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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nuit. Le lendemain matin, étant remonté à cheval, il reprit le chemin de Blois, où la première figure qu’il vit en entrant fut celle de Crillon, le brave Crillon, occupé à refouler une foule de bourgeois qui criaient à tue-tête :
    – Mort à Valois ! Vengeons notre duc !…
    – Eh ! monsieur de Crillon ! cria Pardaillan lorsqu’il vit que la besogne était terminée et que la rue était libre.
    Crillon aperçut Pardaillan et poussant vers lui son cheval, lui tendit la main.
    – J’ai un service à vous demander, dit Pardaillan.
    – Dix, si vous voulez !
    – Un suffira, mais je vous en serai dix fois reconnaissant. On a arrêté l’autre jour, dans l’hôtel de la signora Fausta, deux pauvres filles qui n’y doivent rien comprendre. Je voudrais obtenir leur liberté…
    – Dans une heure, elles seront libres, dit Crillon. Je les conduirai moi-même hors la ville.
    – Merci. Voulez-vous avoir l’obligeance de leur dire qu’on les attend à Orléans ? elles savent où…
    – Ce sera fait, dit Crillon. Mais vous, mon digne ami, prenez garde à Larchant.
    – Bah ! il veut donc être éclopé des deux jambes ?…
    Crillon se mit à rire.
    – D’ailleurs, reprit-il, Sa Majesté vous protégerait au besoin. Venez, je vais vous présenter…
    – Pourquoi faire ?…
    – Mais, fit Crillon stupéfait, parce que le roi veut vous voir et récompenser celui qui…
    – Oui, mais moi, je ne veux pas voir le Valois. Il a une triste figure. Monsieur de Crillon, si on vous parle de moi, rendez-moi le service de dire que vous ne m’avez pas vu.
    – Soit ! fit Crillon ébahi.
    Ils se serrèrent la main, et Pardaillan gagna tranquillement l’intérieur de la ville, où régnait ce grand silence, coupé parfois par de soudaines rumeurs d’imprécations, comme on voit dans les villes au moment des émeutes.
    – Drôle d’homme ! maugréa Crillon en regardant Pardaillan s’éloigner. Du diable si j’arrive jamais à comprendre une pareille nature…
    Pardaillan se dirigeait vers l’
Hôtellerie du Château,
où on se rappelle qu’il logeait avant que Crillon ne l’eût conduit à l’appartement de Ruggieri… Il y chercha Jacques Clément, et ne l’y trouva pas.
    – Bon ! pensa-t-il, il sera reparti pour Paris…
    Et il reprit la chambre qu’il avait occupée précédemment avec l’idée de se remettre en route après deux jours de halte.
    Pardaillan se donnait à lui-même comme prétexte qu’il avait besoin de repos. En réalité, il avait surtout besoin de réfléchir, de se retrouver, de voir clair en lui-même et de prendre une décision d’où il sentait que sa vie à venir allait dépendre.
    En ce jour, Pardaillan apprit que la duchesse de Montpensier avait pu fuir, que le duc de Mayenne s’était également échappé de Blois, ainsi que tous les seigneurs de marque qui avaient afflué dans la ville au moment des états généraux. Ainsi, Henri III n’avait pas profité de sa victoire.
    Seul, le cardinal de Guise avait succombé ; il avait été lardé de coups de poignard le jour même où Pardaillan rentra dans Blois.
    Le surlendemain de sa rentrée à Blois, Pardaillan apprit que le roi était parti pour Amboise. Henri III disait qu’il voulait voir ses prisonniers. En réalité, il n’était pas fâché de s’éloigner de Blois ; en effet, la ville réduite au silence par Crillon, la ville où régnaient cet ordre et cette tranquillité terribles qui laissent présager un prochain éclat de colère, n’inspirait qu’une médiocre confiance au roi.
    Pardaillan, lui, après s’être promis de partir au bout de quarante heures, resta. D’abord parce qu’il était indécis, irrésolu, et qu’il écartait de sa pensée ce point d’interrogation formidable qui l’obsédait :
    « Irai-je ou n’irai-je pas à Florence ? »
    Ensuite, parce qu’il s’était lié d’étroite amitié avec le brave Crillon qui, pendant l’absence du roi, était gouverneur du château et de la ville de Blois. Pardaillan, conduit par Crillon, avait fait visite au capitaine Larchant et lui avait dit :
    – Je regrette d’avoir jeté ce lampadaire avec assez de maladresse pour vous casser une jambe.
    – Alors que vous vouliez simplement m’assommer, fit Larchant qui, étendu dans son lit, et la jambe bandée, pestait fort contre cette infirmité temporaire.
    Pardaillan avait souri et ajouté :
    – Si j’éprouve du regret pour votre jambe cassée,

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