Fiora et le Magnifique
descendit encore jusqu’à une
douce toison qu’elle ouvrit délicatement. Les yeux grands ouverts, le cœur
affolé, Fiora sentait s’éveiller en elle une tempête, une ardeur dont elle
ignorait qu’elle fût capable... Tout son corps criait vers cet homme qui jouait
en effet de lui comme d’un instrument, en arrachait des soupirs, des plaintes
douces, qui appelaient elle ne savait encore quel accomplissement... Enfin, il
glissa sur elle, l’enferma dans ses bras et prit sa bouche qu’il fouilla d’un baiser
dévorant sous lequel elle défaillit... Son corps se tendit, s’arqua comme s’il
voulait échapper au poids qu’on lui imposait mais sans brutalité, Philippe
maîtrisa sa révolte et, soudain, elle sentit qu’il entrait en elle...
Une
brève, une légère douleur dont il étouffa le cri sous un baiser. Un moment,
Philippe resta immobile puis, les mains noyées dans les flots soyeux de la
chevelure dont le parfum l’enivrait, il commença doucement, tout doucement sa
danse d’amour à laquelle bientôt Fiora s’accorda passionnément... La vague
brûlante du plaisir les emporta, les roula jusqu’à l’ultime paroxysme qu’ils
atteignirent ensemble en un double râle... Puis la vague retomba, les laissant
haletants, naufragés sur la plage froissée des draps qu’étoilaient quelques
gouttes de sang... Mais les bras de Philippe ne desserrèrent pas leur
étreinte...
Cet
être neuf qu’il venait d’éveiller à l’amour venait de lui offrir sans le savoir
la plus bouleversante des révélations : celle des profondeurs inattendues
de son cœur. Il avait cru aimer Fiora comme il avait déjà aimé souvent. Cette
fois, le chasseur était pris à son propre piège et, de ce piège, il n’avait
plus envie de s’éloigner. Pourtant il le faudrait bien, quand reviendrait l’aurore.
Il devrait partir, prisonnier de sa propre parole et laisser sa femme, celle qu’il
n’aurait jamais cru pouvoir trouver, poursuivre sans lui une vie qui lui était
totalement étrangère. On ne lui permettrait plus de rien changer au pacte qu’il
avait conclu avec Beltrami, surtout pas celui-ci. Philippe l’avait compris au
regard meurtrier dont le négociant l’avait suivi au moment où il l’avait quitté
pour rejoindre Fiora...
– Je
t’aime ! murmura-t-il, la bouche dans ses cheveux. Tu ne sauras jamais à
quel point je t’aime...
– Pourquoi
ne le saurai-je jamais ? Ne pourras-tu pas me le prouver durant toutes ces
années que nous avons à vivre ensemble ?
– Savons-nous
seulement si nous avons des années devant nous ? Je vais partir, te
laisser puisque je ne peux t’emporter avec moi.
– Après
tout, pourquoi ne le peux-tu pas ?
– Tu
le sais bien. On n’emmène pas une femme à la guerre.
– Elle
saurait peut-être s’y comporter au point de t’en étonner ? Pour te suivre,
pour être auprès de toi sans cesse, je crois que j’accepterais bien des
dangers.
– Ai-je
donc épousé une jeune lionne ? fit-il en l’embrassant. Tu ne fais qu’aviver
mes regrets, mon cœur, ma fleur... mon doux amour. Mais tu dois rester... ne
fût-ce que pour ne pas mettre ton père en danger. On dit que la rancune du
magnifique Lorenzo peut être d’autant plus redoutable qu’il a moins de droits
légaux d’exercer le pouvoir. Et je n’ai guère de doute sur ses sentiments
envers mon duc. S’il apprenait, maintenant, que ton père t’a donnée à moi sans
même lui demander son avis, les conséquences, si j’ai bien jugé l’homme,
pourraient être... désagréables pour vous deux.
– Je
t’attendrai donc, soupira Fiora, mais ne durera-t-elle qu’une semaine, elle me
sera longue cette attente... Dois-tu vraiment partir au matin ? ...
– Je
ne peux pas faire autrement...
– Alors,
il ne faut pas perdre une minute de cette nuit que le destin nous accorde.
Aime-moi ! Philippe, aime-moi encore et encore afin que je puisse vivre de
souvenirs durant tous ces jours et toutes ces nuits que je vais passer sans
toi.
Philippe
n’attendait que cette prière car le désir s’était déjà réveillé en lui mais il
craignait, en lui donnant libre cours, d’effrayer et peut-être de blesser cette
enfant qui s’était abandonnée à lui avec tant de confiance. Néanmoins, il s’écarta
un peu.
– Il
ne faut pas aller trop vite, ma douce... Tu es si jeune, si neuve... J’ai si
peur de te faire mal !
– Tu
ne pourras jamais me faire mal puisque c’est moi qui
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