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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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a passé la nuit au
Lion d’Or.
    Pardaillan frémit.
    – Ramène-moi au bord ! fit-il d’une voix rauque.
    – Vers Beaugency ?…
    – Oui !…
    Quelques minutes plus tard, sans plus s’inquiéter du passeur, Pardaillan courait vers la ville et se mettait en quête de l’auberge du
Lion d’Or.
Il apprit qu’elle était située à l’extrémité de la ville, dans la direction de Châteaudun. Pardaillan traversa Beaugency au pas de course. Nul, d’ailleurs ne fit attention à lui : la ville, depuis quelques instants, s’était emplie de rumeurs ; des bourgeois, la poitrine barrée par la croix de Lorraine, sortaient en armes. Des groupes, sur le pas des portes, s’entretenaient avec animation… On entendait des sanglots, des imprécations, des gémissements…
    Que se passait-il dans Beaugency ?… Tout simplement, la nouvelle venait de s’y répandre que le duc de Guise avait été tué la veille. Pardaillan le comprit à quelques mots qu’il entendit en passant.
    Il atteignit enfin l’auberge du
Lion d’Or
qui était la première maison de la ville en arrivant à Châteaudun. Là, comme dans toute la ville, l’émotion était à son comble. Pardaillan se dirigea droit sur l’hôtesse, vigoureuse commère qui pérorait au milieu d’un groupe de bourgeois qu’elle excitait à s’armer et à marcher sur Blois.
    – Madame, dit-il, j’arrive de Blois, où le duc de Guise a été tué…
    Aussitôt, Pardaillan, entouré et supplié de donner des détails, raconta en quelques mots le meurtre de Guise. Il ajouta qu’il était chargé de courir après l’un des meurtriers, et fit une description si exacte de Maurevert que l’hôtesse s’écria :
    – Mais cet homme était là, il n’y a qu’un quart d’heure !… Ah ! le misérable ! Je comprends pourquoi il est remonté si précipitamment à cheval !…
    – Comment cela ?…
    – Oui : deux hommes, deux de ses complices, sans doute, sont venus lui parler mystérieusement et aussitôt il a fait seller son cheval.
    Pardaillan comprit que ces deux complices n’étaient autres que ceux qui l’avaient arquebusé. Il comprit que Maurevert, certain d’être débarrassé de son ennemi, s’était arrêté à Beaugency pour réfléchir ; la nouvelle que Pardaillan le serrait de près dans cette fantastique poursuite, malgré les tours et détours, malgré les traquenards prodigués sur la route, cette nouvelle avait dû le frapper d’un coup de foudre, et il avait fui !…
    – Madame, s’écria le chevalier, il faut que je rattrape cet homme. Quelle direction a-t-il prise ?…
    – La route de Châteaudun…
    – Avez-vous un bon cheval contre les cinquante écus de six livres que voici ?…
    – Et même sans écus ! Et un fameux, qui file comme le vent !…
    La commère, qui toute bonne guisarde qu’elle était n’en perdait pas pour cela la tête, rafla les écus et donna un ordre à un garçon. Quelques instants plus tard, Pardaillan s’élançait sur un cheval que d’un coup d’œil il reconnut bon coureur.
    – Ramenez l’homme, qu’on le pende ! cria l’hôtesse au moment où le chevalier partait à fond de train sur la route de Châteaudun.
    Bientôt Pardaillan vit se dessiner à l’horizon les premiers plans d’une masse d’arbres dépouillés de leur feuillage et dont les branches nues se tordaient dans le ciel triste, comme des bras éplorés. C’était la forêt de Marchenoir qu’il lui fallait traverser d’un bout à l’autre.
    La poursuite devenait enragée. Le cheval, sous la pression de fer des genoux de son cavalier, bondissait en avant et secouait de l’écume autour de lui. Pâle, penché sur l’encolure, les rênes prêtes, semblant ne faire qu’un corps avec son cheval, Pardaillan dévorait la route de son regard flamboyant.
    Il y avait vingt minutes qu’il était entré sous bois. La forêt de hêtres et d’ormes s’animait, autour de lui, d’une vie fantastique. Les bouleaux fuyaient derrière lui, pareils à des fantômes blancs. En avant ! Le cheval bondissait, fendait l’air et dévorait l’espace. Son souffle rauque et bref commençait à révéler l’effort suprême…
    Soudain, Pardaillan frissonna des pieds à la tête et devint pâle comme un mort : à une faible distance devant lui, derrière un tournant du bois, il entendit un hennissement… Deux minutes plus tard, il aperçut le cavalier qui courait devant lui, et un sourire terrible, féroce, effrayant,

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