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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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royaume en sortait à peine. Rosny déconseilla donc à Henri IV d’épouser sa favorite 67 .
    Plus les avis défavorables se multipliaient, plus le roi paraissait décidé à passer outre. Une calomnie prétendit alors que César Monsieur et Catherine-Henriette n’étaient pas de lui : Gabrielle le nia et exigea une enquête. Et, à trop vouloir forcer la main du pape, Henri IV rompit d’avec son légat qui repartit pour Rome ; l’annulation du mariage avec Margot resta au point mort (31 août 1598). Inquiète, Gabrielle consulta Cheverny : ils proposèrent de marier Henri à l’infante Isabelle d’Espagne ; ce projet ne risquait pas d’aboutir, mais il allongeait la durée des négociations, préservant ainsi les chances de Gabrielle. La jeune femme pressentait que la candidature de Marie lui portait malheur : « Je n’ai aucune crainte de [l’infante], mais l’autre me mène jusqu’à la peur », dit-elle. Et le roi hésitait à nouveau : « Me tient-on pour si enragé que de commettre une faute pareille ? », s’écria-t-il. Mais il s’y résolut après une inflammation vénérienne, d’autant que Gabrielle le convainquit que cette maladie l’empêcherait d’engendrer à nouveau (fin 1598). Une mauvaise surprise survint de Rome : « Nous ne consentirons pas à ce que le roi prenne pour femme la duchesse de Beaufort, même s’il y allait de notre propre vie », avait solennellement déclaré le pape à l’envoyé d’Henri IV. Ce non possumus irrita le roi : il fit baptiser son troisième bâtard comme s’il était un prince légitime (13 décembre). L’affaire choqua ses meilleurs serviteurs, à commencer par Rosny. Celui-ci déchira les factures qui portaient la mention « enfants de France » et chassa les fournisseurs déconfits : « Allez ! Il n’y a pas d’enfants de France ! »
    Les catholiques vouèrent Gabrielle aux gémonies quand ils apprirent son rôle dans la rédaction de l’édit de Nantes (hiver 1598). À contrario , et sauf l’intraitable Rosny, les protestants lui en savaient gré et soutinrent son projet de mariage, dont ils espéraient des avantages substantiels ; la rumeur d’un complot huguenot circula, inquiétant les catholiques. L’opposition railla l’ambition dynastique de la favorite, à la grande fureur d’Henri :
    Mariez-vous donc par Dieu, Sire !
Votre lignage est bien certain :
Car un peu de plomb et de cire
Légitime un fils de putain.
Putain dont les sœurs sont putantes
Comme fut la mère jadis
Et les cousines et les tantes…
    Le mariage ou la mort
    En février 1599, la reine Margot consentit enfin au divorce, pas pour le motif souhaité par Henri IV, mais son accord était toujours un point d’acquis. Restait l’opposition absolue du pape, très conscient des troubles qu’occasionnerait le remariage du roi avec Gabrielle : « Cette affaire serait sa propre ruine et celle de son royaume 68 . » Henri IV s’obstinait pourtant à traiter sa favorite en reine ; le Mardi gras 23 février 1599, il lui offrit publiquement les cadeaux reçus des villes de Lyon et Bordeaux, lui passa l’anneau du couronnement au doigt, et annonça leurs noces pour la Quasimodo 69 devant ses fidèles stupéfaits d’un pareil sacrilège. Les reines ne portaient jamais cet anneau, strictement dévolu au roi. Certains murmurèrent : « Après avoir cocufié Dieu, le Vert-Galant cocufie la France. » Gabrielle se rengorgea et clama que seuls Dieu ou la mort du roi l’empêcheraient d’être reine de France.
    Paroles imprudentes. Un mois plus tôt, le célèbre astrologue piémontais Rizacazza avait prévenu un de ses amis, un gentilhomme français : « Jamais ce mariage ne se fera. Voire bien plus : la duchesse ne verra point le jour de Pâques 70 . » De son côté, Gabrielle consulta des devins réputés, dont les augures furent tous défavorables. L’un dit qu’elle « toucherait du bout du doigt à son dessein, mais qu’un petit enfant la garderait d’y parvenir »  : or, elle était enceinte. Un deuxième affirma qu’elle ne devait être mariée qu’une fois dans sa vie : elle avait épousé le sire de Liancourt en justes noces. Un troisième lui prédit qu’elle périrait assez jeune. Tout cela était bien sombre, d’autant que Rosny et Villeroy avaient enfin persuadé le roi que les enfants nés d’une liaison adultère ne pouvaient prétendre à la succession, à moins de violer le droit canon et les lois du

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