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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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interrompit Pardaillan qui se mit à rire. Mais vous oubliez qu’en faisant vos affaires, je fais surtout les miennes, car j’ai un intérêt plus puissant que le vôtre à tenir le sire de Maurevert dans la position que j’avais l’honneur de vous exposer…
    – J’ai un intérêt d’amour, dit ardemment Charles d’Angoulême.
    – Et moi un intérêt de haine, fit froidement Pardaillan.
    Charles baissa la tête, pensif.
    – Fiez-vous donc à moi, reprit Pardaillan, du soin de mettre la main sur Maurevert. Je sens que le moment approche où je vais pouvoir liquider avec lui une vieille dette.
    – Allons donc, cher ami, et puissiez-vous dire vrai ! s’écria Charles un peu réconforté. Mais ou descendrons-nous à Paris ?
    – Trouvez-vous que nous étions mal à la
Devinière
 ?
    – Non pas, mais l’endroit ne vous semble-t-il pas dangereux ?…
    – Monseigneur, dit Pardaillan, dans ma carrière j’ai eu plus d’une fois l’occasion de me cacher, et j’ai pu faire cette constatation qu’on ne trouve rapidement que les gens qui se cachent. Ni Guise, ni aucun des siens ne s’avisera de penser que nous sommes rentrés à Paris, bien loin de supposer que c’est à la
Devinière
que nous chercherions un refuge.
    – Va donc pour la
Devinière
 !
dit Charles.
    Les deux cavaliers, en devisant ainsi, continuaient à marcher au pas ou au trot de leurs chevaux, sans se hâter. Le lendemain, ils entraient dans Paris et filaient tout droit sur la
Devinière
,
où ils arrivèrent sans encombre sur le coup de midi, c’est-à-dire à l’heure où la grande salle était encombrée de buveurs et de dîneurs. Pardaillan s’assit à une table inoccupée, et d’un geste, invita Charles à y prendre place…
    Huguette était dans la cuisine, surveillant, en dépit de son chagrin, les allées et venues des domestiques, jetant un coup d’œil sur les casseroles, encourageant le tourne-broche.
    Elle était fort pâle et triste, la bonne hôtesse de la
Devinière.
Elle croyait Pardaillan toujours à la Bastille. Pour le sauver, elle avait essayé une de ces tentatives désespérées comme l’idée n’en peut venir qu’aux femmes qui ont l’instinct du dévouement le plus pur. Cette aventure avait avorté comme on va le voir. Et la pauvre Huguette se désespérait. Tout en veillant à la vieille renommée de sa maison par une surveillance assidue des casseroles, du four à pâtés et du tourne-broche, elle discutait avec elle-même les chances qu’elle avait de sauver le chevalier, et ces chances devaient lui paraître bien maigres, car de temps à autre elle essuyait du coin de son tablier ses beaux yeux rougis par les larmes.
    Enfin, le moment vint où le flot des dîneurs s’écoula peu à peu. Officiers, gentilshommes et écoliers qui n’hésitaient pas à franchir la Seine de temps en temps pour faire un bon dîner à la
Devinière
,
tous ces gens s’en allèrent les uns après les autres, et finalement il n’y eut plus dans la grande salle qu’une table encore occupée, ou deux retardataires achevaient sans se presser une bouteille de vin d’Espagne.
    Huguette passa dans la grande salle pour veiller à ce que tout fût remis en bon ordre : la vaisselle à fleurs sur les dressoirs de chêne, les escabeaux rangés le long des murs, les brocs d’étain accrochés à leurs clous, et ce fut tout en passant cette inspection qu’elle aperçut tout à coup Pardaillan, qui la regardait aller et venir avec un sourire attendri. Huguette demeura pétrifiée et se mit à trembler. Pardaillan se leva, alla à elle, lui saisit les mains.
    – Ah ! monsieur le chevalier, murmurait Huguette toute pâle, je n’ose en croire mes yeux…
    – Croyez-en donc alors ces deux baisers, fit Pardaillan qui l’embrassa sur les deux joues.
    Huguette se mit à rire en même temps que les larmes coulaient de ses yeux.
    – Ah ! monsieur, reprit-elle, vous voilà donc libre !… Mais comment avez-vous pu sortir de la Bastille ?…
    – C’est bien simple, ma chère hôtesse, j’en suis sorti par la grande porte…
    – M. de Bussi-Leclerc vous fit donc grâce ?…
    – Non, Huguette. C’est moi qui ai fait grâce à M. de Bussi-Leclerc. Mais peu importe. L’essentiel est que je sois dehors. Seulement je vous préviens que beaucoup d’honorables gentilshommes enragent de ce que je ne sois plus dedans. Je m’en rapporte à vous, ma chère, pour que M. le duc et moi soyons ici aussi peu reconnus que

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