FBI

morceau en obtenant de Bulger une réduction de ses prétentions.
    L’Agent spécial John Connolly est sûr de lui et de son pouvoir. La fille d’une des victimes de Whitey Bulger vient le voir pour avoir des nouvelles de son père disparu.
    « Chérie, lui aurait dit paternellement Connolly, ton père est mort, ils l’ont poignardé. Mais ne t’en fais pas, il n’a pas souffert : ils l’ont d’abord soûlé… »
    Comment « Zip » est-il au courant de ce détail ? Par la suite, la fille dira à la presse que l’agent du FBI lui a confessé avoir assisté à la scène. Connolly aurait de plus déconseillé à la malheureuse d’aller trouver la police, de crainte de compromettre une opération d’infiltration cruciale pour le Bureau. Mais la fille a un problème : depuis la disparition de son père, sa famille est sans le sou. Pour toucher l’argent de l’assurance-vie, son père doit être déclaré décédé. L’Agent spécial Connolly lui signe une lettre tenant lieu d’acte de décès.
     
    Les agents du Bureau se moquent plus ou moins ouvertement de « Zip ». Ils ont constaté que sa personnalité a changé. Il s’habille comme un mafieux, avec des vêtements de luxe d’un style très voyant, il arbore de grosses bagues et des chaînes en or. Désormais, ses collègues l’appellent « Cannoli », du nom de pâtisseries siciliennes. Mais l’affaire « Lobster » va très vite faire taire les rieurs.
    Dans le cadre de la lutte contre la Famille locale, le FBI a décidé de monter une équipe chargée de mettre fin aux pillages de camions, sur le modèle de celle créée à New York. John Connolly a fait venir un de ses amis du bureau de New York, Nick Gianturco, qui s’installe en ville sous le faux nom de Nick Giarro, et loue un entrepôt où il installe sa société. L’opération « Lobster » connue grâce à un informateur du bureau de New York, Nick Giarro se fait passer pour un receleur qui paie vite et bien. Rapidement, tous les pilleurs de camions de la région lui apportent leur butin. L’entrepôt se remplit des cargaisons les plus disparates : les palettes de farine voisinent avec les caisses de liqueurs, les meubles emballés, les cartons de vêtements, les sacs de ciment et les parpaings avec les téléviseurs et les cigarettes. Fin 1978, le bureau de Boston a déjà récupéré pour près de 3 millions de marchandises et s’apprête à mettre fin à l’opération en arrêtant les pilleurs.
    John Connolly entre alors en scène. Stephen Flemmi vient de lui apprendre que des « amis » ont l’intention de braquer et tuer le nouveau « fourgue » qui s’est installé en ville. Ils lui ont déjà fixé un rendez-vous en se faisant passer pour des clients venus de Charleston. Avant de passer à l’action, ils veulent savoir si le receleur n’est pas protégé par la Mafia. « Porte-Flingue » demande à « Zip » de se renseigner.
    John Connolly a compris que la future victime n’est autre que son collègue new-yorkais Nick Gianturco. Il l’alerte, lui sauvant ainsi la vie. Depuis lors, Gianturco fait partie des inconditionnels de Connolly. Même si elle n’a fait l’objet d’aucun rapport, l’histoire s’est répandue comme une traînée de poudre à l’intérieur du bureau de Boston. Ceux qui ne connaissaient pas la source de l’information ont désormais regardé John Connolly avec respect ; ceux qui savaient ont commencé à se dire que le jeu en valait la chandelle.
    Les informateurs du FBI
     
    Au début des années 1980, la plupart des membres importants du gang de Winter Hill sont en prison ou en fuite à la suite de l’affaire des courses truquées. Il ne reste plus que deux individus en liberté : Whitey Bulger et Stephen Flemmi, les deux « informa-tueurs » du FBI. Autour d’eux gravite une cohorte de demi-soldes, de trafiquants à la petite semaine, de tueurs sans gages. Whitey et « Porte-Flingue » décident qu’il est temps de bouger leur quartier général. Ils vendent le garage de Winter Hill et en achètent un autre dans Boston, sur Lancaster Street, à moins de cinq minutes à pied du siège du FBI. Ils reconstituent la bande sur de nouvelles bases en s’assurant par la violence la mainmise sur les prêts usuraires qui ne sont pas encore contrôlés par la Mafia, et font leurs débuts dans le trafic de drogue.
    Enquêtant sur un réseau de voitures volées, la police de l’État du Massachusetts remonte jusqu’à