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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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BIEN
     
     
     
    Les
hommes qui portaient le corps de Francesco Beltrami le déposèrent sur son lit
tandis que les valets faisaient refluer à grand-peine la foule volubile et
excitée qui lui avait servi d’escorte. Le palais résonnait de bruyantes
lamentations et de menaces de mort, sincères d’ailleurs, car le riche négociant
était respecté pour sa richesse et aimé pour sa charité. Léonarde qui ne
perdait jamais son sang-froid remercia du haut de l’escalier, fit appel aux
prières de tous ces braves gens et, finalement, ordonna qu’on leur servît du
bon vin pour les réconforter dans la profonde douleur dont ils faisaient
étalage. Elle fit aussi distribuer quelques pièces aux mendiants qui se
trouvaient là et tous se retirèrent en louant la générosité des dames de la
casa Beltrami et en se lamentant de la perte cruelle qui les frappait.
    Après
quoi, la gouvernante remonta vivement auprès de Fiora qui, agenouillée auprès
du lit, sanglotait éperdument, le visage enfoui dans la couverture de velours
sur laquelle reposait son père. Mais la jeune femme n’était pas seule dans la
chambre et, en y pénétrant, Léonarde vit qu’il y avait là un homme, grand et
maigre, dans une longue robe de velours noir à manches pendantes mais dont le
haut col droit se fermait par une riche agrafe d’or. Une calotte assortie
coiffait des cheveux gris qui rejoignaient une courte barbe. Les bras croisés
sur la poitrine,
    il
regardait Fiora sans mot dire, respectant sa douleur mais, au bruit que fit
Léonarde en entrant, il se tourna vers elle.
    – Je
suis resté parce que j’ai des choses à dire, fit-il répondant à la muette
interrogation de la vieille demoiselle et en français, ce qui ne manqua pas de
la surprendre. J’ai assisté au crime...
    – Et
vous n’avez pas arrêté le criminel ? C’était, il me semble, la première
chose à faire ?
    – Non.
La première chose à faire était de s’assurer que messer Beltrami était déjà
au-delà de tout secours humain. Je suis médecin et cette jeune femme me
connaît, ajouta Démétrios en désignant Fiora d’un geste du menton. Le meurtrier
devait suivre sa victime. Il a profité d’une violente dispute entre deux
marchandes de volailles et deux poissonnières qui a dégénéré en bagarre et créé
un attroupement. Je ne l’ai pas vu frapper mais j’ai soudain aperçu un couteau
planté dans le dos de votre maître qui, d’ailleurs, n’a pas crié. Quant à l’assassin,
il a disparu dans la foule, peut-être en se faufilant entre les jambes des gens
et les étalages dont certains étaient renversés. Mais je le retrouverai...
grâce à ceci !
    De sa
manche, le Grec tira une lame large, à la pointe acérée, un couteau à manche de
corne polie sans aucune marque distinctive que Léonarde considéra avec dégoût.
    – J’ai
retiré cette arme de la blessure et je vous demande permission de la garder. Je
ne pense pas que sa contemplation soit agréable à donna Fiora...
    – Je
ne le pense pas non plus mais pourquoi voulez-vous la garder ? Le
gonfalonier va certainement venir. N’est-ce pas à lui qu’il faudrait la
remettre ?
    – Il
ne saurait qu’en faire tandis que je peux la faire parler. L’arme d’un assassin
peut être plus bavarde que vous ne l’imaginez.
    – En
ce cas, prenez-la ! Si vous réussissez à faire arrêter le misérable, tous
ici vous béniront...
    Sans
répondre, il enveloppa de nouveau le couteau dans son mouchoir et le dissimula
dans sa manche. Puis il s’avança vers Fiora, trop abîmée dans la douleur pour s’être
seulement aperçue de sa présence. Il se pencha et posa sur son épaule une main
ferme sous la pression de laquelle la jeune femme se redressa. Elle tourna vers
lui un visage ravagé par les larmes, des yeux qui ne voyaient plus rien :
    – Que
me veux-tu ? ... Ne puis-je pleurer en paix ?
    – Il
faut que je te parle, fit Démétrios employant le toscan puisqu’elle avait parlé
dans cette langue. Souviens-toi ! Je t’ai dit que si tu avais besoin d’aide,
tu pourrais m’appeler...
    – Je
me souviens. Le médecin grec ? On te dit savant mais tu ne peux pas
ressusciter mon père et rien d’autre ne m’intéresse.
    – Je
ne suis pas Dieu, en effet, mais j’ai plus de puissance que tu ne crois. Et je
viens te dire que tu n’as pas de temps pour les larmes. Il faut fuir et le plus
vite possible car un danger te menace, un danger qui vient d’une

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