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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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m’a fasciné : pourquoi ces prostituées étaient-elles tuées le 13 du mois ? Vous ne connaissez que trop bien la réponse, n’est-ce pas ? Votre époux, Lady Fitzwarren, est mort le jour de la fête de saint Martin, pape et martyr, celui que nous célébrons le 13 avril...
    — Mais, objecta Cade, ce ne fut pas le cas pour Hawisa, la dernière en date !
    — Je sais. Mais Lady Fitzwarren voulait brouiller les cartes. Vous comprenez, Cade, seule une poignée de gens avait remarqué qu’il y avait un fil conducteur dans ces morts : Ranulf, vous et moi, ainsi que Lady Neville et Lady Fitzwarren.
    Corbett fit une grimace amusée.
    — J’avoue qu’à un moment je vous ai soupçonné, Cade. J’ai eu des doutes sur vous aussi, Lady Neville. Mais Puddlicott et le cul-de-jatte avaient mentionné la haute taille de l’assassin. Pourtant, c’est notre souverain lui-même qui me fournit, sans le vouloir, la date de la mort de Lord Fitzwarren. Vous avez tué cette dernière prostituée, Lady Fitzwarren, pour m’entraîner sur une fausse piste, n’est-ce pas ?
    Corbett tambourina sur la table.
    — Vous n’avez pas cessé, d’ailleurs, d’entretenir la confusion. Lorsque nous vous avons rendu visite à Ste Catherine-de-la-Tour, vous avez insinué que les moines de Westminster trempaient dans un scandale lié aux assassinats.
    Les lèvres de Corbett se crispèrent.
    — Je suppose que lorsque cette affaire sera tirée au clair, tous prétendront avoir su la vérité dès le début. En tout cas, vous, vous considériez ces rumeurs comme un excellent camouflage pour vos crimes !
    Lady Fitzwarren lissa son habit, un sourire venimeux aux lèvres.
    — Tout cela n’est qu’hypothèses. Vous n’avez aucune preuve tangible.
    — Peut-être, mais ce sont des présomptions suffisantes pour que vous comparaissiez devant les juges royaux de Westminster. Et alors, Lady Fitzwarren, vous serez humiliée en public et à jamais en butte aux soupçons ! On vous méprisera comme la dernière des dernières !
    Le sourire de la vieille dame s’effaça.
    — Et que se passera-t-il après la condamnation ? Dieu seul le sait. Si votre innocence est reconnue, ou, plus probablement, si on ne peut prouver votre culpabilité, pourrez-vous jamais fouler à nouveau les rues de Londres pour autant ? Et si on vous juge responsable de tous ces assassinats, on vous emmènera à la prison de la Fleet, on vous revêtira des guenilles écarlates réservées aux criminels, et vous serez brûlée vive à Smithfield devant toutes les putains qui se seront donné rendez-vous pour railler vos cris d’agonie.
    Lady Fitzwarren baissa les yeux, mais les releva vivement sur Corbett.
    — Y a-t-il d’autres choix ? s’enquit-elle dans un murmure.
    — Des aveux complets et la confiscation de tous vos biens. Le roi souhaite la plus grande discrétion dans cette affaire.
    — Et ma personne ?
    — Vous prendrez le voile dans un couvent isolé et éloigné de tout, sans doute dans quelque coin perdu des marches galloises ou écossaises. Vous vivrez d’eau et de pain sec le restant de vos jours en faisant pénitence pour les crimes atroces que vous avez commis.
    Son interlocutrice inclina la tête.
    — Vous êtes un fin renard, Corbett, un fin renard, murmura-t-elle. J’aurais dû en finir avec vous, ajouta-t-elle doucement. Vous et votre visage dur, votre mine soucieuse et votre regard perçant !
    — Vous avez bien essayé de le faire, hein ? C’est vous qui avez commandité ces truands qui nous ont attaqués près de Walbrook.
    Lady Fitzwarren se tortilla sur son siège et fit la moue comme si Corbett lui reprochait une broutille.
    — Oui, vraiment, vous êtes un fin renard !
    Elle s’installa plus confortablement, comme si elle allait raconter une belle histoire à des enfants.
    — Voyez-vous, j’aimais profondément mon époux.
    C’était un homme plein de noblesse. Nous n’avions pas d’enfants, aussi lui avais-je consacré ma vie.
    Elle promena sur ses auditeurs un regard embué de larmes.
    — Comprenez-vous ? Je ne respirais que pour lui, il était l’objet de mes moindres pensées, de mes moindres actions. Il est mort en combattant vaillamment pour le roi, au pays de Galles.
    Elle se croisa les bras et, à mesure qu’elle revivait le passé, la tristesse envahissait son visage et en gommait le masque de haine.
    — Oui, je l’aimais sans retenue et, d’une certaine façon, je l’aime encore

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