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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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donné votre bénédiction à mon départ !…
    – Le malheureux délire ! s’écria Bourgoing en levant les bras au ciel.
    – Vous n’y avez pas joint votre absolution pour tout acte que je pourrais commettre en mon absence !…
    – Fou !… L’infortuné est fou !… Par Notre-Dame, quel acte eussiez-vous donc pu commettre dont, par avance, je vous eusse absous ?…
    – Je vous l’ai confié, mon père !… Rappelez-vous ce que vous m’avez dit !… Rappelez-vous que vous m’avez cité l’exemple de Judith et de Jéhu !…
    – C’est à vous, mon frère, qu’il faut recommander de rappeler vos esprits !
    – Que ne suis-je devenu fou, en effet ! dit amèrement Jacques Clément. Mon digne père, votre attitude à mon égard me plonge dans un abîme de stupéfaction… Quoi !… ne m’avez-vous pas encouragé vous-même, m’affirmant que l’Ecriture autorise certains actes irréguliers, quand il s’agit du service du Seigneur Dieu !…
    – Mais au nom du ciel ! cria le prieur en agitant son couteau, de quels actes irréguliers voulez-vous parler ?
    – D’un seul, mon Révérend Père, d’un seul ! fit Jacques Clément d’une voix sombre…
    – D’aucun ! d’aucun ! interrompit le prieur en essayant de couvrir la voix du moine et en lui jetant en-dessous un regard anxieux. Vous puisez dans votre imagination malade des pensées qui sont sans aucun doute la suggestion du malin esprit…
    Bourgoing fit un grand signe de croix par-dessus la serviette immaculée qui était étalée sur sa poitrine.
    – C’en est trop ! dit Jacques Clément. Je suis parti avec votre approbation, avec votre bénédiction, avec votre absolution ! je suis parti, dis-je, avec la grande procession de frère Ange, pour rejoindre à Chartres le roi de France, et le tuer avec le poignard que voici !…
    Le père Bourgoing, d’un geste brusque, repoussa la table, arracha sa serviette, et se rapprochant du moine :
    – Que dites-vous là ? fit-il d’une voix basse et tremblante. Tuer le roi !… Quel crime épouvantable osez-vous concevoir !…
    – Par le Dieu vivant, mon père, je jure que…
    – Ne jurez rien !… Estimez-vous heureux que je ne vous remette pas au bras séculier ! Allez, mon frère, allez. Mettez-vous à réciter les psaumes de la pénitence… jeûnez… veillez… priez… et moi, cependant, je réfléchirai au meilleur moyen de faire sortir de votre âme le démon qui l’habite en ce moment !…
    Jacques Clément baissa la tête : il comprenait !… Oui, il comprenait que le coup était manqué, Henri III n’ayant pas été tué, le digne prieur voulait garder le silence sur cette tentative… Il comprenait cela… mais il se trompait !… Il supposa que le prieur le renvoyait dans sa cellule pour y faire pénitence, mais dans l’antichambre, il trouva une douzaine de moines, solides gaillards qui l’entourèrent.
    – Mon frère, dit l’un d’eux, il faut nous suivre au cachot de pénitence !…
    Alors seulement Jacques Clément comprit que non seulement on voulait lui imposer silence, mais encore qu’on le punissait d’avoir manqué le coup !… Il voulut pousser un cri, se débattre… car le cachot de pénitence était une horrible chose… une oubliette dont rarement on sortait vivant… mais au même instant, il fut bâillonné, lié, entraîné… et quelques minutes plus tard, il était jeté dans le cachot.
    Cependant le prieur Bourgoing s’était remis tranquillement à table et disait aux moines servants :
    – Je ne sais ce que peut avoir notre malheureux frère Clément, ni quel péché mortel il a pu commettre, mais il est possédé… il profère d’horribles et extravagants blasphèmes. Aussi, comme les paroles que lui inspire le démon pourraient porter le trouble dans la communauté, si elles étaient entendues, je fais défense expresse qu’aucun de nos frères ne descende jusqu’au cachot pour essayer de surprendre ces paroles. J’irai moi-même visiter cet infortuné, et si je parviens à l’exorciser, je le ferai sortir… mais j’en doute !…
    Le cachot de pénitence se trouvait au-dessous des caves du couvent. On y descendait par un escalier de quarante marches en spirale, après avoir descendu l’escalier qui aboutissait aux caves.
    Ce cachot était assez spacieux. Ses voûtes surbaissées et sculptées, les colonnettes qui s’élançaient des angles, les pierres qui malgré la moisissure conservaient la

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