique devient aussi un sujet d’inquiétude.
    La religieuse nota que son interlocuteur avait préféré ne pas utiliser le je, ou même le nous, au moment de faire ce constat.
    — J’ai peur que ces circonstances aient blessé Béatrice.
    J’aimerais que vous la surveilliez, au cours de l’année.
    — Comme je le disais tout à l’heure, la petite clientèle nous permet d’être très attentives à chacune. Bien sûr, cela fait aussi monter les prix.
    — Bien sûr.
    Le cours classique féminin coûtait plus cher que celui des garçons, car le gouvernement n’accordait pas un sou à ces établissements.
    — Si j’accepte de l’inscrire dès cette année au pensionnat, au lieu
    d’attendre
    l’an
    prochain,
    c’est
    surtout
    pour
    lui éviter l’atmosphère délétère de la maison.
    — Vous aimez beaucoup cette petite.
    La religieuse dit cela avec un sourire.
    — C’est ma fille.
    — Oh ! Croyez-moi, l’amour ne vient pas toujours avec la paternité. Je vous assure que Béatrice sera bien avec nous.
    De toute façon, vous viendrez souvent la voir, n’est-ce pas ?
    — Tous les jours où les visites seront autorisées. Alors c’est entendu, le 2 septembre, je la conduirai ici. Au revoir, ma sœur.
    En guise de salutation, elle inclina la tête, puis se dirigea vers la statue de la Vierge érigée dans un coin du jardin. En montant dans la voiture, Fernand dit simplement:
    — Elle est bien, cette dame. Tout est arrangé, tu passeras une belle année. Maintenant, es-tu prête à retrouver tes frères ?
    — Antoine va en faire, une tête, quand il saura que je commence aussi mon cours classique.
    — Il va te taquiner un peu, mais cela lui fera plaisir.
    Pendant une longue partie du trajet de retour vers Saint-Michel, elle se tint tout près de lui, éperdue de reconnaissance.

    Chapitre 11

    Toute la matinée, chaque fois qu’elle faisait entrer une nouvelle patiente,
    Elise
    s’était
    fait
    violence
    pour
    ne
    pas
    demander :
    — Et puis, ce garçon, qu’en penses-tu ?
    Son amie devinait sa curiosité, elle lui adressait de petits sourires moqueurs à chaque occasion. Après la dernière future mère, la réceptionniste pénétra dans le bureau, ferma la porte derrière elle et murmura :
    — Tu ne vas tout de même pas me faire languir pendant des heures encore. Raconte.
    — Il n’y a pas grand-chose à dire, tu sais. Nous sommes allés dîner, pour nous installer ensuite sur un banc du parc Montmorency.
    — Tu sais que je peux me montrer tenace. Raconte !
    La sonnerie du téléphone interrompit sa juste frustration. Elle décrocha le cornet de l’appareil posé sur le bureau et attira l’émetteur vers elle.
    — Le cabinet du docteur Caron.
    Il y eut un moment de silence, puis elle plissa les yeux de plaisir avant de répondre :
    — Attendez un instant, je vous mets en communication avec elle.
    Elle appuya l’appareil contre sa poitrine pour éviter que son correspondant n’entende.

    — Quand on parle du loup. Voici le Casanova avec une patte folle.
    Puis elle lui tendit l’appareil.
    — Allô, Louis ? commença Thalie d’une voix hésitante.
    En levant la tête, elle formula un « Va-t’en ! » muet. Elise se contenta de lui adresser un sourire moqueur. Puis à haute voix, Thalie enchaîna :
    — Moi aussi, je suis heureuse de vous entendre.
    Après un silence, elle continua :
    — Oui, je reçois des patientes tous les jours, cette semaine. Mais cela me fera plaisir de vous accompagner demain soir.
    La conversation se poursuivit quelques secondes encore, puis se termina sur un «Au revoir».
    — Il ne peut demeurer plus de quarante-huit heures sans te voir, ricana Elise. Tu l’as ensorcelé !
    — Tu sais, tu peux te transformer en vraie chipie !
    — Je peux aussi te torturer jusqu’à ce que tu me racontes tout. Que s’est-il passé ?
    La

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