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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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m’expliquèrent-ils, que Cerdic s’était
acquis l’alliance d’Aelle au cours de la guerre à venir qui allait leur livrer
la Bretagne jusqu’à la mer de l’Ouest. Mon escorte était persuadée de gagner.
Ils avaient tous entendu dire que la rébellion de Lancelot avait affaibli la
Dumnonie et que la révolte avait encouragé les rois saxons à s’unir afin de s’emparer
de toute la Bretagne méridionale.
    Pour ses
quartiers d’hiver, Aelle avait choisi un lieu que les Saxons appelaient
Thunreslea. C’était une haute colline surplombant des champs argileux et de
sombres marais ; de son sommet plat, on pouvait apercevoir, au sud, sur l’autre
rive de la Tamise, la terre brumeuse que gouvernait Cerdic. Il y avait là un
grand manoir massif en chêne sombre et l’enseigne d’Aelle était fixée sur son
pignon pointu : un crâne de bœuf enduit de sang. Au crépuscule, cette
demeure solitaire semblait quelque noir et gigantesque lieu maléfique. Plus
loin à l’est, derrière quelques arbres, je vis trembloter autour d’un village
une myriade de feux. J’étais, semblait-il, arrivé à Thunreslea au moment d’un
rassemblement et les feux indiquaient l’emplacement du campement. « On
donne un festin, me dit un membre de l’escorte.
    — En l’honneur
des Dieux ? demandai-je.
    — En l’honneur
de Cerdic. Il est venu parler à notre roi. »
    Mes espoirs,
qui étaient déjà minces, s’effondrèrent. Avec Aelle, j’avais une petite chance
de survivre, mais avec Cerdic, aucune. C’était un homme dur et froid, alors qu’Aelle
avait l’âme sensible, et même généreuse.
    Je touchai la
garde d’Hywelbane et pensai à Ceinwyn. Je priai les Dieux de me laisser la
revoir ; mais l’heure était venue de descendre de mon cheval fatigué, de
rajuster ma cape, de détacher mon bouclier du pommeau de ma selle et d’affronter
mes ennemis.
    Trois cents
guerriers devaient être en train de festoyer sur le sol couvert de joncs de ce
grand manoir lugubre perché sur cette colline humide. Trois cents hommes
joyeux, tapageurs, barbus, rougeauds, qui, à l’inverse des Bretons, ne voyaient
aucun mal à porter des armes dans la salle du festin d’un seigneur. Trois
immenses feux flambaient au centre de la pièce, et si épaisse était la fumée
que, d’abord, je ne pus distinguer les hommes assis à la table d’honneur, à l’autre
extrémité de la salle. Personne ne remarqua mon entrée car, avec mes longs
cheveux blonds et ma barbe épaisse, je ressemblais à un lancier saxon, mais lorsqu’on
me fit passer devant les feux qui ronflaient, un guerrier aperçut l’étoile
blanche à cinq branches, sur mon bouclier, et se souvint d’avoir affronté ce
symbole dans la bataille. Un grondement monta parmi le tumulte des paroles et
des rires. Il se propagea jusqu’à ce que chaque homme présent dans cette salle
me hue tandis que je m’avançais vers l’estrade sur laquelle était dressée la
table d’honneur. Les guerriers hurlants posèrent leurs cornes de bière et se
mirent à marteler le sol ou leurs boucliers, et ce battement de mort éveilla
les échos du haut plafond.
    Le bruit d’une
lame heurtant la table mit fin au tapage. Aelle s’était levé, et son épée avait
arraché des échardes à la longue table non équarrie où une douzaine d’hommes se
tenaient devant des assiettes débordantes et des cornes pleines. Cerdic y
trônait entre le roi et Lancelot. Ce dernier n’était pas le seul Breton présent.
J’aperçus Bors, son cousin, avachi à côté de lui ; Amhar et Loholt, les
fils d’Arthur, occupaient le bout de la table. C’étaient tous des ennemis
personnels, aussi je touchai la garde d’Hywelbane et priai les Dieux de m’accorder
une bonne mort.
    Aelle me
dévisagea. Il me connaissait, mais savait-il que j’étais son fils ?
Lancelot parut étonné de me voir, il rougit même, puis fit signe à un
interprète, lui parla brièvement, et l’homme se pencha sur Cerdic pour lui
chuchoter à l’oreille. Ce monarque aussi me connaissait, mais ni les paroles de
Lancelot ni la présence d’un ennemi ne modifièrent l’expression impénétrable de
son visage. C’était celui d’un ecclésiastique, rasé de près, au menton étroit,
au front large et haut. Ses lèvres étaient minces et ses cheveux rares peignés
sévèrement en arrière étaient noués sur la nuque. Cette figure qui n’avait rien
de remarquable, on ne pouvait l’oublier à cause de ses yeux.

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