Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
il se murmurait à lui-même que, pour une autre nuit semblable, pour retrouver celle que ses mains brûlantes de fièvre cherchaient encore, il donnerait plus que sa vie… il damnerait son âme.
    Marie, en effet, avait disparu. La lumière s’était éteinte… mais les premières lueurs de l’aube blanchissaient les vitraux de la fenêtre.
    Une soif ardente desséchait la gorge de Jacques Clément. Près du lit, près de lui, sur une petite table, il vit le gobelet d’or, le saisit et but, reconnaissant le goût et la reposante fraîcheur de la boisson qu’on lui avait versée pendant son délire. Presque aussitôt après avoir bu, et à peine eut-il la force et le temps de reposer le gobelet lourdement sur la table, il retomba lourdement sur les oreillers et perdit la connaissance des choses… et cette fois le sommeil était si profond qu’il ressemblait à la mort…
    De rêve en rêve !… Jacques Clément vivait sans doute une partie d’existence dans le fantastique. Rêve ou réalité ?… Oh ! où était le rêve ?… Où était la réalité ?…
    Il venait de se réveiller… Une étrange torpeur engourdissait ses membres et sa pensée… Il venait d’ouvrir les yeux qu’il promenait lentement sur ce qui l’entourait… Et ce n’était plus le cachot de pénitence !… Mais ce n’était plus le lit à colonnes d’ébène… la chambre de délice et de volupté…
    Il était dans un lit étroit, sur une dure couchette. Les murs étaient nus. Il apercevait seulement un crucifix, une petite table chargée de livres… Et il tressaillit violemment : sur cette table, cet objet qui jetait une vive lueur… c’était son poignard !… Et il reconnut qu’il était dans sa cellule du couvent des Jacobins.
    Il se leva, s’habilla de son froc jeté au pied du lit sur un escabeau, car ses vêtements de cavalier avaient disparu. D’un geste rapide, il saisit le poignard et le baisa… Puis il le remit dans la gaine qu’il trouva sur la table et l’accrocha à sa ceinture, sous le froc. Alors un profond soupir gonfla sa poitrine, et comme il sentait sa tête tourner, il s’assit au bord du lit, les yeux perdus dans le vague, évoquant l’autre chambre, l’autre lit… la vision de volupté… la créature d’amour qu’il avait tenue dans ses bras… rêve ou réalité ?…
    A ce moment la porte de sa cellule, entrebâillée selon la règle, s’ouvrit tout à fait, et le prieur Bourgoing parut. Jacques Clément se leva et s’inclina profondément.
    – 
Deo gratias !
fit le prieur en entrant. Recevez ma bénédiction, mon frère. Vous voici donc debout ? Cette mauvaise fièvre vous a donc quitté ?… Ah ! depuis dix jours que vous êtes rentré au couvent, que de soucis nous avons eus !…
    – Depuis dix jours ? fit Jacques Clément.
    – Certainement, mon frère. C’est-à-dire depuis le soir où vous êtes revenu de ce voyage à Chartres, que vous aviez entrepris pour la plus grande gloire du Seigneur…
    – Ainsi, reprit le moine, je suis dans le couvent depuis mon retour de Chartres ?…
    – Et vous n’avez pas bougé de votre cellule, mon frère… Seulement, le délire ne vous a pas quitté ; vous avez, comme on dit, battu la campagne… mais grâce au ciel, je vois que c’est fini…
    – Tout à fait fini, mon digne père, répondit Jacques Clément pensif. Permettez-moi seulement de vous poser une question…
    – Toutes les questions que vous voudrez, mon frère ! dit Bourgoing en fronçant les sourcils.
    – Une seule,
Reverendissime Domine.
Avant mon entrée au cachot… je veux dire avant mon délire, votre haute et sainte bienveillance m’avait accordé certaines libertés compatibles avec un projet dont je crois me rappeler que je vous ai fait part…
    – Je ne me souviens nullement de ce projet, dit Bourgoing : mais poursuivez, mon frère.
    – Eh bien !, mon digne père, je voudrais savoir si vous me continuez encore cette même bienveillance ; en d’autres termes, si je jouis encore des mêmes privilèges… des mêmes libertés…
    – Toujours, mon frère, toujours ! s’écria le prieur. Vous êtes libre d’aller et de venir le jour ou la nuit, de vous absenter du couvent, et même sans m’en prévenir en cas de nécessité urgente. Car je sais que vous travaillez dans la vigne du Seigneur… Venez donc, mon frère, venez… Tous nos frères sont rassemblés à la chapelle afin de louer Dieu de votre heureux retour à la santé et

Weitere Kostenlose Bücher