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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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femme...
    Fiora
se releva pour lui faire face :
    – Si
tu sais tout cela, tu dois pouvoir empêcher cette femme de me nuire ? Ne
vient-elle pas de le faire d’ailleurs ? Je suis sûre que c’est elle qui a
ordonné le meurtre...
    – Je
ne peux empêcher ce qui est déjà en marche. En outre, je suis étranger à cette
ville dont je connais cependant la versatilité. Demain tu pourrais avoir autant
d’ennemis que tu as d’amis aujourd’hui. Alors, éloigne-toi ! Ne fût-ce que
pour te donner le temps de la réflexion.
    – Nous
devions partir à midi, fit Léonarde.
    – Moi,
j’étais décidée à ne pas partir sans mon père, dit Fiora en essuyant d’un geste
machinal ses yeux et son visage. Pardonnez-moi d’avoir changé d’avis, chère
Léonarde, mais tout à l’heure je vous cherchais pour vous l’apprendre et
puis... ceci est arrivé et il ne saurait plus être question de départ pour moi.
Tu dis que cette ville peut se retourner contre moi ? Elle le fera
peut-être mais elle le ferait certainement si je m’en allais, abandonnant à des
étrangers le corps de mon père. Je veux lui rendre les derniers devoirs d’une
fille aimante... et je veux le venger !
    – S’il
t’arrive malheur, comment pourras-tu mener à bien cette vengeance ? Va-t’en !
    – Non.
Je veux rester. Plus tard, quand mon père pourra reposer en paix, je partirai
sans doute... car cette justice que je veux rendre n’est pas la seule qui me
réclame.
    L’entrée
du vieux Rinaldo l’interrompit. Il venait annoncer l’arrivée du gonfalonier
qui, un instant plus tard, pénétra dans la chambre.
    Cesare
Petrucchi était un homme d’une soixantaine d’années, petit et râblé, qui
portait avec une majesté voulue la robe écarlate de sa fonction. Né d’une
antique famille originaire de Sienne, il avait réussi grâce à sa volonté tenace
et à une absence totale de mansuétude à s’élever jusqu’à la Seigneurie où l’on
disait qu’il régnait par la crainte sur les autres « seigneurs ». Il
les tenait fermement dans sa main depuis certain Conseil où, ne pouvant obtenir
un vote qui tranchât une question épineuse, il s’était fait apporter les clefs
de la salle et s’était assis dessus en déclarant que l’on ne sortirait qu’après
avoir voté convenablement. Tout ce qu’il consentait à faire était de nourrir
ses collègues jusqu’à ce qu’ils fussent venus à bout de leurs hésitations...
    Fiora
savait qu’il n’aimait pas son père auquel il reprochait une trop grande fortune
sans oser pour autant formuler d’accusations précises mais qu’il eût été
enchanté de le trouver en défaut sur quelque point que ce soit. Elle savait
aussi qu’elle n’avait à attendre de lui ni compassion ni aide véritable d’aucune
sorte et que, de son côté, Francesco Beltrami méprisait un peu ou tout au moins
se méfiait du gonfalonier de justice.
    Quand
il entra, précédé de gardes en casaques vertes -les couleurs de la Seigneurie –
Fiora le salua comme il convenait et attendit qu’il parlât. De son côté,
Petrucchi commença par s’incliner devant le corps puis vint à son chevet pour
le considérer de plus près.
    – S’est-on
assuré du meurtrier ? demanda-t-il d’un ton important.
    – Non,
magnifique seigneur, répondit Fiora. Et ceux de cette maison mettent désormais
tous leurs espoirs dans la justice de Florence dont tu es l’incarnation !
    – Tu
peux être certaine que nous nous emploierons à cette justice que tu réclames.
Ton vénéré père, que Dieu ait en sa Sainte Garde, se connaissait-il des ennemis ?
    – Quel
homme riche n’en a pas ? Nous n’imaginions pas, pourtant, qu’il pût s’en
trouver d’assez lâche pour frapper à mort et par-derrière un homme qui s’est
efforcé au bien durant toute sa vie. Un homme...
    Sa voix
se fêla. Cette comédie protocolaire à laquelle on l’obligeait lui était
insupportable mais il était impossible de s’en dispenser, le « magnifique
seigneur » étant de ceux qui, venus du commerce, étaient le plus attachés
aux formes extérieures dues à sa fonction. Heureusement, Petrucchi, peu
soucieux de sa douleur, se tournait vers Démétrios Lascaris qui, impassible, et
les mains au fond de ses manches, le toisait du haut de sa taille :
    – Que
fais-tu ici ? demanda aigrement le magistrat. Appartiens-tu à cette
famille ? Es-tu un ami proche ?
    – Ni
l’un ni l’autre et tu le sais très

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