FBI
sur les quartiers chauds de la ville. Les policiers qui le guident à travers les hauts lieux de la prostitution ignorent qu’ils ouvrent à un grand fauve un nouveau territoire de chasse. Durant le séjour d’Unterweger à Los Angeles, trois prostituées sont battues, violées et étranglées avec leur soutien-gorge. En Autriche, le filet se resserre autour de lui, la police le soupçonne d’être à l’origine d’une demi-douzaine des meurtres de prostituées commis depuis sa sortie de prison. Arrêté, jugé et condamné, Unterweger se suicide en prison, le 29 juin 1994.
La manière dont Gregg O. McCrary a traqué Unterweger ou le couple Bernardo Homolka eût mérité plusieurs chapitres. Nous avons pourtant renoncé à évoquer ces deux affaires, comme d’autres tout aussi passionnantes ; nous avons préféré retenir le rôle joué par Gregg O. McCrary lors du siège tragique de David Koresh et de sa secte de Davidiens, à Waco, dans le Texas : son témoignage et celui d’autres négociateurs apporte de nouveaux éléments au récit d’une histoire qui reste une pierre noire dans le jardin du Bureau.
Deux ans jour pour jour après la tragédie de Waco, le 19 avril 1995 à 9 h 2, une énorme explosion déchire le cœur d’Oklahoma City. CNN interrompt ses émissions et diffuse les images du bâtiment fédéral « Alfred P. Murrah », éventré de haut en bas et de long en large. Le nombre des victimes s’élève à 168. L’enquête du Bureau est impeccable, le coupable vite arrêté. Sa gestion du procès l’est moins. Le FBI multiplie les erreurs de procédure. Pourquoi a-t-il pu faire preuve d’autant de négligence dans l’enquête sur le plus gros attentat terroriste commis aux États-Unis au siècle dernier ? Le sénateur républicain Charles Grassley met en cause la «mentalité de cow-boy » des agents du FBI : « Une certaine arrogance, le fait que chaque fois que le FBI s’écarte de sa mission fondamentale, c’est-à-dire la recherche de la vérité, cela se passe mal. Il y a au FBI un style de gestion, une culture qui tend à donner priorité aux gros titres et aux relations publiques… »
4. L’ennemi extérieur
En première ligne de défense de l’Empire, le Bureau est aussi chargé de lutter contre les ennemis de l’extérieur. Mais les « ratés » se multiplient. De la guerre froide à celle contre l’« Axe du Mal » sans omettre la lutte contre le péril chinois, le Bureau est-il condamné à répéter inlassablement les mêmes erreurs ? Sa puissance est-elle proportionnelle à la somme des peurs engendrées par l’étranger ? À l’instar de l’Empire, son approche est schizophrénique : terre d’accueil de toutes les immigrations, les États-Unis vivent dans la crainte panique de l’étranger. Sous les coups des terroristes islamistes, le Bureau s’est transformé en machine de guerre. Dans un monde aux frontières rendues perméables par les nécessités du commerce international et par l’essor des transports aériens à bas prix, la menace extérieure devient difficile à circonscrire. Chasseurs d’espions communistes ou chinois, responsables de la lutte contre les terroristes islamistes, nous avons interrogé d’anciens hauts responsables du FBI sur le devenir de leur agence à partir de leur expérience concrète.
À la pointe sud de Manhattan, à deux pas de la baie de Hudson, des dizaines d’ouvriers s’affairent au fond du gigantesque trou qui s’ouvre à l’endroit où se dressaient les tours jumelles du World Trade Center : Ground Zero . Depuis le 11 septembre 2001, le quartier a des allures de ville fantôme. On sent comme un poids qui s’estompe progressivement alors que l’on remonte vers le centre de l’île. C’est ici que sous une pluie de béton, d’acier, de verre et de feu, sont mortes presque au même instant 2 974 personnes originaires de 90 pays différents. Par une angoissante correspondance, nous avons réalisé presque tous les entretiens concernant les attentats du 11 septembre dans une chambre d’hôtel transformée en studio, à une dizaine de mètres de Ground zero . Difficile, ce faisant, de ne pas ressentir la gravité de l’instant.
Parmi tous ceux qui ont eu à combattre Al Qaida et que nous avons rencontrés, deux Agents spéciaux se détachent. D’abord Dan Colman, dit « le Professeur », parce qu’il est le plus fin connaisseur de Ben Laden. Difficile d’oublier sa toux
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