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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voici ce qu’il eût entendu :
    « La vie du roi ! Il me demande cela !… Mais alors… l’ange… l’ange d’amour… Mais elle va savoir ! Elle m’attend à minuit !… A minuit, j’aurai ma récompense terrestre de son amour !… Et Pardaillan me demande de renoncer à cela… à l’amour de Marie !… »
    Comme Jacques Clément rugissait en lui-même ces choses, minuit sonna lentement dans le grand silence de la ville endormie… Au premier coup, le moine se releva, frissonnant de fièvre. Au sixième coup, il joignit les mains et murmura :
    – Grâce, Pardaillan !…
    Pardaillan assistait avec un prodigieux étonnement à ce drame qu’il ne pouvait comprendre. Pourquoi Jacques Clément lui demandait-il grâce ? Que se passait-il dans les ténèbres de cette âme ?… Le douzième coup de minuit sonna.
    Puis il y eut un long silence. Puis le moine se laissa tomber à genoux, baissa la tête. Puis, cette tête, il la redressa vers Pardaillan… elle était sublime d’angoisse, d’orgueil et de sacrifice. Et dans un souffle, il murmura :
    – Le roi de France vivra !… O ma mère, c’est pour le chevalier de Pardaillan !…
    Il tomba à la renverse et s’évanouit.
    Je crois, dit Pardaillan, que ce moine vient de faire un acte héroïque…
    Et tous les deux s’empressèrent de soigner Jacques Clément qui, au bout de quelques minutes, rouvrit les yeux, se releva et s’assit.
    Si une expression de visage humain peut représenter le désespoir, la figure du moine avait cette expression-là à ce moment.
    q

Chapitre 3 HENRI III (suite)
    L e lendemain matin, le roi Henri III se réveilla de bonne heure dans la chambre qu’il occupait en l’hôtel de M. Cheverni, gouverneur de la Beauce. Il devait se rendre à neuf heures à l’hôtel de ville pour y recevoir, selon sa promesse, le duc de Guise et les députés de Paris.
    M. de Cheverni, l’un des rares gouverneurs qui fussent demeurés fidèles à la fortune chancelante de Valois, avait cédé son hôtel à Sa Majesté, se logeant lui-même et les siens dans une simple maison bourgeoise. Il avait transformé son hôtel en une sorte de palais royal, qui avait pris tout à fait l’apparence d’un petit Louvre lorsque Crillon avait réussi à réunir six ou sept mille hommes d’armes qui constituaient maintenant toute l’armée de ce roi presque déchu.
    Henri était parti de Paris en pleurant, et la mort dans l’âme. Mais lorsqu’il eut trouvé dans l’hôtel de ville de Chartres une députation de bourgeois venus pour le saluer, lorsqu’il eut vu l’installation que lui avait rapidement aménagée Cheverni, lorsqu’il eut enfin passé en revue les vieux et solides reîtres de Crillon, il commença à se dire que le métier de roi en exil ne serait peut-être pas trop déplaisant.
    Puis bientôt cette bonne impression s’était effacée à son tour. Le Louvre et ses fêtes perpétuelles lui manquaient. Il avait beau se distraire en procession, les mascarades lui faisaient défaut. Henri III menait donc à Chartres une existence des plus tristes et des plus monotones.
    Plus d’une fois la pensée lui vint de s’en retourner à Paris, de rentrer dans son Louvre et de dire aux Parisiens :
    – – Me voilà… tâchons de nous entendre !
    Car il ne manquait nullement de courage. Mais ses intimes, comme Villequier, d’Epernon et d’O, ne manquaient pas de lui faire observer que la reine-mère était restée à Paris pour arranger la situation, et que le roi gâterait tout par un retour précipité.
    Il ne manquait pas non plus de finesse, et savait à l’occasion se moquer agréablement de ses ennemis : il l’avait prouvé en maintes circonstances, et une fois de plus, la veille, devant la cathédrale.
    Ce matin-là, donc, le roi se leva fort joyeux, et avant de faire entrer la petite cour qu’il s’était composée, passa dans l’appartement voisin, où Catherine de Médicis, arrivée depuis huit jours, lui avait fait dire qu’elle l’attendait.
    Henri avait ruminé une partie de la nuit sur la réponse qu’il ferait aux Parisiens. Il entra gaiement chez sa mère, et l’embrassa sur les deux joues, contre son habitude ; car Henri III, si prodigue de marques d’affection pour ses amis intimes, était aussi peu démonstratif que possible avec la vieille reine. Sous la filiale caresse, Catherine frémit de bonheur jusqu’au fond du cœur. Sa bouche mince et serrée se détendit en un bon sourire ; ses

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