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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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être rouge comme un coq.
    — Pensez-vous que nous ayons tiré toute cette affaire au clair, Messire ? dit-il pour détourner la conversation de ce panégyrique.
    — Je ne sais pas trop. Qu’avons-nous comme éléments, Ranulf ? Des moines qui se dévergondent et un habile malandrin qui pille le Trésor royal. Cela, ce sont des faits avérés, mais ce qui est plus difficile, c’est de franchir l’étape suivante, à savoir trouver le lien logique entre les actes de débauche, le vol, les meurtres de ces pauvres filles des rues et les assassinats de cette malheureuse Lady Somerville et du père Benedict.
    Corbett racla son écuelle de sa cuillère en corne qu’il entoura ensuite d’un linge et rangea dans son aumônière.
    — Les résultats de notre enquête tendraient à prouver l’existence d’un tel lien, mais un bon avocat n’aurait aucun mal à en démontrer les lacunes. En outre, nous ignorons l’identité du voleur.
    — Mais c’est Puddlicott, bien sûr !
    — Oui, c’est ce que nous pensons ! C’est notre intime conviction à tous, mais voilà : nous n’avons pas de preuves ! Qui est Puddlicott ? Où est-il ? Nous ne pouvons même pas répondre à ces questions.
    Il prit son gobelet et le fit délicatement tourner dans sa main.
    — Mais c’est surtout l’assassin dont nous ignorons le visage et le nom.
    Il but une généreuse rasade de vin, ce qui lui valut un coup d’oeil perplexe de son serviteur habitué à sa sobriété.
    — Vous vous faites du mauvais sang, Messire ?
    — En effet. Je suis inquiet car, lorsque je rendrai compte au roi, je ne pourrai que lui exposer les problèmes sans lui offrir beaucoup de solutions.
    — Vous avez quand même découvert qu’on a dévalisé le Trésor !
    — Le roi s’en souciera comme d’une guigne. Ce qu’il aura à coeur, c’est de retrouver son argent et d’envoyer au gibet ce scélérat de voleur. Non, non
    — Corbett desserra le col de son surcot  –, ce sont les crimes qui me fascinent. Je suis confronté à deux hypothèses cauchemardesques, Ranulf. D’abord, ces meurtres ont-ils un rapport quelconque avec l’abbaye, et ensuite, avons-nous affaire à deux ou même trois assassins ? Celui des prostituées, celui de Lady Somerville et le meurtrier silencieux du père Benedict ?
    — Vous avez oublié un détail, Messire ! Amaury de Craon, ce vieux renard sans scrupules, ne doit pas être étranger à tout ce bourbier !
    Corbett jeta un regard perçant à son compagnon. Ses paroles lui rappelèrent quelque chose. Il se rendit compte qu’il avait complètement négligé son adversaire.
    — C’est vrai ! reconnut-il d’une voix presque inaudible. Amaury de Craon ! Dis-moi, Ranulf, as-tu fini ? Bien ! Alors, va à Cock Lane.
    Il hocha la tête en voyant le sourire du jeune homme.
    — Non, garde pour toi tes rêves de luxure ! Rends-toi près de la boutique de l’apothicaire et cherche un petit mendiant vêtu de toile de sac. Emmène-le à Gracechurch Street et enjoins-lui de surveiller attentivement la demeure du Français. S’il voit quoi que ce soit d’anormal, tel qu’un visiteur inattendu ou des préparatifs de départ précipité, qu’il coure me laisser un message à Bread Street.
    Ranulf acquiesça et partit à toutes jambes. Corbett avala les restes du vin et quitta la taverne. Les joues en feu et la tête lourde, il se dirigea vers l’entrée principale de la Tour. Il montra son mandat aux sentinelles, franchit les douves, passa sous des arches successives et pénétra dans l’enfilade des cours qui entouraient le donjon carré, la tour Blanche. Il dut montrer patte blanche à chaque porte, mais put poursuivre son chemin grâce au document royal. Il atteignit enfin la cour centrale. Le calme y régnait dans la chaleur de ce début d’été, bien qu’il pût constater que les travaux avaient repris sur la Tour : le roi redoutait un débarquement français en Essex ou même dans l’estuaire de la Tamise. Des briques s’empilaient autour d’énormes fours tandis que d’immenses tas de sable et de gravier s’amoncelaient près d’épaisses poutres de chêne enchevêtrées.
    La Tour était un village à elle seule. Écuries, pigeonniers, cuisines à ciel ouvert, granges et poulaillers se blottissaient contre les murs. Un petit verger, dans un coin, avoisinait les maisons en torchis des officiers. Corbett longea d’impressionnants mangonneaux {30} et béliers en cours de

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