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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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armée contre le roi légitime ; bref, le royaume était à feu et à sang, et la grande bataille, la bataille définitive commençait pour savoir à qui serait ce royaume.
    Pardaillan songeait à Jacques Clément. Avant de se décider à rentrer, soit à Paris, soit à Orléans, il résolut de se rapprocher d’Henri III, agacé par les cris perpétuels de : « Vive la Ligue ! » et de « Mort à Hérode ! » et songeant peut-être vaguement à sauver Valois. Vers le 20 juin, il était à Blois.
    Là, il apprit que le roi, avec une armée bien réduite, campait entre Tours et Amboise. Le lendemain, il se mit donc à descendre la Loire, et au-delà d’Amboise, rencontra un fort détachement de royalistes battant l’estrade. A la tête de ce détachement, il reconnut Crillon à son cimier et piqua vers lui. Le brave capitaine poussa un cri de joie en revoyant le chevalier ; il confia sa troupe à l’un de ses officiers, et proposa à Pardaillan de le suivre au camp royal, ce qu’accepta le chevalier.
    Après les premiers moments consacrés à l’échange de ces politesses qui avaient cours à cette époque, où l’on avait encore le temps de causer aimablement, Crillon poussa un profond soupir qui fit trembler sur ses épaules sa cuirasse de fer.
    – Il me paraît, capitaine, dit Pardaillan, que vous n’êtes pas parfaitement heureux ?
    – Si fait, mortdiable, je suis heureux, au contraire. Nous commençons la campagne, il va y avoir des coups à donner et à recevoir, de belles charges de cavalerie, de superbes arquebusades, et tout cela, voyez-vous, c’est mon élément.
    – Alors, vous soupirez de joie ?
    – Non, par la mortbœuf !
    – Alors, vous êtes amoureux ?
    Crillon souleva la visière de son casque et montra au chevalier un visage tout couturé d’entailles.
    – Avec cette figure-là ? fit-il en éclatant de rire. Non, chevalier, je soupire parce que je vois les affaires de mon pauvre Valois en fort vilaine posture. Que voulez-vous, on a beau l’appeler Hérode, c’est de lui que je tiens mon épée de commandement, et il m’a fait chevalier de l’ordre. En sorte que je lui suis dévoué
unguibus et rostro,
avec le bec et les ongles, et que je suis tout à fait marri de voir la couronne chanceler sur sa tête. Ah ! si vous vouliez, chevalier…
    – Si je voulais quoi, capitaine ?
    – Eh bien !, dit Crillon, les hommes de haute bravoure manquent autour du pauvre Valois que tout abandonne ; j’ai bien quelques régiments encore solides qui se feront tuer sur place ; mais des gens capables d’entreprises extraordinaires, nous n’en avons pas. Chevalier, si vous vouliez entrer au service du roi…
    – Merci, dit Pardaillan, de la bonne opinion que vous avez de moi ; si une cause pouvait me tenter en ce moment, certes la cause de Valois me plairait à soutenir, parce qu’elle est désespérée. Mais je veux rester libre.
    – C’est votre dernier mot ?…
    Pardaillan s’inclina. Crillon demeura tout soucieux.
    – Mais, reprit alors le chevalier, puisque tout le royaume est soulevé contre Valois, puisque avec ses faibles ressources il ne peut tenir tête à Mayenne, je sais bien ce que je ferais à sa place.
    – Que feriez-vous ? demanda vivement Crillon.
    – Je chercherais des alliances. Henri de Béarn a une solide armée…
    – Eh, pardieu ! Valois ne le sait que trop, et ce n’est pas l’envie qui lui manque de crier au secours. Mais il a peur. Un refus du Béarnais serait une telle honte !… Chevalier, savez-vous que j’ai pensé à aller trouver moi-même le Béarnais ? Mais s’il me refuse… le refus atteindra le roi, car je suis au roi !
    – Eh bien, envoyez quelqu’un qui ne soit pas au roi, fit tranquillement Pardaillan.
    – Oui, mais qui ? La chose est délicate en diable, et si elle échoue, Je vois d’ici la panse de ce gros bouffi de Mayenne s’agiter de rire…
    – J’irai, moi, si cela peut vous plaire. Vous m’avez rendu service en me faisant accorder l’hospitalité par Ruggieri ; mon tour est venu.
    – Oh ! vous êtes en avance, et je vous dois plus que vous ne me devez, fit Crillon. Mais enfin, si vous consentiez…
    – Je m’en charge, dit Pardaillan avec fermeté. Les propositions viendront du Béarnais à Valois…
    – Mortbœuf ! Si vous faisiez une chose pareille !… Le roi serait sauvé !…
    – Vous croyez ? fit Pardaillan avec un étrange sourire.
    – Ainsi vous consentez ?

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