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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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possible.
    – Mon Dieu ! Mais vous serez donc toujours en alarme !…
    – Comme l’oiseau sur la branche, Huguette ! Et ce n’est pas ma faute.
    – Si au moins j’avais su que vous étiez ici ! reprit Huguette qui, revenant à son instinct de bonne hôtesse, jetait un coup d’œil inquiet sur la table desservie. Vous avez dû dîner comme si vous étiez les premiers venus…
    – Rassurez-vous, fit Pardaillan en reprenant sa place, les premiers venus à la
Devinière
sont encore traités comme des princes.
    Cependant, Huguette rassérénée, joyeuse, épanouie par ce sentiment où il y avait peut-être autant l’affection d’une mère retrouvant son enfant que l’humble amour d’une amante dévouée, Huguette courait elle-même à la cave et en rapportait bientôt une vénérable bouteille couverte de poussière authentique.
    – C’est de celui que préférait monsieur votre père, dit Huguette ; il n’en reste plus maintenant que cinq bouteilles…
    – De celui que M. Dorât appelait nectar et que M. de Ronsard nommait ambroisie des dieux, au temps où ces messieurs de la Pléiade venaient ici discourir en vers, dit Pardaillan qui déboucha lui-même le glorieux flacon.
    Il remplit trois verres et avança un siège pour l’hôtesse.
    – Jamais je n’oserai, dit Huguette en rougissant et en jetant un coup d’œil au duc d’Angoulême.
    – M. le chevalier m’a bien souvent parlé de vous, dit Charles ; soyez sûre, dame Huguette, que je me tiens pour aussi honoré de choquer mon verre contre le vôtre que contre celui d’une princesse de la cour.
    Huguette pâlit de plaisir ; d’abord parce que Pardaillan avait souvent parlé d’elle, et ensuite parce qu’un tel compliment venant d’un personnage comme le duc d’Angoulême avait alors un prix extraordinaire.
    – Ma chère Huguette, reprit Pardaillan lorsque les verres furent vides, vous me parliez tout à l’heure du sire de Bussi-Leclerc. Vous connaissez donc ce digne gouverneur de la Bastille ?
    Huguette devint pourpre. Le chevalier nota cet émoi.
    – Pourquoi rougissez-vous avec cette bonne simplicité si fraternelle ?
    – M. de Bussi-Leclerc, balbutia Huguette, est souvent venu ici avec des maîtres d’armes qu’il traitait magnifiquement après les avoir battus en quelque passe d’escrime…
    – Voilà qui est d’un galant homme… Et alors ?
    – Alors… murmura Huguette en baissant la tête, je comptais sur lui… pour vous délivrer… Il m’a si souvent affirmé…
    – Quoi donc, chère amie ?… Vous savez qu’on peut tout me dire, à moi…
    – Qu’il était tout prêt… à se mésallier !…
    Elle redressa la tête. Un sourire d’une charmante fierté se jouait sur ses lèvres.
    – Veuve, reprit-elle avec plus de fermeté, sans enfant, libre de ma personne, sinon de mon cœur, j’eusse pu accepter la proposition qu’il me fit à diverses reprises et m’engager à être une épouse fidèle… Ma vie en eût été un peu plus triste, voilà tout…
    Huguette disait ces choses très simplement, n’ayant pas conscience de ce qu’il y avait de sublime dans son dévouement. Le chevalier la considérait avec un inexprimable attendrissement.
    – Donc, reprit-il, vous êtes allée trouver ce Bussi-Leclerc ?
    – Oui, mais le premier jour que j’y allai, je ne pus entrer à la Bastille où une sorte d’émeute venait de se produire, et la deuxième fois, on me dit que le gouverneur était à Chartres avec la procession de M. de Guise… J’attendais son retour.
    – Il doit être rentré, fit Pardaillan, et cette fois vous le trouverez sûrement.
    – Pour quoi faire, puisque vous voilà libre ? dit Huguette.
    Pardaillan vida son verre d’un trait et murmura :
    – Au fait… puisque me voilà libre !…
    Nous avons dit que devant l’admiration ou le sacrifice qu’on lui faisait, il se trouvait tout bête, ne comprenant pas qu’on put l’admirer ou qu’on put se sacrifier pour lui. Le duc d’Angoulême avait assisté à cette scène avec l’étonnement qu’on aurait à entendre tout à coup une, langue étrangère. Et ce qui le surprenait le plus, ce qui lui causait une émotion profonde, une sorte d’angoisse qui le serrait à la gorge et remplissait ses yeux de larmes, c’était justement cette simplicité naïve avec laquelle l’une disait son dévouement et avec laquelle l’autre acceptait ce dévouement.
    Il y a donc des gens qui vont dans la vie

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