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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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importance. L’argent n’est qu’un moyen d’enrichir sa vie
par la compagnie des choses les plus belles et les plus rares. Lorsque je
mourrai, tu recueilleras un superbe héritage.
    – Si
superbe qu’il soit, il n’aura jamais autant de prix que ta présence, dit Fiora
en serrant plus étroitement le bras de son père qu’elle avait repris. En tout
cas, je vais contribuer moi aussi à nos richesses avec ce sonnet de Pétrarque
dont messer Bisticci m’a fait présent au moment où nous partions.
    – Montre !
    Elle
déroula la mince feuille de parchemin décorée de rinceaux et de feuilles de
laurier comme il était d’usage pour les œuvres du grand poète et lut ce qui
tombait sous ses yeux :
    Si ce
n’est pas l’amour qu’est-ce donc que je sens ? Mais si c’est l’amour, pour
Dieu, qu’est-ce que l’amour
    [peut
être ?
    S’il
est bon, pourquoi son effet est-il âpre et mortel ? S’il est mauvais,
pourquoi tous ces tourments ont-ils l’air si
    [doux ?
     
    En
lisant, Fiora se sentit rougir. Le poète répondait trop bien aux questions qui
hantaient son esprit depuis la veille et qui, une grande partie de la nuit, l’avaient
empêchée de trouver le sommeil. La minute vécue entre les bras de Philippe
avait été divine mais, rendue à la solitude, la raison et la logique si chères
à ses amis les philosophes s’étaient efforcées de combattre et d’apaiser l’affolement
de son cœur pris par surprise. En dépit de ce que disait Khatoun qui avait vu
dans le geste passionné du chevalier bourguignon une sorte de révélation venue
d’en haut, Fiora avait fini par se persuader que Selongey n’avait obéi qu’à une
impulsion passagère, au désir d’emporter un souvenir agréable d’une cité qui ne
lui avait pas accordé ce qu’il était venu y chercher...
    – Pourtant,
insistait Khatoun, il a dit qu’il te voulait.
    – Il
l’a dit mais cela ne signifie pas qu’il aille demander ma main à mon père. Je
suis presque certaine qu’il repartira sans que nous l’ayons seulement revu...
    Elle
savait bien qu’elle n’en pensait pas un mot et qu’elle essayait de se mentir à
elle-même mais c’était une façon comme une autre d’essayer de se préserver de
la douleur au cas où, effectivement, Philippe repartirait sans qu’elle ait pu
le revoir,
    En
attendant, elle souhaitait apprendre sur lui le plus de choses possible et,
dans l’après-midi, elle réussit à convaincre Léonarde de la conduire au palais
Albizzi pour y passer un moment avec Chiara. Sans trop de peine en vérité, car
la perspective de passer une ou deux heures en compagnie de l’intarissable
Colomba n’était pas pour déplaire à la gouvernante. Sans compter le plaisir qu’il
y avait à goûter les prunes confites que la grosse Colomba réussissait comme
personne.
    Malheureusement,
Fiora n’apprit pas grand-chose : l’envoyé du Téméraire avait pris logis
avec son escorte dans la meilleure auberge de la ville, à la Croce di Malta,
sur le Vieux Marché. Il y menait train de prince, buvant les meilleurs vins – qui
n’étaient jamais assez bons pour lui ! – et faisant grande chère mais il n’était
sorti de son appartement qu’une ou deux fois et encore pour un laps de temps
assez court.
    – Tu
sembles t’intéresser beaucoup à cet étranger ? remarqua Chiara.
    – Peut-être
parce que je le trouve intéressant. Pas toi ?
    – Si,
bien sûr, mais un peu comme une curiosité. Certes, il est de belle allure et
son visage n’est pas de ceux que l’on oublie facilement mais je crois qu’il me
fait un peu peur...
    – Pourquoi
peur ? Il n’a rien de terrifiant.
    – Il
sent la guerre. J’ai eu la même impression en rencontrant l’an passé le
condottiere Guidobaldo da Montefeltro. Ce sont de ces hommes qui ne vivent que
d’elle et pour elle. Et puis ces gens du Nord ne sont pas comme nous, ils n’aiment
pas ce que nous aimons...
    – On
dit pourtant que la cour du duc de Bourgogne est la plus brillante d’Europe
comme il est, lui, l’homme le plus riche...
    – En
ce cas pourquoi a-t-il envoyé messire de Selongey emprunter de l’argent aux
Médicis ? Mon oncle, qui en parlait hier, disait que le duc Charles veut
devenir roi, qu’il ne cesse de guerroyer dans ce dessein et que, depuis trois
mois, il assiège la forte ville de Neuss, en terre d’Allemagne. La guerre coûte
plus cher que les fêtes...
    – Est-ce
que nous ne la faisons jamais ? As-tu oublié

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