FBI

la déposition de Robert Cooley, le procureur a bien fait les choses. Il a fait dresser un plan détaillé du Councellor Row, avec l’emplacement de la « table de la Première Circonscription » et les différents itinéraires empruntés par Pat Marcy pour rejoindre les bureaux ou les cagibis où il tenait ses conversations secrètes. Chaque fois que Cooley évoque les parrains de l’« Entreprise », l’avocat de la défense fait objection. À la fin, le juge demande au témoin de parler des mafieux comme s’ils étaient des associés de la Première Circonscription. Robert Cooley se retient d’éclater de rire et de répondre : « Vous ne savez pas combien vous avez raison, Votre Honneur ! »
    Au deuxième jour de sa déposition, alors que Robert Cooley est train de raconter comment il « arrangeait » les affaires en trouvant des juges complaisants, Pat Marcy s’étouffe et tousse. Cooley se dit que son ancien boss essaie de distraire les jurés. Le président du tribunal n’est pas de cet avis. Voyant Marcy devenir blême et manquer d’air, il ordonne une suspension de séance. Quelques minutes plus tard, Pat Marcy est transporté aux urgences, où les médecins diagnostiquent une crise cardiaque. Il ne reviendra jamais dans la salle du tribunal. Il décède trois mois plus tard.
    L’opération « Gambat » donne lieu à neuf procès et bouleverse la carte de la criminalité organisée à Chicago. Vingt-quatre hommes politiques, juges, conseillers municipaux ou mafieux sont condamnés à de lourdes peines de prison. Pour puissante qu’elle demeure, l’« Entreprise » n’est plus ce qu’elle était. Élu maire, le procureur Richard Dailey a fait exploser la Première Circonscription. Désormais, les « temples du pouvoir » sont éparpillés dans la ville et les parrains ne la contrôlent plus.
    Robert Cooley a témoigné aux différents procès au milieu d’un impressionnant déploiement de forces. L’« Entreprise » a lancé un contrat pour son élimination. Depuis, Cooley revient de temps à autre à Chicago pour voir sa famille et les rares amis qui lui restent. Il le fait toujours à l’improviste, et ne s’attarde pas. Son existence a repris son cours chaotique. Incapable de demeurer trop longtemps au même endroit, il déménage au moindre signe suspect, et évite de trop parler de lui quand il se fait de nouveaux amis. Il a brisé la Première Circonscription, mais le paie au prix fort. Désormais, sa vie est celle d’un errant. Une vie d’ex-informateur du FBI. Une vie de chien !
    1- Robert Cooley, When Corruption Was King ; How I Helped the Mob to Rule Chicago , Then Brought the Outfit Down , New York, Carroll & Graf Publishers, 2004 ; http://www.whencorruptionwasking.com/index.html.

IX
     
    Abysses (1970-2009)
     
    Le lecteur découvre RICO, le cauchemar des parrains – Paul Castellano, un parrain très écouté – Où l’on apprend comment écouter la Mafia – « Spec Ops » contre « Commission » – Où l’on fait la connaissance du « Teflon Don » – Et celle de Whitey Bulger, le Most Wanted n˚ 2 – L’« Animal » et l’« Ours », deux tueurs pas comme les autres – Du rififi à Boston – On se plonge dans les mystères de Boston – Les « informa-tueurs » du FBI – La ville dont le prince est un tueur – La Mafia et la pelote basque – Zip et ses amis – Whitey Bulger et son frère – Le lecteur assiste à la triste fin d’une légende du FBI – Où l’on retrouve deux connaissances associées pour le pire – Celui qui scrute l’Abysse…
     
    RICO
     
    Au bureau de New York, on les surnomme « le Professeur » et « l’Homme des Bois ». Jim Kossler et Jules Bonavolonta sont les inséparables de la lutte anti-Mafia. L’un ne va pas sans l’autre, ils se complètent. Le premier est aussi réfléchi que le second est impulsif. Avant de rejoindre le Bureau, Jim Kossler enseignait à des enfants attardés, alors que Jules Bonavolonta traquait le Viêt-cong dans les jungles du Vietnam. Mais une même passion les a unis : celle de la lutte contre la Mafia.
    Début 1980, les deux agents du FBI sont à l’université de Cornell, à Ithaca, dans l’État de New York, pour écouter le séminaire d’une sommité, Robert Blackey. Ancien responsable de la section « Criminalité organisée » du Département de la Justice, et membre de la Commission des lois du Sénat, il a été le conseiller de Robert Kennedy en