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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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esprit.
    Quelques heures s’écoulèrent, au bout desquelles il se sentit faim et soif. Il mangea donc une moitié de pain qu’on lui avait laissé, et but à la cruche. Puis fidèle à la règle, obéissant aux ordres qu’il avait reçu du prieur, bien que ce prieur lui parût maintenant indigne, il se mit à réciter les psaumes de la pénitence. Il se jugeait en effet en état de péché mortel. Ce péché, c’était son amour pour Marie de Montpensier…
    Il finit par s’endormir d’un sommeil sinon paisible, du moins exempt de crainte. Lorsqu’il se réveilla, il eut encore faim et soif ; il mangea le reste du pain et but une partie de l’eau qui restait dans la cruche. Il pensait que le moment n’était pas éloigné où l’un des moines du couvent viendrait renouveler sa provision.
    Cependant les heures s’écoulèrent sans qu’il entendît le moindre bruit. Il commença par se dire qu’il s’était sans doute trop hâté, qu’il avait dû dormir peu de temps ; enfermé le soir, il jugea qu’il devait sans doute se trouver au lendemain matin. En réalité, la nuit, la journée et une nuit encore s’étaient écoulées.
    Un moment vint où il n’y eut plus une goutte d’eau dans la cruche… Il avait faim et soif. Mais ce n’était pas encore la souffrance véritable qui tord les entrailles.
    – D’où vient que j’ai un tel appétit, moi si sobre d’habitude ?… Sans doute cette longue course à cheval, pendant laquelle je n’ai rien pris… et puis, peut-être est-ce la fièvre qui me donne soif ?
    Depuis des heures, déjà, il marchait autour du cachot. Les ténèbres étaient toujours aussi complètes, aussi absolues. Mais par le toucher, par le frôlement de son épaule contre les murailles, par la régularité des pas toujours posés de même, il avait pris connaissance de son cachot, et il y marchait avec une certaine assurance. Cette marche monotone finit par le briser de fatigue, et une fois encore, il s’endormit. Cette fois son sommeil fut peuplé de rêves…
    – Oh ! que j’ai soif ! râla Jacques Clément en se réveillant. Seigneur ! que j’ai soif !…
    Il se leva, et pour tromper la soif, il voulut se remettre à marcher. Et alors, il s’aperçut que ses jambes tremblaient… et qu’elles lui refusaient tout service… Et alors il comprit l’horrible vérité : il était en train de mourir de faim et de soif !…
    Il voulut crier, et ses lèvres tuméfiées ne laissèrent sortir aucun son… Il se traîna vers l’endroit où il savait que se trouvait la porte, et essaya de frapper ; mais ses poings affaiblis heurtèrent à peine le chêne… il retomba épuisé… Alors, la souffrance se déclara avec une sorte d’impétuosité… Il sentit sa gorge s’enfler jusqu’à ne plus laisser passer l’air ; il entendait un souffle rauque, un souffle étrange de bête qui meurt ou un râle d’enfant qui pleure… et il comprit que c’était son souffle, à lui… Puis au bout d’un temps qu’il ne put apprécier, les souffrances s’apaisèrent, et il n’éprouva plus qu’une infinie faiblesse.
    Il essaya de mesurer le temps qui s’était écoulé, et finit par trouver qu’il devait être là depuis plus d’un mois, et que c’était miracle qu’il ne fut pas mort. En réalité, il en était à son troisième jour à compter du moment où il avait bu sa dernière goutte d’eau et à son cinquième jour à compter du moment où il avait été enfermé.
    Combien d’heures demeura-t-il ainsi, pantelant et râlant, étendu en travers des dalles ?… Il n’eût su le dire… Il lui sembla enfin qu’il s’endormait, et perdit la notion des choses. Dans cette sorte de sommeil, ou plutôt d’évanouissement, son rêve prit une forme… C’était Marie de Montpensier qui lui apparaissait.
    Il se trouvait dans un appartement où régnait une exquise fraîcheur. Comme dans tous les rêves, les détails de la pièce où il se trouvait lui échappaient, mais il distinguait confusément qu’il était étendu dans un lit d’une rare magnificence, avec ses quatre colonnes d’ébène précieusement sculptées et sa quadruple retombée de rideaux de brocart. Dans cette chambre Marie de Montpensier allait et venait, légère, gracieuse comme une apparition qu’elle était.
    Du fond de son rêve, Jacques Clément la suivait des yeux, extasié, tremblant de se réveiller bientôt, ainsi qu’il arrive souvent dans ces songes où l’esprit se

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