FBI

essor quand les parieurs ont commencé à s’y intéresser. Les frontons se sont multipliés aux États-Unis, et Jai Alai est devenu une véritable industrie dont une des plus grosses firmes, World Jai Alai, est basée à Boston. Pour leur malheur, les héritiers des fondateurs de World Jai Alai ont engagé comme président, à la fin des années 1970, un ancien comptable d’Arthur Andersen, John Callahan. C’est un solide Américano-Irlandais atteint de ce qu’un enquêteur appellera une « gangstérite aiguë ». Il fait partie de ces bons citoyens fascinés par le crime, qui n’hésitent pas à mordre la ligne blanche, et il fréquente régulièrement la bande de Winter Hill. Aussi, quand il cherche un responsable à la sécurité pour World Jai Alai, son ami Stephen « Porte-Flingue » Flemmi lui suggère d’embaucher un agent du FBI à la retraite, H. Paul Rico.
    Sur le papier, le choix est judicieux. Auréolé de sa réputation de « favori » de J. Edgar Hoover, Rico va rejoindre l’armée des « ex » du Bureau, grassement payés pour s’occuper de la protection de très grosses entreprises américaines. Il connaît tout le monde, les bons comme les méchants, et sait comment se comporter avec eux, surtout avec le FBI. Il commence par embaucher la femme d’un de ses anciens collègues et s’attire les bonnes grâces d’au moins deux Agents spéciaux du bureau de Miami, qui ont droit à des remboursements de frais et à des vacances aux Bahamas. H. Paul Rico n’est pas un ingrat : à peine installé, il cherche un moyen de faire entrer Whitey et « Porte-Flingue » dans l’affaire. Et il le trouve.
    World Jai Alai contrôle deux frontons à Miami et à Tampa, et vient d’en acheter un troisième, plus au nord, à Hartford, dans le Connecticut. C’est ce dernier fronton qui pose problème à H. Paul Rico : il craint que, en raison de sa proximité avec New York, il n’attire les convoitises des cinq familles de la Mafia qui dévorent la Grosse Pomme à pleines dents. L’ancien Agent spécial a les moyens de faire face. Il confie la tâche de tenir à l’écart la Mafia à deux vieilles connaissances, Whitey Bulger et Stephen Flemmi. Les loups entrent dans la bergerie, la table est mise, ils n’ont plus qu’à se servir. Au début des années 1980, la bande de Winter Hill siphonne chaque semaine la trésorerie du fronton de Hartford pour 10 000 dollars, somme conséquente pour l’époque.
    Tout irait pour le mieux dans le pire des mondes si les propriétaires de World Jai Alai n’avaient décidé de vendre la société à Roger Wheeler, milliardaire originaire du Massachusetts. Bien sûr, comme tout le monde à Boston, Wheeler a entendu parler de l’infiltration de la criminalité dans le monde du Jai Alai . Il pense pouvoir contenir le problème grâce à H. Paul Rico, son vice-président, chargé de la sécurité. En outre, ce qui ne gâte rien, la mariée est belle : Wheeler achète 50 millions de dollars une société qui doit lui rapporter au moins 6 millions par an. Dès son arrivée, le milliardaire commence à déchanter : il subodore qu’il y a quelque chose de pourri dans le fronton de Hartford. Il demande à l’une des comptables du groupe, Peggy Westcoat, de se pencher sur la question.
    Le 20 décembre 1980, les policiers de Miami pénètrent chez Peggy Westcoat et tombent sur le cadavre de son petit ami, pendu dans l’entrée. Dans la pièce voisine, c’est celui de la comptable qui est retrouvé. Elle a été étranglée avec une grosse corde après avoir été torturée. Le message est clair. Roger Wheeler le reçoit cinq sur cinq. Mais il ne réagit pas comme il devrait. Il ne ferme pas les yeux. Décidant de jeter le fruit pourri avant qu’il ne contamine tout le panier, il met en vente le fronton de Hartford. Pour le gang de Winter Hill, ce n’était pas une option retenue. Le 27 mai 1981, alors qu’il vient de terminer son parcours hebdomadaire de golf au Southern Hills Country Club, dans la banlieue de Tulsa, Roger Wheeler s’installe au volant de sa Cadillac. Un homme grand, portant perruque et fausse barbe, s’approche. Johnny Martorano, le « Boucher de Basin Street », sort son arme, vise le milliardaire et lui tire une balle entre les deux yeux avant de s’éloigner. Wheeler s’effondre, mort. Il faudra plus de vingt ans aux enquêteurs pour découvrir la vérité.
    Les amis new-yorkais de Zip
     
    La fin des années 1980 sonne