FBI
impossible d’accéder au bureau du conseiller sans passer sous un portique détectant les masses métalliques et les explosifs. Robert Cooley s’en aperçoit trop tard et, comble de malchance, Fred Roti l’attend de l’autre côté du portique et lui fait signe d’avancer. Avec le Nagra sur lui, il n’a qu’une solution : rebrousser chemin. Plus tard, il affirmera qu’il portait une arme. Dans les années 1980, à Chicago, nul ne s’étonnait de voir un avocat en vue se promener avec une arme sur lui.
Quelques mois plus tard, Robert Cooley ne sort plus qu’armé. Et plutôt deux fois qu’une : alors que l’opération « Gambat » monte en puissance, il porte sur lui deux armes, un puissant Colt 45 chargé de neuf balles de fort calibre (11,43 mm) et un Airweight à cinq coups. En septembre 1989, le FBI décide de mettre fin à l’opération « Gambat ». Le Bureau sait que son infiltré est sur le point d’être démasqué. Pat Marcy se méfie et se sait surveillé depuis la découverte d’un micro au Councellor Row, à portée de voix de la « Table de la Première Circonscription ». Avant d’en finir, Cooley tente d’amasser un maximum de preuves. Désormais, à chacune de ses rencontres avec Marcy, il porte son Nagra. Dans le même temps, il essaie d’entraîner dans un piège un des capitaines de l’« Entreprise », Marco d’Amico, en lui proposant de braquer une partie de poker. Le mafieux accepte et monte une équipe. Tout est en place pour accueillir les mafieux. Un commando des Forces d’intervention du FBI (SWAT) les attend, arme au poing, dans une maison de campagne où la partie est censée se dérouler. Mais, au moment de passer à l’action, les mafieux repèrent une voiture de police et rebroussent chemin.
Avant de boucler son dossier, Robert Cooley a une dernière chose à accomplir : il veut faire rouvrir le dossier Harry Aleman, sa première affaire de corruption de magistrat. Quand Cooley annonce son intention aux agents du FBI, ces derniers le traitent de fou :
« Harry Aleman a déjà été jugé et acquitté en deuxième instance. Il ne peut plus être rejugé. Notre Constitution interdit la double poursuite judiciaire ! »
Techniquement parlant, la Constitution américaine interdit de juger une même personne deux fois pour le même crime. Mais la loi interdit aussi de corrompre les juges et les jurés. « Nous pouvons donc considérer que, en ce qui concerne Harry Aleman, il n’y a pas eu de jugement », dit Maître Cooley.
Officiellement, rien ne rattache Robert Cooley à l’affaire. Il ne peut pas prouver que Pat Marcy l’a chargé de trouver un juge complaisant, ni même qu’il connaît Harry Aleman. Alors que « Gambat » est sur le point de se terminer, Robert Cooley n’a pas d’éléments pour asseoir son témoignage. Afin de constituer son dossier, il commence par rendre visite au juge Frank Wilson, qui a pris sa retraite en Arizona. Le juge n’est pas ravi de revoir Cooley. On le comprend : il a sabordé sa carrière en échange du pot-de-vin de 10 000 dollars remis par Cooley. « Ça fait neuf ans que je moisis ici, dit-il, ça fait neuf ans que je suis en train de crever ! » Il accepte quand même de dîner avec Cooley, mais vient accompagné de son épouse. Pas question, dans ces conditions, de parler du procès de Harry Aleman. L’occasion d’aborder le sujet se présente quand Cooley raccompagne le juge à sa voiture. Il lui annonce que l’enquête va être rouverte : « Je ne vais pas porter la responsabilité de l’affaire, je vais être obligé de dire la vérité. Et vous, que comptez-vous faire ? »
Le juge boite bas, mais, en dépit de son handicap, il se précipite vers sa voiture en s’exclamant : « Ne vous en faites pas pour moi ! »
Robert Cooley insiste.
« Je ne sais rien sur rien ! » lance Frank Wilson en grimpant dans son véhicule. Le juge a peur que leur conversation ne soit enregistrée. Il s’enferme dans sa voiture et démarre.
L’automobile s’éloigne. Dans sa panique, le juge en a oublié son épouse, restée en arrière pour discuter avec la compagne de Robert Cooley.
Nullement découragé, celui-ci décide de tenter la même opération auprès de Harry Aleman. Cette fois, il sait qu’il risque gros. On ne rencontre pas la « Machine à tuer » sans une bonne raison. Rares sont ceux qui le cherchent ; en revanche, lui sait où trouver ses victimes. Robert Cooley
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