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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bonne hôtesse.
    Que demandait Huguette, en effet ? Pas autre chose que de voir le chevalier s’installer dans son auberge. Le voir tous les jours, tranquille, heureux, paisible, le servir, le soigner comme un enfant, cela lui semblait le plus joli rêve qu’elle pût faire, et elle n’avait pas d’autre prétention. Seulement, ce rêve ouvrait la porte à d’autres rêves…
    Qui savait si un jour le chevalier ne serait pas guéri de cet amour qu’il portait au cœur et qu’elle respectait, elle, avec une piété d’autant plus sincère et avec d’autant moins de jalousie que l’objet de cet amour n’existait plus ! Quant à la distance qui pouvait séparer Pardaillan gentilhomme, de Huguette hôtesse d’auberge, le chevalier, par son attitude, par ses paroles, par son amitié, avait eu soin de l’effacer lui même.
    Mais pour le quart d’heure, l’amour d’Huguette ne se traduisait qu’en dévouement. Et c’est ce dévouement humble dans son apparence, absolu dans le fait, qu’exprimait son beau regard tandis qu’elle contemplait le chevalier.
    – Savez-vous, ma chère Huguette, dit Pardaillan, que votre auberge est un véritable paradis ?… Voici que je commence à me rouiller quelque peu… je suis las de la vie d’aventure !…
    – Ah ! monsieur le chevalier, fit Huguette en soupirant, si cela était !…
    – Et cela est, pardieu ! De vrai, le harnais commence à me peser ; toujours à cheval, toujours par monts et par vaux, par la pluie, par le vent, par le soleil, ne jamais savoir le matin où l’on couchera le soir, eh bien à la longue, cela devient fatigant… je me fatigue, Huguette, je me fatigue !
    – Que ne vous reposez-vous ? s’écria Huguette palpitante de joie. L’auberge est bonne, l’hôtesse pas méchante : restez-y. Pour vous, monsieur, le meilleur lit de la maison sera toujours prêt, comme le meilleur jambon et la plus vieille bouteille. L’hiver, au coin d’une bonne flambée, il est doux de se reposer, tandis que la neige blanchit la chaussée et que le vent fait grincer les enseignes… Vous me raconterez vos aventures… Vous me direz : J’étais là… voici ce qui m’advint… Je vous écouterai, et à vous entendre, je croirai parcourir le monde en croupe de votre cheval de guerre ; et vous, à raconter, vous croirez recommencer votre vie…
    – Ah ! Huguette, malgré le bon dîner que vous venez de m’octroyer, vous m’en faites venir l’eau à la bouche !…
    – Si vous dites vrai, monsieur le chevalier, vous comblez mes vœux… Eh ! mon Dieu, ai-je besoin de vous le dire ?
    – Je sais, fit doucement le chevalier. Vous êtes non seulement la bonne hôtesse, mais le cœur le plus tendre, la femme la plus charmante. Savez-vous que vous êtes poète, ma chère ?…
    – Moi !…
    – Vous !… Vous venez de me tracer un tableau d’intérieur qui devrait faire pleurer de tendresse un vieux loup comme moi. Oui, Huguette, je vous assure que vous m’avez ému, à tel point que j’aurai toutes les peines du monde à reprendre le collier et à me mettre en selle demain matin •
    – Demain matin ! murmura Huguette qui pâlit et baissa les yeux.
    – Il faut qu’à sept heures je sois à Saint-Denis… j’ai envie de visiter la basilique où dorment nos vieux rois…
    – Ah ! monsieur le chevalier, fit Huguette dont les beaux yeux tendres se remplirent de larmes, vous m’avez trompée… vous me laissiez espérer… c’est mal… vous reprenez la campagne !…
    – Eh bien, oui, mon enfant, c’est vrai ; mais écoutez-moi. Je suis obligé, pour mon honneur et aussi pour autre chose… pour une vieille dette à régler… je suis obligé de reprendre campagne. Mais j’espère que cette campagne sera courte… Et puis… si j’en reviens, si le besoin de repos se fait sentir, si je suis debout encore après ce que je vais entreprendre, je vous promets de ne pas chercher gîte ailleurs qu’à la
Devinière.
Vous savez bien, Huguette, ajouta-t-il plus doucement, que vous êtes tout ce que j’aime au monde, maintenant. Vous êtes mon passé, ma jeunesse… Ici, mon père a vécu… ici, j’ai… mais voici que je me laisse entraîner par le charme du tableau que vous m’avez fait entrevoir, et il faut que demain matin à six heures je sois debout…
    – Bonsoir, monsieur le chevalier, fit tristement Huguette.
    – Bonsoir, ma chère hôtesse… dit gaiement le chevalier.
    Quelques instants plus tard,

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