FBI
fois pour le meurtre de William Logan. Le Chicago Tribune titre : « Mission impossible ». Les experts judiciaires s’entre-déchirent sur le « double jugement ». La bataille judiciaire sera rude.
Le dossier atterrit sur le bureau d’un des juges les plus redoutables du comté de Cook. Appelé à se prononcer sur le « double jugement », il rend une décision de quarante pages où il conclut que, dans le cas où un juge a été acheté, le jugement « est plus virtuel que réel », et donne raison au Département de la Justice. Harry Aleman devient le premier citoyen américain à être rejugé pour un crime dont il a été acquitté.
La « Machine à tuer » est déjà en prison pour un autre crime. Il ne reste pas les bras croisés. Quelques mois avant l’ouverture du procès, les gardiens de la prison fédérale de Chicago interceptent une note qu’il vient de remettre à son beau-fils : « Si jamais cela va devant les tribunaux, il faut s’occuper des deux, l’un après l’autre. » Le FBI n’a aucun doute sur l’identité des « deux » dont il faut « s’occuper » : il s’agit de l’Agent spécial qui a suivi le dossier depuis le début, et de Robert Cooley dont le témoignage contre la « Machine à tuer » est essentiel.
Le procès s’ouvre le 22 septembre dans un Palais de Justice en état de siège. Le retour de Robert Cooley à Chicago paralyse pratiquement la moitié de la ville. Il arrive au milieu d’un cortège de voitures blindées. Avant son passage, toutes les routes sont fermées à la circulation. Le trafic est interrompu sur tous les axes conduisant au Palais de Justice. Cooley sort d’un véhicule blindé, entouré d’une nuée d’agents des SWAT du FBI, armés de mitraillettes et d’armes automatiques. À l'intérieur du Palais, il est attendu par des dizaines d’autres agents armés jusqu’aux dents.
Robert Cooley entre seul dans la salle du tribunal. Sur le banc des accusés, Harry Aleman est décontracté ; il porte veston et polo, comme s’il allait déjeuner à son country-club. Cooley remarque qu’un homme ne le quitte pas du regard. Il a l’impression de l’avoir déjà vu et le signale discrètement à un agent du FBI, qui prend une photo. Quelques minutes plus tard, la base de données du Bureau révèle qu’il s’agit d’un tueur à gages de la Mafia mexicaine qui fait l’objet d’un mandat d’amener. Le tueur est arrêté en douceur à sa sortie du tribunal.
À la fin de sa déposition, Robert Cooley raconte son avant-dernière rencontre avec le juge Frank Wilson dans les toilettes d’un grand restaurant, avant qu’il ne quitte Chicago. Il parle avec émotion de l’homme effondré qui venait de réaliser qu’il avait brisé sa carrière pour une somme dérisoire. Il termine son témoignage par les derniers mots du juge Wilson : « Vous m’avez détruit. » En lui-même, il ajoute : « Moi aussi, je me suis détruit. »
Harry Aleman est condamné à une peine de prison variant entre « cent et trois cents ans ». Il est le premier tueur de l’« Entreprise » à avoir jamais été condamné pour meurtre.
Le procès de Pat Marcy et des hommes de la Première Circonscription s’ouvre dans un climat de moindre tension, mais suscite autant de passion. La presse, qui jusqu’alors tirait à boulets rouges sur Robert Cooley, corrige le tir. Les journaux ne parlent plus de lui comme d’un avocat véreux, mais comme de « la taupe du gouvernement ». Pat Marcy n’est plus présenté comme un homme d’affaires victime du Bureau, mais comme le responsable d’un système mafieux qui gangrenait la ville depuis les années 1930. Les journaux citent l’Agent spécial Bill Roemer, l’as de la lutte anti-Mafia, qui affirme que Pat Marcy a bel et bien fait partie de la Mafia.
Quand Robert Cooley prend place pour témoigner dans la salle d’audience, il ne peut s’empêcher d’observer du coin de l’œil Pat Marcy. Il s’attendait à trouver un vieillard qui n’aurait plus été que l’ombre de lui-même ; âgé de soixante-dix-huit ans, Marcy souffre d’insuffisance cardiaque. Mais il voit un Pat Marcy égal à lui-même, qui le dévisage avec sa morgue d’antan. Robert Colley ne résiste pas au plaisir de lui adresser un petit clin d’œil que l’on ne saurait qualifier de complice. Le regard du responsable de la Première Circonscription s’assombrit, il cherche sa respiration.
Pour faciliter
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