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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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t’appelle. C’est si doux d’être
à toi...
    Il la
regarda, ébloui, émerveillé... La veilleuse sculptait son corps d’ombres
tendres, dorait les rondeurs exquises de sa poitrine, glissait un rayon vers le
double fuseau des cuisses à la fois rondes et fines. D’une main, il releva vers
lui le beau visage si pur dont les lèvres s’entrouvraient, s’offraient tandis
que défaillaient déjà les larges prunelles claires. Jamais pareille beauté ne
lui avait été donnée et son cœur se serra en pensant qu’elle allait s’épanouir
encore loin de ses yeux :
    – Tu
le veux ? demanda-t-il d’une voix qui s’enrouait. Tu le veux vraiment ?
...
    Alors,
le rire de Fiora éclata en cascades joyeuses, enfantines et cependant
troublantes :
    – Bien
sûr que je le veux ! Platon dit qu’il est bon de répéter deux ou trois
fois les belles choses !
    La
stupeur le laissa sans voix. Platon était, certes, la dernière personne dont il
attendait l’intrusion dans son lit nuptial. Mais comment imaginer que cette
adorable fille, tout juste sortie de l’enfance, soit nourrie de philosophie
grecque ? Sa culture à lui n’allait pas au-delà des Commentaires de
César et il se sentit un peu vexé...
    – Et
qu’est-ce que Platon dit de l’amour ? dit-il, tandis que ses doigts
recommençaient à glisser sur la peau douce.
    – Il...
il n’en parle guère, haleta Fiora tandis que son regard se noyait... Mais il
dit : ... « Donne, et tu recevras ! » Je... je me donne à toi
pour toujours ! Et je te veux à moi, tout entier...
    Alors
il s’empara d’elle, brutalement, comme il eût fait d’une fille dans une ville
conquise. Elle cria sous lui et il étouffa ses cris. Il sentit des larmes
couler sur son visage et comprit qu’il lui faisait mal mais il en éprouva une
joie mauvaise doublée de la pensée terrible que cette fille née d’un inceste et
nourrie d’une philosophie hérétique n’était peut-être, après tout, qu’une
envoyée du diable. Il eut envie de la tuer, pour se libérer des chaînes qu’insensiblement
elle tissait autour de son âme. Déjà ses mains s’attachaient autour du cou
fragile ; il allait même le serrer quand elle ouvrit tout grand ses
immenses yeux couleur de nuages que les larmes faisaient étinceler et tendit
vers son baiser ses lèvres gonflées...
    – Philippe !
murmura-t-elle, mon amour, mon maître...
    – C’est
le démon qui est ton maître ! gronda-t-il. Pareille beauté ne peut avoir
été voulue par Dieu...
    Brusquement
dégrisée, elle voulut s’arracher à lui :
    – Si
démon il y a, c’est toi qui l’as fait naître, dit-elle si douloureusement qu’il
eut honte. Les larmes qui coulaient à présent n’étaient plus des larmes de
bonheur. Il les recueillit une à une avant de baiser longuement cette bouche
tremblante tandis qu’à nouveau il faisait exploser le plaisir dans le corps de
la jeune femme avant de donner libre cours à son propre assouvissement.
    – Pardonne-moi !
souffla-t-il enfin. Je crois que tu me rends fou..,
    – Alors,
nous sommes fous tous les deux, conclut Fiora, consolée, en nichant sa tête au
creux de l’épaule de son époux...
    Elle
était lasse à présent mais elle ne voulait pas dormir encore. Elle aurait bien
le temps de s’abandonner au sommeil quand Philippe ne serait plus là, quand son
lit serait vide et froid...
    – J’ignorais,
soupira-t-elle, que l’amour pût donner tant de joie et je voudrais pouvoir t’en
donner autant que tu m’en donnes...
    – Ne
sens-tu pas à quel point tu me rends heureux ?
    – Peut-être...
mais il y a un moment, il m’a semblé que tu me détestais...
    – Ne
crois pas cela... Ce qui est vrai c’est que tu es trop belle et que ta beauté
me fait peur.
    – Pourquoi,
puisque tout ce qui est moi t’appartient entièrement ? Oh ! mon
amour, apprends-moi à t’aimer... Enseigne-moi comment te donner moi aussi du
plaisir...
    – Ce
sont des choses que l’on n’apprend pas à une femme honnête, dit-il avec une
fausse sévérité...
    – Qu’ai-je
à faire d’être une femme honnête cette nuit ? Je vais avoir tout le temps
pour cela. Je ne veux être que ta femme...
    Attendri,
il guida ses premiers gestes mais l’élève était digne du maître et un silence
peuplé de longs soupirs s’installa sous les courtines pourpres qui enfermaient
les deux amants comme au cœur d’un fruit mûr. Et, par trois fois encore,
Philippe triompha de

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