FBI

informateurs par le FBI. À l'issue du procès Patriarca, le juge Wolf se saisit du dossier et enquête pendant dix mois sur la manière dont le FBI a « géré » Bulger et Flemmi, avant d’émettre un verdict de 661 pages, véritable pierre tombale pour Connolly et pour le FBI.
    L’Agent spécial Connolly n’a pas d’états d’âme. En ce qui concerne les informateurs du FBI, il explique : « Je suis désolé, mais ce ne seront jamais des anges. Ce seront toujours des sociopathes ! » Pour le Bureau, John Connolly, lui, est un ange déchu, une monstrueuse anomalie, une perversion de l’agent. Ce n’est pas l’avis du juge Mark Wolf : à ses yeux, c’est tout le système mis en place par le Bureau dans les années 1950 qui était perverti. John Connolly n’a-t-il pas repris le flambeau que lui tendaient deux autres « anges déchus », H. Paul Rico et Dennis Condon ? Les responsables du FBI n’ont-ils pas eu le tort de laisser la bride sur le cou à des agents peu scrupuleux au nom de la lutte contre Cosa Nostra ? Enfin, Mark Wolf se pose une question encore plus terrible : pour lutter contre la criminalité organisée, le FBI n’a-t-il pas créé un monstre encore plus redoutable que celui qu’il était censé combattre ? Les crimes de Whitey Bulger et ceux de Stephen Flemmi n’ont en effet rien à envier en cruauté et en barbarie à ceux perpétrés par Raymond Patriarca ou par Gennaro Angiulo, pour ne citer qu’eux.
    Dans ses conclusions rédigées en septembre 1999, le juge Wolf affirme : « Le FBI a fabriqué Bulger et Flemmi, qui étaient auparavant de simples connaissances, mais n’étaient pas des proches. Un mariage parfait ! À Boston, Flemmi et Bulger n’ont fait que partager une antipathie pour Cosa Nostra, un désir de profiter de manière criminelle de son anéantissement, et surtout de la promesse de la protection du FBI. »
    À l’issue de l’enquête du juge Wolf, John Connolly est condamné le 16 septembre 2002 à dix ans de prison, peine maximale prévue pour racket, obstruction à l’action de la justice et fausses déclarations. Dans les attendus, le juge accuse l’ancien Agent spécial d’avoir couvert les crimes de ses deux protégés.
    Mais ce n’est encore rien par rapport à ce qui attend l’ancienne star du FBI en Floride…
    Où l’on retrouve Paul Rico
     
    En janvier 1995, après les inculpations de Whitey Bulger et de Stephen « Porte-Flingue » Flemmi, la police d’État de Boston et la DEA partent à l’assaut de la bande de Winter Hill. John Martorano, le « Boucher de Basin Street », est arrêté à Boca Raton, en Floride, où il s’était réfugié treize ans auparavant. Au début, Martorano se mure dans le silence. Mais, en apprenant que ses anciens frères d’armes, Bulger et Flemmi, sont des informateurs du FBI, il change de stratégie judiciaire et passe un accord avec le gouvernement. Il reconnaît vingt assassinats. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement à deux des derniers, qui les mènent droit au FBI.
    L’assassinat numéro dix-huit, celui de Roger Wheeler, propriétaire du World Jai Alai, permet aux policiers d’État d’arrêter H. Paul Rico, responsable de la sécurité de cette société. John Martorano accuse l’ancien agent du FBI de lui avoir fourni toutes les informations nécessaires à l’assassinat du milliardaire. En décembre 2003, la police débarque chez Rico. Quand l’ancienne vedette du Bureau apprend qu’il est arrêté pour meurtre, il demande aux policiers s’ils plaisantent. Quand il réalise que les policiers sont sérieux, l’ancien Agent spécial se liquéfie. Un an plus tard, il est extradé vers l’Oklahoma pour répondre de complicité dans l’assassinat de son ancien patron, Roger Wheeler. Le 16 janvier 2004, H. Paul Rico meurt à l’hôpital de Tulsa, seul et abandonné de tous, sous la garde d’hommes en armes. Triste fin pour l’ancien « mignon » de J. Edgar Hoover !
    Le dernier assassinat revendiqué par John Martorano est celui de John Callahan, l’ancien directeur général du World Jai Alai. Martorano reconnaît avoir abattu Callahan de deux balles dans la tête avant d’abandonner son cadavre dans le coffre d’une voiture garée sur le parking de l’aéroport de Miami, le 31 juillet 1982. Le « Boucher de Basin Street » affirme que Whitey Bulger a pris la décision d’assassiner l’ancien directeur du World Jai Alai après avoir