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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tordit ses lèvres… Ce cavalier, c’était Maurevert !…
    Maurevert galopait sans tourner la tête. Il se savait poursuivi. Il savait que celui qui était là, sur son dos, prêt à l’atteindre, c’était Pardaillan !… Il savait qu’il allait mourir !… Il galopait, ou plutôt se laissait entraîner par son cheval qu’il ne frappait même plus.
    L’énergie s’abolissait en lui… L’abominable menace suspendue sur sa tête depuis seize ans allait donc éclater !… Cette poursuite allait donc se terminer !… Maurevert songeait à ces choses vaguement, confusément…
    Son visage d’une pâleur de cadavre avait parfois d’effrayantes contradictions… et, parfois aussi, il lui semblait que son cœur s’arrêtait de battre, puis, brusquement, ce cœur se mettait à frapper des coups terribles dans sa poitrine, et bondissait, affolé, éperdu…
    Une sorte de gémissement ininterrompu s’échappait des lèvres de Maurevert. Il subissait à ce moment la plus effroyable pression de terreur que puisse supporter un cerveau humain.
    Depuis seize ans, Maurevert avait peur… peur de Pardaillan ! Non pas peur de la mort, mais peur de la mort que lui donnerait Pardaillan ; non pas peur de se battre, mais peur de se battre avec Pardaillan. Et cette peur spéciale, affreuse comme une agonie qui durerait des années, atteignait alors son maximum d’intensité…
    Tout à coup, son cheval qu’il ne soutenait plus butta et tomba sans essayer de se relever, fourbu qu’il était. Maurevert ne se fit pas de mal en tombant. Il put se relever.
    Il n’avait plus aucune idée, aucune pensée. Ses lèvres blanches tremblaient convulsivement. Il vit Pardaillan, à trente pas de lui, qui mettait pied à terre.
    Cette vue ranima en lui une étincelle d’énergie ; il se baissa vivement, tira un pistolet des fontes de sa selle, mit un genou à terre et visa Pardaillan. Le chevalier marcha sur lui, tout droit, d’un bon pas, et quand il fut à dix pas, il dit :
    – Tire, mais tu vas me manquer…
    Maurevert le regarda une seconde. Pardaillan lui apparut dans une sorte de nuage flamboyant où il ne distinguait que l’éclair des deux yeux et l’effrayante menace du sourire. Il fit feu… Et il vit qu’il avait manqué Pardaillan !… Il jeta son pistolet, se releva avec un soupir atroce et, reculant à mesure que Pardaillan marchait sur lui, il eut cette hideuse sensation qu’il avait devant lui un spectre.
    Un arbre se trouva derrière lui, qui l’arrêta. Il s’appuya au tronc, et demeura immobile, ses yeux exorbités fixés sur Pardaillan.
    – Lors de notre rencontre sur les pentes de Montmartre, je t’avais fait grâce, dit Pardaillan. Pourquoi as-tu essayé encore de m’assassiner ?…
    Maurevert ne répondit pas. Il souffrait horriblement, voilà tout, et son cœur faisait de tels bonds dans sa poitrine qu’on voyait son pourpoint se gonfler et sursauter. Pardaillan reprit :
    – Assassin de Loïse qui ne t’avait fait aucun mal, assassin probablement de mon père qui ne t’avait pas fait de mal, assassin de moi qui ne t’avais pas fait de mal, toi qui, pouvant fuir et trouvant peut-être ton salut dans la fuite, as payé l’aubergiste des
Quatre-Chemins
pour m’égorger, payé des gens pour m’arquebuser, payé le passeur pour me noyer, réponds, assassin de Loïse, que te ferai-je, moi, pour toute la souffrance injuste que tu m’as infligée ? Je te laisse le soin de déterminer ton châtiment. Réponds…
    Maurevert garda le silence. Pardaillan ne s’apercevait pas que le souffle du condamné devenait plus bref, plus pénible, et tournait au râle d’agonie… Maurevert ne vivait plus… il était en agonie… Pardaillan le considéra un instant. Une sorte de pitié emplit ses yeux. Il se rapprocha d’un pas, jusqu’à toucher presque Maurevert, et alors, d’une voix étrange, à la fois rude et douce, il prononça :
    – Puisque tu ne réponds pas, c’est moi qui choisirai ton supplice. Et le voici…
    A ces mots, Pardaillan toucha du bout du doigt la poitrine de Maurevert, à l’endroit où il voyait battre le cœur. A ce contact, ce cœur eut un sursaut terrible. Maurevert ouvrit la bouche toute grande, et ses yeux se révulsèrent… Il demeura appuyé au tronc d’arbre, sur ses jambes fléchissantes, et il semblait n’être plus maintenu que par le doigt de Pardaillan appuyé sur sa poitrine. Pardaillan ne vit aucun de ces signes… Il regardait en

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