FBI

homme qui, après avoir passé sa vie à sonder l’âme des grands tueurs, a fini sa carrière en s’occupant, pour le Bureau, des phénomènes inexpliqués : OVNI, mutilations de bétail, manifestations paranormales en tout genre. Howard Teten, archétype de Fox Mulder, héros de la série télévisée culte, X-Files … ? Difficile d’approcher le mythe américain de plus près.
    Howard Teten a formé des générations d’agents et de profileurs du FBI. Ses travaux, menés à l’insu de J. Edgar Hoover, ont accouché d’une des sections de pointe du FBI, la Behavioral Science Unit (BSU), dont les agents sont parmi les plus étonnants qui soient.
    Surnommé le « Docteur Mort », Brad Garrett est invariablement vêtu de noir. Il a développé une technique d’interrogatoire qui lui a permis de venir à bout des adversaires les plus retors. Le Bureau de Washington lui doit ses plus grand succès : c’est lui qui a résolu le mystère de la tuerie du Starbuck , au cours de laquelle un employé de la Maison-Blanche et deux autres personnes furent poignardés ; c’est lui qui a fait craquer les tireurs solitaires qui terrorisaient la banlieue de Washington au début des années 2000 ; c’est encore lui qui a résolu le mystère de l’assassinat de Chandra Levy, affaire qui a longtemps tenu en haleine Washington en raison de ses relents de scandale sexuel et politique. On sent, chez ce sexagénaire aux faux airs d’Anthony Perkins, une faille qui ne se refermera jamais : celle des affaires qu’il n’a pu résoudre et qui le hantent toujours, comme l’enlèvement et l’atroce assassinat d’une mère de famille vietnamienne et de sa fille, noyées dans un tonneau jeté dans une mare glacée de la banlieue de Washington ; un dossier qu’il se refuse à clore et sur lequel il continue à travailler avec son successeur, après sa retraite. On retiendra de Brad Garrett qu’il a su mettre ses techniques d’enquête et de profileur au service de la lutte anti-terroriste ; on le verra ainsi traquer un fanatique islamiste jusqu’au Pakistan pour l’amener devant un tribunal américain et l’accompagner, à sa demande, jusqu’à la chaise électrique.
     
    L’engouement du public américain pour les romans, les documents, les films et les téléfilms consacrés aux tueurs en série se fait jour à la fin des années 1960, dans une Amérique en proie à la contestation. Depuis lors, les exemples de la fascination croissante qu’ils exercent sur le public américain sont chaque jour plus nombreux. Le combat singulier entre le tueur en série super-intelligent et son alter ego, un profileur du FBI toujours aussi brillant et intuitif, est narré de la manière la plus réaliste possible. Une aubaine pour le FBI qui redore son blason grâce à son plus fidèle allié : Hollywood ! Les écrans, les théâtres, les librairies sont envahis par les psychopathes. Tout commence avec le film consacré à l’« étrangleur de Boston », avec Tony Curtis. Le sommet est atteint par le film de Jonathan Demme, Le Silence des agneaux , « voyage au pays de l’horreur absolue » : l’affrontement entre l’aspirante agent du FBI, jouée par Jodie Foster, et le psychopathe interprété par Anthony Hopkins, connaît un triomphe inattendu et redonne ses lettres de noblesses au Bureau. Grâce au succès du film, le FBI retrouve une popularité oubliée depuis les années 1960.
    Parmi tous les profileurs que nous avons interrogés, Gregg O. McCrary est sans doute le plus éclectique. Cet homme doux, presque timide, pianiste de concert réputé, est un des meilleurs profileurs du Bureau. Après avoir traqué les tueurs en série aux États-Unis, il travaille au Canada aux côtés de la police montée, et participe à l’enquête sur le couple pervers et meurtrier formé par « Ken & Barbie », les époux Paul Bernardo et Karla Homolka. Le prédateur le plus retors qu’il ait traqué ? Johann « Jack » Unterweger. Au début des années 1990, Unterweger est la coqueluche de l’intelligentsia et des médias autrichiens qui le présentent comme un modèle de réinsertion. Après avoir purgé une lourde peine de prison pour l’assassinat d’une prostituée, il écrit Le Purgatoire , un best-seller, puis des pièces de théâtre dont le succès lui vaut de participer à tous les talk-shows de la télévision autrichienne. Journaliste à ses heures, il débarque à Los Angeles pour rédiger un reportage