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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fond des yeux et y lut sans doute une volonté absolue car elle
prit la bague sans rien dire puis sortit.
    Restée
seule, Fiora se recoucha mais ne réussit pas à trouver le sommeil en dépit de
sa lassitude. L’angoisse qui s’était emparée d’elle à San Miniato revenait
depuis que Léonarde était sortie, si douloureuse que Fiora dut lutter pour ne
pas courir après la vieille demoiselle afin de lui demander de la laisser
dormir auprès d’elle comme elle l’avait fait si souvent quand elle était
enfant. Son orgueil la retint. A sa propre surprise d’ailleurs : pouvait-il
vraiment lui rester encore une once d’amour-propre après tout ce qu’elle avait
entendu dans la soirée ?
    Elle
se leva, alla boire un peu d’eau miellée, s’approcha de la fenêtre pour
regarder la nuit qui s’étendait au-dessus de la ville, constellée comme un
manteau royal, écouta un moment les bruits familiers, les pas de la milice raclant
les pavés, le grincement d’une rame sur le fleuve, le cri d’un oiseau de mer,
la cloche d’un couvent sonnant matines. La pensée que, demain sans doute, elle
ne les entendrait plus lui fut pénible : elle découvrait qu’elle était
attachée à ces humbles choses. A moins que Lorenzo ne se montrât magnanime et n’agît
en ami véritable, ce dont elle ne pouvait s’empêcher de douter, elle coucherait
demain dans quelque auberge du chemin et, le soir suivant, à bord de la Santa
Maria del Fiore, ce navire qui jadis l’avait amenée de France avec sa
nourrice et Léonarde et qui bientôt peut-être la conduirait vers un inconnu qui
l’effrayait un peu mais uniquement parce qu’elle craignait de l’affronter sans
le bras rassurant de son père. Si Francesco la rejoignait, tout serait tout de
suite beaucoup plus facile...
    Brusquement,
le souvenir de la prédiction de Démétrios traversa son esprit. Le médecin avait
dit qu’elle serait loin de Florence et qu’elle ne serait pas heureuse quand la
mort emporterait Simonetta, et ce fut pour elle d’une évidence aveuglante. Elle
allait partir, pour toujours peut-être et son père ne serait pas avec elle
puisqu’elle aurait cessé d’être heureuse...
    – Je
ne partirai pas ! décida-t-elle tout haut, Léonarde pourra dire ce qu’elle
voudra : je resterai avec mon père. Il arrivera ce qu’il arrivera ! Le
désastre ne peut pas être plus grand qu’il n’est...
    Forte
de cette résolution, elle regagna son lit où Khatoun dormait toujours protégée
par sa bienheureuse innocence, ferma les yeux... et sombra d’un seul coup dans
le sommeil.
    Quand
elle s’éveilla, il était déjà très tard et elle houspilla Khatoun qui l’avait
laissée dormir jusqu’au milieu de la matinée :
    – Dame
Léonarde a ordonné ! plaida la petite. Mais Fiora ne l’écouta pas. Elle s’était
promis, dans la nuit, d’avoir un entretien avec son père avant qu’il ne parte
pour le palais Médicis et, espérant qu’il n’était pas encore trop tard, elle s’élança
hors de sa chambre. Rinaldo, qu’elle rencontra dans la galerie chargé de
plusieurs vêtements qu’il voulait nettoyer, lui apprit que Francesco était
parti depuis une grande heure... Elle se mit alors à la recherche de Léonarde
mais celle-ci était aux cuisines et Fiora avait défense d’y descendre autrement
qu’en la compagnie de la gouvernante quand celle-ci lui enseignait les devoirs
d’une bonne ménagère et les secrets de la conduite d’une grande maison. D’autre
part, elle n’avait pris le temps d’enfiler sur sa chemise qu’une légère robe d’intérieur
et elle était pieds nus.
    Pensant
qu’elle n’avait rien d’autre à faire, elle remonta dans sa chambre pour
procéder à sa toilette. Une fois qu’elle serait habillée elle aurait plus de
dignité pour faire entendre sa décision qui était d’attendre, quoi qu’il
arrive, le retour de Beltrami... Il était regrettable de n’avoir pu lui parler
avant qu’il ne sorte mais Fiora, bien décidée à ne pas partir sans avoir revu
son père, pensait qu’il n’était pas trop tard...
    Elle
comprit qu’elle se trompait et qu’il était déjà beaucoup trop tard quand,
quelques minutes plus tard, une troupe hurlante et gesticulante ramena au
palais le corps de Francesco Beltrami. Alors qu’il échangeait quelques mots
avec un client dans la bousculade du Marché Neuf, une main inconnue lui avait
planté un poignard dans le dos.

 
CHAPITRE VI REQUIEM POUR UN
HOMME DE

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