Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
épée, passé mon bouclier sur mon dos, mais je ne portais pas d’autres
armes, ni d’armure.
    Je ne me
dirigeai pas droit vers l’est, car cette route m’aurait amené dangereusement
près du pays de Cerdic ; je passai plutôt par le Gwent, au nord, puis
obliquai vers l’est, avec pour but la frontière saxonne où régnait Aelle.
Pendant un jour et demi, je traversai les riches terres cultivées du Gwent,
passant devant des villas et des fermes ; de la fumée sortait des orifices
pratiqués dans leurs toits. Les prés étaient transformés en étendues boueuses
par les sabots des troupeaux qu’on y parquait en prévision des abattages d’hiver,
et leurs beuglements ajoutaient à la mélancolie de mon voyage. L’air sentait l’hiver
pour la première fois et, tous les matins, le soleil bouffi flottait, pâle et
bas, dans la brume. Les étourneaux s’attroupaient dans les champs en jachère.
    Le paysage
changea lorsque je chevauchai vers l’est. Le Gwent était un pays chrétien et, d’abord,
je passai devant de grandes églises ouvragées, mais le second jour, elles
devinrent bien plus petites et les fermes moins prospères jusqu’à ce que j’atteigne
enfin les régions centrales, les terres désolées où ne régnaient ni les Saxons
ni les Bretons, mais où tous deux s’entre-tuaient. Là, les champs qui jadis
nourrissaient des familles entières étaient recouverts de jeunes chênes, d’aubépines,
de bouleaux et de frênes, les villas n’étaient plus que ruines dépourvues de
toit et les manoirs de mornes squelettes calcinés. Cependant, des gens y
vivaient encore, et lorsqu’un jour j’entendis courir dans un bois voisin, je
tirai Hywelbane, de crainte que ce fussent des hommes sans maître qui avaient trouvé
refuge dans ces vallées sauvages, mais personne ne m’accosta jusqu’au soir où
une bande de lanciers me barra le chemin. C’étaient des hommes du Gwent, et
comme tous les soldats du roi Meurig, ils portaient les vestiges d’un ancien
uniforme romain, pectoraux de bronze, casques ornés d’un plumet de crin de
cheval teint en rouge, et capes couleur rouille. Leur chef était un chrétien du
nom de Carig et il m’invita à les suivre dans leur fort, élevé dans une
clairière, sur une haute crête boisée. Il était chargé de garder la frontière
et demanda avec rudesse ce que je faisais là, mais sa curiosité fut satisfaite
lorsque je lui donnai mon nom et lui dis que je chevauchais pour Arthur.
    La forteresse
de Carig n’était qu’une simple palissade entourant deux huttes emplies de la
fumée des feux qui y brûlaient. Je m’y réchauffai tandis que les hommes s’affairaient
à cuire un cuissot de venaison sur une broche faite d’une lance saxonne prise à
l’ennemi. Il y avait une douzaine de forteresses de ce type dans un rayon d’une
journée de marche, qui surveillaient l’est pour se garder des incursions de
soldats d’Aelle. La Dumnonie prenait les mêmes précautions, bien que nous
gardions une armée en permanence à la frontière. Le coût en était exorbitant et
ceux qui payaient des taxes sur les céréales, le cuir, le sel et les toisons
pour l’entretien des troupes ne les appréciaient guère. Arthur avait toujours
lutté pour rendre ces prélèvements équitables et leur fardeau supportable, mais
depuis la rébellion, il imposait sans pitié une pénalisation excessive aux
hommes riches qui avaient suivi Lancelot. Cet impôt pesait plus lourdement sur
les chrétiens et Meurig, le roi chrétien du Gwent, avait protesté auprès d’Arthur
qui n’en avait tenu aucun compte. Carig, fidèle partisan de Meurig, me traita
avec une certaine réserve, mais me prévint de ce qui m’attendait. « Sais-tu,
Seigneur, dit-il, que les Saïs refusent de laisser quiconque franchir la
frontière ?
    — Oui, on
me l’a dit.
    — Deux
marchands sont passés, il y a une semaine. Ils transportaient de la vaisselle
et des toisons. Je les ai avertis, mais... » il fit une pause et haussa
les épaules, « les Saxons ont gardé les pots et la laine, et renvoyé deux
crânes.
    — Si mon
crâne revient ici, lui dis-je, envoie-le à Arthur. » Je regardais la
graisse de la venaison dégoutter et s’enflammer dans le feu. « Est-ce que
des voyageurs sortent du Llogyr ?
    — Pas
depuis des semaines, mais l’année prochaine, sans doute, vous verrez pas mal de
lanciers saxons en Dumnonie.
    — Pas
dans le Gwent ? le défiai-je.
    — Aelle n’a
nulle

Weitere Kostenlose Bücher