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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avant qu’elles n’y fussent arrivées elles-mêmes.
    Violetta et sa compagne s’arrêtèrent. Une expression de désespoir envahit leurs visages ; Violetta baissa la tête avec un soupir de détresse, et celle qui l’accompagnait se mit à pleurer.
    – Chère Jeanne, dit la pauvre petite bohémienne, vous le voyez, toute tentative est inutile…
    – Hélas ! fit celle qui s’appelait Jeanne, c’est moi qui vous ai entraînée… Je crains qu’il n’en résulte quelque malheur… pour vous, chère et douce amie, car pour moi, j’ai subi déjà tant de douleurs que j’en suis arrivée à n’en plus redouter aucune…
    Les deux pauvres petites se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.
    – Holà ! coquines ! faisait à ce moment Picouic, où couriez-vous si vite ? On voulait donc fausser compagnie à ces bonnes et saintes religieuses pour courir la prétantaine ?… Cà ! réintégrez à l’instant votre logis !…
    – Monsieur… balbutia Violetta…
    Et comme elle levait ses beaux yeux sur Picouic, elle le reconnut. Et elle frissonna de terreur. Non pas que Picouic ou Croasse lui eussent jamais fait de mal quand elle faisait partie de la troupe vagabonde… les deux hères n’étaient eux-mêmes que des victimes du terrible bohémien… Mais du moment qu’elle voyait Picouic, elle pouvait supposer que Belgodère n’était pas loin…
    – Ah ! murmura-t-elle avec accablement, je suis perdue… Belgodère rôde par ici…
    A ce moment Picouic les rejoignait et les saisissait chacune par un bras. A voix basse, rapidement, il murmura :
    – Ne craignez rien, n’ayez pas peur, mais surtout feignez de me considérer comme un ennemi… et pourtant, par le ciel qui nous éclaire, je suis votre ami et je vous sauverai… car je suis un serviteur fidèle de M. de Pardaillan et de monseigneur le duc d’Angoulême…
    Violetta demeura saisie, extasiée… A ce nom que venait de prononcer l’hercule, elle poussa un cri de joie et ses beaux yeux étincelèrent.
    – Silence ! fit Picouic. Ca ! reprit-il à haute voix, suivez-moi, que je vous remette ès mains de cette digne, de cette sainte, de cette excellente religieuse !…
    Mariange arrivait à ce moment toute essoufflée.
    – Ouais ! grommelait-elle, sans ce digne cavalier, les deux païennes se sauvaient, et je ne sais trop ce qui serait advenu de moi…
    Le digne cavalier c’était Picouic. Continuant à tenir Jeanne et Violetta chacune par un bras, il les conduisit jusqu’à la porte de l’enclos, les fit entrer, et referma la porte. Les deux jeunes filles rentrèrent aussitôt dans le bâtiment qui leur servait de prison.
    Mariange, alors, leva la tête pour apercevoir le visage de Picouic, et ce nez pointu, ces yeux en trous de vrille, cette expression de ruse qui dominait sur ce visage lui plurent sans doute, car étant elle-même une paysanne madrée, matoise et astucieuse, elle tenait la ruse pour une qualité de premier ordre.
    – Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle.
    – Picouic, pour vous servir, ma sœur, ma chère sœur, Picouic, nom harmonieux de l’homme le plus catholique de tout Paris, à telle enseigne qu’il sait chanter au lutrin, connaît la musique sacrée, et en voici la preuve !
    Sur ce mot, Picouic, d’une voix de fausset qui n’avait rien de désagréable aux oreilles de Mariange, entonna :
    – 
Tantum ergo sacramentum…
    Sœur Mariange joignit les mains avec une béate admiration, et finit par se mettre à genoux, se croyant au
salut.
A ce moment, la voix de basse-taille profonde de Croasse se joignit à celle de Picouic. Ce fut un tonnerre, cela faisait un ensemble comme jamais les voûtes de Saint-Magloire n’en avaient entendu.
    – Quelle voix ! Quelle voix ! répétait sœur Philomène également agenouillée.
    – 
Genitori genitoque…
reprenaient les deux anciens chantres.
    Il y avait bien longtemps que sœur Mariange, religieuse revêche, acariâtre et pointue, mais religieuse dans l’âme, n’avait eu un tel régal. Quand les deux versets liturgiques furent achevés, les deux nonnes se relevèrent. Sœur Mariange considérait du coin de l’œil sœur Philomène qui, palpitante, ne pouvait détacher son regard de Croasse, lequel relevait en crocs ses moustaches et se dandinait sur ses maigres jambes.
    – A coup sûr, songeait sœur Mariange, si je fais accueil à ces deux hommes, la pauvre sœur Philomène va être induite en tentation de péché mortel…

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