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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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yeux clairs et durs s’adoucirent, et une incroyable expression de tendresse s’étendit sur son visage : elle aimait son fils avec passion, et c’est sans doute uniquement pour le bonheur de ce fils qu’elle se couvrit de crimes.
    – Mon fils, dit-elle avec une grande douceur, voilà bien longtemps que vous n’aviez embrassé ainsi votre vieille mère…
    – C’est que je suis bien content, madame, fit Henri en se jetant dans un fauteuil. C’est que voilà bien longtemps que je n’avais éprouvé pareille joie, et je sais que c’est à vous que je dois cette joie… comme je vous dois tout ce qui m’est arrivé de meilleur dans la vie. Grâce à vous, ma mère, mes bons Parisiens veulent se réconcilier avec moi, et comme je ne vois pas d’obstacle à cette réconciliation, je veux être à Paris sous deux jours et y faire une entrée dont il sera parlé, j’ose le dire… Car, que veulent les Parisiens ? Que je renvoie d’Epernon ? Eh bien je le renverrai ! Vous n’avez pas idée, madame, comme d’Epernon m’assomme depuis quelque temps…
    – Ainsi, fit la vieille reine, vous pensez que c’est là tout ce que veulent les Parisiens ?…
    – Eh ! par Notre-Dame ! que peuvent-ils vouloir de plus ?
    Catherine de Médicis regarda son fils avec étonnement ; mais elle vit qu’il était sincère.
    – Henri, dit-elle, si je vous disais tout ce que veut le peuple de Paris, tout ce qu’attend le peuple de France, si je vous disais ce qu’il y a au fond, tout au fond de la pensée des bourgeois, des artisans et des manants, je vous étonnerais ; j’étonnerais sans doute M. de Guise aussi, et j’étonnerais peut-être ce peuple lui-même. Si près de la tombe, si loin déjà des vanités du monde, j’ai jeté un regard plus clairvoyant sur l’univers, mais je ne vous dirai rien de tout cela, sire… car vous n’entendriez pas sans doute la langue que je parle… Je vous dirai simplement que le renvoi de d’Epernon est une bonne chose en soi, mais qu’il n’est qu’un pauvre morceau jeté à des loups dévorants. Par Notre-Dame, comme vous disiez tout à l’heure, je suis résolue à me défendre et à vous défendre. Tant que la vieille sera debout, Guise, Parisiens et huguenots auront du fil à retordre… Mon fils, écoutez-moi : vous ne pouvez retourner à Paris maintenant.
    Henri III bondit. Il connaissait la profonde prudence de Catherine ; mais il savait aussi qu’elle était mortellement blessée dans son orgueil de reine et de mère, qu’elle préparait avec une dévorante ardeur la rentrée à Paris et le châtiment des Parisiens ; il savait enfin qu’elle était femme à braver tous les dangers. Pour qu’elle se fût décidée à parler ainsi, il fallait donc que le retour à Paris fût réellement impossible.
    – Pourquoi, demanda-t-il avec une sourde irritation, pourquoi ne pourrais-je rentrer à Paris ? Ne suis-je donc pas le roi ?…
    – Vous étiez le roi, mon fils, et vous êtes sorti de Paris !…
    – Soit, madame. C’est une faute que vous m’avez reprochée. Mais je suis décidé à la réparer : après-demain matin je serai au Louvre…
    – Après-demain soir le trône de France sera donc vacant ! dit la reine-mère d’une voix terrible dans sa calme assurance.
    – Qu’est-ce à dire ? balbutia Henri III en devenant livide.
    – C’est-à-dire, mon fils, reprit Catherine en saisissant une de ses mains, qu’on veut vous attirer dans un piège et vous massacrer ! Vous, moi, mes amis… je vous le dis… Henri… C’est une Saint-Barthélémy qui se prépare ! Seulement, ce n’est pas contre les huguenots qu’elle doit se faire !…
    Henri III s’écroula dans son fauteuil et essuya son front mouillé de sueur. Il se leva et se mit à arpenter la chambre en disant :
    – Que faut-il faire, ma mère ?… Rester à Chartres devient de plus en plus difficile. Chartres était assez près de Paris pour que je pusse m’y rendre d’un bond. Dans la terrible conjoncture que vous m’exposez, Chartres est trop près de Paris !…
    Et comme à son départ, comme au moment de sa fuite, le roi leva les bras au ciel et s’écria :
    – Que faire ?… Où aller ? Où me réfugier ?…
    – Calmez-vous, mon cher fils, dit la vieille reine. Chartres est trop près ! eh bien, nous avons Blois…
    – Ah ! ma mère, vous me sauvez…
    – Blois avec son château imprenable, où l’on soutiendrait au besoin un siège de dix

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