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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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querelle avec nous », déclara fermement Carig. C’était un jeune
homme nerveux qui n’aimait pas beaucoup son poste avancé sur la frontière avec
la Bretagne, mais il accomplissait assez consciencieusement sa tâche et je remarquai
que ses hommes étaient bien disciplinés.
    « Vous
êtes des Bretons, lui dis-je, et Aelle est un Saxon, n’est-ce pas suffisant
comme querelle ? »
    Carig haussa
les épaules. « La Dumnonie est faible, Seigneur, les Saxons le savent. Le
Gwent est fort. Ils vous attaqueront, pas nous. » Il semblait horriblement
suffisant.
    « Mais
une fois qu’ils auront vaincu la Dumnonie, dis-je en touchant le fer de la
garde de mon épée pour conjurer le mauvais sort qu’impliquaient mes paroles,
combien de temps s’écoulera avant qu’ils envahissent le Gwent ?
    — Christ
nous protégera », répliqua pieusement Carig, et il se signa. Un crucifix
était accroché au mur de la cabane et l’un de ses hommes se lécha les doigts,
puis toucha les pieds du Christ torturé. Furtivement, je crachai dans le feu.
    Le lendemain,
je partis vers l’est. Des nuages étaient survenus pendant la nuit et l’aube m’accueillit
par une petite pluie froide qui me soufflait dans la figure. La voie romaine
aux dalles brisées et envahies par les herbes folles s’enfonçait dans un bois
humide et froid et, plus je chevauchais, plus mon humeur s’assombrissait. Tout
ce que j’avais entendu dans la forteresse frontalière de Carig me laissait à
penser que le Gwent n’allait pas guerroyer pour Arthur. Meurig, leur jeune roi,
ne s’était toujours battu qu’à contrecœur. Son père, Tewdric, savait que les
Bretons devaient s’unir contre leur ennemi commun, mais il avait abdiqué pour
aller vivre dans un monastère sur les bords de la Wye, et son fils n’était pas
un seigneur de la guerre. Sans les troupes bien entraînées du Gwent, la
Dumnonie était sûrement condamnée, à moins que la nymphe nue et miroitante ait
présagé une intervention miraculeuse des Dieux. Ou à moins qu’Aelle ne morde au
mensonge d’Arthur. Mais allait-il me recevoir ? Croirait-il que j’étais
son fils ? Le roi saxon avait été assez bon avec moi les rares fois où
nous nous étions rencontrés, mais cela ne signifiait rien car j’étais tout de
même son ennemi, et plus je chevauchais dans ce crachin glacial, entre les
grands arbres mouillés, plus mon désespoir croissait. J’étais certain qu’Arthur
m’avait envoyé à la mort, et pire encore, qu’il l’avait fait avec l’insensibilité
d’un perdant qui risque tout sur son dernier lancer de dés.
    Au milieu de
la matinée, les arbres s’éclaircirent et je pénétrai dans une large clairière
où coulait un ruisseau. La route passait l’eau à gué, mais juste à côté,
enfoncé dans un tertre qui me montait jusqu’à la taille, se dressait un pin
mort où étaient accrochées des offrandes. La magie m’était étrangère aussi je n’aurais
su dire si l’arbre ainsi paré gardait la route, apaisait le courant ou s’il s’agissait
simplement d’un jeu d’enfants. Je mis pied à terre et vis que les objets
suspendus aux branches fragiles étaient les petits os de l’épine dorsale d’un
être humain. Ce n’était pas un jeu d’enfants, estimai-je, mais alors, quoi ?
Je crachai à côté du monticule pour conjurer le mal, touchai le fer de la garde
d’Hywelbane, puis engageai mon cheval sur le gué.
    Les bois
reprenaient à trente pas du ruisseau et je n’avais pas parcouru la moitié de
cette distance qu’une hache jaillit des ombres, sous les branches. Elle
tournoyait en volant vers moi, et la lumière grise du jour dansait sur sa lame
virevoltante. Le lancer était mauvais et la hache siffla en passant à quatre
bons pas de moi. Personne ne me défia, et aucune autre arme ne sortit du bois.
    « Je suis
un Saxon ! » criai-je dans cette langue. Personne ne répondit, mais j’entendis
un murmure de voix basses et des craquements de brindilles. « Je suis un
Saxon ! » répétai-je, mais peut-être les guetteurs invisibles
étaient-ils, non pas des Saxons, mais des Bretons hors-la-loi, car j’étais
encore dans les étendues désolées où les hommes sans maître de toutes les tribus
et de tous les pays se cachaient de la justice.
    J’allais crier
en breton que je ne leur voulais aucun mal lorsqu’une voix sortant de l’ombre
me lança en saxon : « Jette ton épée !
    — Venez
la chercher »,

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