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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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grommelant :
    – Guette-moi bien, mon brave comte, guette bien de ta fenêtre tout ce qui entre dans Amiens…
    Il imaginait le cavalier dans l’auberge la plus rapprochée de la porte de Paris, caché derrière les rideaux de sa fenêtre. Et il riait en lui-même du bon tour qu’il lui préparait. Lorsque après avoir contourné la ville, Pardaillan rejoignit la route du nord, c’est-à-dire la route de Doullens et Saint-Pol, il mit son cheval au pas et poursuivit son chemin jusqu’au bourg de Villers. La nuit était tout à fait noire lorsqu’il arriva.
    Villers était à cheval sur la route. Au milieu de la grand-rue, il y avait une auberge. Un cavalier venant d’Amiens et allant à Saint-Pol était forcé de passer devant cette auberge.
    Pardaillan mit pied à terre, fit conduire son cheval à l’écurie, le fit bouchonner devant lui, et lorsqu’il eut vu la brave bête bien séchée, les pieds dans une bonne litière, le nez dans la mangeoire bien garnie, il songea enfin à lui-même. Il tombait de fatigue et de faim. Un bon dîner eut raison de la faim. Mais après la faim, Pardaillan avait la fatigue à vaincre. Or, son intention était de surveiller la route toute la nuit s’il le fallait.
    Il se fit conduire à sa chambre, qui donnait sur la route. Et il jeta un regard d’envie sur l’excellent lit qui l’attendait.
    Pardaillan perplexe se gratta le front pour en faire jaillir une idée.
    – Veux-tu gagner deux écus ? dit-il tout à coup au garçon qui lui avait indiqué la chambre.
    Ce garçon en bonnet de coton et sabots, avec une figure assez niaise, ouvrit de grands yeux à la proposition du voyageur. Deux écus ! Il ne les gagnait pas en quatre mois, étant appointé à la somme de trente livres avec la nourriture, une cotte, un haut-de-chausses et une paire de sabots par an.
    – Deux écus ! s’écria-t-il.
    – Deux écus de six livres. Les voici, dit Pardaillan qui exhiba les deux pièces d’argent.
    – Que faut-il faire ?
    – Ton service est fini, n’est-ce pas, car il n’y a plus personne dans l’auberge…
    – J’ai encore à fermer les portes des étables et des écuries.
    – Va donc, et reviens vite…
    Au bout de dix minutes, le jeune paysan était de retour.
    – C’est fait, dit-il ; maintenant, dites-moi comment je puis gagner ces deux beaux écus.
    – Où dors-tu ? fit Pardaillan.
    – Dans l’écurie, sur la paille.
    – Eh bien, si tu veux passer la nuit dans cette chambre, sur cette chaise que je mets près de la fenêtre, tu auras les deux écus… Ce n’est pas tout. Tout en veillant, comme tu t’ennuierais toute une nuit sur cette chaise, tu t’amuseras à écouter dans la rue… Et s’il passait un cheval, à n’importe quelle heure, tu me réveillerais… un cheval venant d’Amiens et allant sur Doullens…
    – J’ai compris ! dit le garçon. Vous attendez quelqu’un et vous craignez que ce quelqu’un ne passe pendant la nuit !
    – Mon ami, dit Pardaillan, tu auras trois écus : un écu pour ta fatigue, un pour ta complaisance, et le dernier pour ton intelligence.
    Le paysan s’inclina jusqu’à terre, puis allant s’asseoir sur la chaise, et s’accotant aux vitraux de la fenêtre :
    – Me voici à mon poste, dit-il. Je vous garantis que d’ici demain, il ne passera personne que vous n’en soyez aussitôt prévenu. Dormez, mon gentilhomme, moi je veille.
    Pardaillan posa son pistolet d’arçon sur une table près de lui et sa rapière debout à la tête du lit, sur lequel il se jeta tout habillé avec un soupir de satisfaction. Pardaillan s’endormit aussitôt. Le paysan veilla scrupuleusement, et au petit jour, réveilla le chevalier, comme c’était convenu.
    – Il n’est passé personne ? demanda Pardaillan qui se mit sur pied et remit au garçon les trois écus.
    – Personne, si ce n’est quelques charrettes.
    – Bon ! Monte-moi donc un de ces pâtés d’Amiens dont on m’a dit grand bien à Paris et une bouteille du meilleur.
    Pardaillan déjeuna près de la fenêtre et fit boire au garçon un grand verre de vin, bonheur dont le digne Picard se montra aussi touché que des trois écus.
    Puis, le jour étant tout à fait venu, Pardaillan sella son cheval et, posté dans la salle de l’auberge, attendit tranquillement.
    Vers huit heures, un cavalier se montra au bout de la rue. Pardaillan se mit à rire… Ce cavalier, c’était celui qu’il attendait, le messager envoyé par Fausta à

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