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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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« péché capital ». Elle se déroba d’abord à ses assiduités, manière habile et classique d’exciter la passion d’un homme. Émoustillé par ce refus, il se prit au jeu, et lui envoya des vers qui en disaient long sur son état d’esprit :
    Vous êtes mon unique amour,
Jour et nuit pour vous je soupire […]
Je vous offre sceptre et couronne…
    Le reste était à l’avenant. Henri lui offrit d’abord la terre de Beaugency (juillet 1599). Comme elle ne cédait toujours pas, il lui donna la terre de Verneuil-en-Halatte 75 puis lui signa une promesse de mariage 76 assortie d’une « prime » de 50 000 écus si elle accouchait d’un fils dans l’année à venir (1 er octobre). Trop confiant, il ignorait sur quels rapaces il était tombé ; le compromettant billet fut remis à François d’Entragues, père d’Henriette, individu totalement dénué de scrupules, qui le garda à toutes fins utiles. Henri IV démontra une fois de plus son imprudente faiblesse avec les femmes ; cette faiblesse confondit ses proches, d’autant que le pape venait enfin de prononcer l’annulation de son union avec la reine Margot, et qu’une mission diplomatique négociait son mariage avec Marie de Médicis, en Toscane. Pour le roi, esclave de son plaisir, l’essentiel fut que la belle Henriette lui cédât enfin (15 octobre 1599), bien qu’on devine aisément qui cédait le plus à l’autre. La vertu de Mlle d’Entragues pouvait se révéler coûteuse à la longue. Rosny versa les fonds, non sans maugréer contre pareille gabegie.
    Le contrat de mariage du roi et de Marie de Médicis fut enfin conclu le 25 avril 1600, à la fureur d’Henriette, alors enceinte. Le roi comprit un peu tard son imprudence de l’automne précédent et intima à sa favorite et à son père de lui restituer le fâcheux billet. Ils firent la sourde oreille. Mais le destin veillait : en juillet, Henriette accoucha d’un fils, qui mourut le jour même, faisant échouer la fameuse promesse. Elle n’avait cependant pas tout perdu : le mois précédent, Henri IV avait érigé sa terre de Verneuil en marquisat et lui avait concédé le comté de Beaugency.
    Ambition contrariée
    Le roi épousa Marie de Médicis en décembre 1600, après qu’Henriette eut tenté de l’en dissuader durant tout l’automne ; elle l’avait insolemment questionné un jour quand il épouserait sa « banquière », et il avait durement répliqué : « Aussitôt que j’aurai chassé toutes les putains de la cour ! » Cela avait jeté un froid (5 octobre). Mais après quelques semaines passées à Lyon avec la nouvelle reine, Henri IV se dépêcha de retourner dans les bras de sa favorite, dont il aimait tant les « petits garçons 77  » , tandis que la cour revenait par courtes étapes avec la reine, qui n’entra à Paris que le 24 janvier 1601.
    Peu délicat, Henri présenta sa favorite à la reine en ces termes : « Cette femme a été ma maîtresse et veut être aujourd’hui votre humble servante. » Comme Henriette tardait à faire sa révérence, le roi l’y obligea assez brutalement. L’hostilité entre les deux femmes fut immédiate. L’acariâtre Henriette, que le roi avait logée au Louvre, non loin des appartements de Marie de Médicis, faisait de fréquentes scènes au couple, allant jusqu’à traiter la reine de « grosse banquière ». Moins intelligente que sa rivale, Marie avait en revanche l’injure facile et qualifiait la marquise de « poutane » sans grand risque d’erreur. Elles furent enceintes en même temps et Henri IV confia avec cynisme : « Il me naîtra bientôt un maître et un valet. » La reine accoucha du dauphin le 27 septembre 1601, Henriette eut un garçon le 4 novembre. Le roi se réjouit des deux naissances, surtout de la première, qui assurait l’avenir de sa dynastie. Mais, dénué du moindre tact, il proclama que le fils d’Henriette était plus beau que le dauphin Louis…
    Furieuse de voir disparaître ses espoirs d’accéder au trône, la favorite ne se remit pas d’avoir enfanté après la reine et reporta sa mauvaise humeur sur Henri IV. Elle le trompa avec le prince de Joinville, se moqua de lui et l’abreuva d’humiliations : « En vérité, Sire, vous puez comme charogne », eut-elle l’audace de lui dire – avec quelque franchise, tant il manquait d’hygiène 78 . Elle tourna ses défaillances sexuelles en dérision et, dans ses lettres à Joinville, le

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