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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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une
réputation, un nom que l’on se passait sous le manteau et qui, un soir, avait amené
chez elle la nièce du pape
    – Tu
as déjà vendu des poisons ? demanda Fiora après une légère hésitation.
    – Oui.
Et sans remords. Chaque fois que j’ai remis à quelqu’un une liqueur ou une
poudre mortelles, je me suis réjouie dans mon cœur parce que les prêtres sont
nombreux dans cette ville des papes et que mon poison était peut-être destiné à
l’un d’eux. Je les hais, je les hais tous, car ils font partie de ceux qui ont
aidé Ferrante à enchaîner ma mère au bûcher.
    – Et
tu n’as pas peur qu’un jour...
    – On
en allume un pour moi au Campo dei Fiori ? Non. Si je peux parvenir à
faire tuer Ferrante de Naples, j’y monterai avec joie.
    – Je
comprends ce que tu éprouves car j’ai, moi aussi, cherché la vengeance, mais
Dieu a frappé avant moi...
    – Et
tu es satisfaite ?
    – Oui
et non. Oui, parce que la main du Seigneur a frappé plus fort que je n’aurais
pu le faire. Non, parce que le désir de vengeance est encore en moi. Tant que
vivra la meurtrière de mon père, je ne connaîtrai pas la paix. D’ailleurs, elle
me menace encore.
    – Elle
est ici, à Rome, et tu veux aller à Florence ?
    – Je
ne peux l’atteindre sans me livrer. Il faut que je parte et tu le sais bien,
mais je ne renoncerai pas.
    – Je
t’aiderai si tu le veux !
    La
nuit tombait. Anna alla tirer les rideaux, puis alluma des chandelles.
    – J’attends
quelqu’un cette nuit. Ne t’inquiète pas si tu entends du bruit et, surtout, ne
bouge pas.
    – Et
Khatoun ?
    – Si
elle vient, je te l’enverrai.
    Cependant
la nuit passa sans ramener la jeune Tartare et l’anxiété tint compagnie à Fiora
jusqu’au lever du jour. Dans les heures prochaines, Anna lui procurerait sans
doute les moyens de fuir, mais la pensée de s’éloigner à nouveau sans avoir au
moins revu Khatoun lui était insupportable. Quand elle était partie pour la
France, avec Démétrios, Esteban et Léonarde, elle s’était résignée à la
séparation d’avec sa petite compagne d’enfance parce qu’elle la croyait
heureuse et engagée dans le destin qu’elle avait choisi. Mais la laisser dans
cette situation de semi-esclavage, de servante privilégiée peut-être, mais
servante tout de même, lui était intolérable. Bien sûr, Khatoun pourrait la
rejoindre à Florence et le ferait sans doute si elle était libre, mais donna
Catarina ne la laisserait certainement pas partir. D’abord parce que son époux
avait dû la payer cher et ensuite parce que, semblable en cela à toutes les
grandes dames italiennes, elle devait tenir beaucoup à ce petit personnage
exotique. Les Tartares étaient rares et d’autant plus précieuses.
    Pourtant,
il allait falloir se résigner : Anna, en lui apportant son déjeuner, lui
avait fait mille recommandations sur les soins que sa blessure réclamait
encore. Dans un sac, elle avait placé de la charpie, des bandes, une fiole d’eau-de-vie
pour nettoyer et deux pots d’onguent. Puis elle avait soigneusement examiné sa
patiente et surtout la plaie, en bonne voie de cicatrisation, sur laquelle un
épais pansement avait été posé.
    – C’est
donc cette nuit que je pars ? demanda Fiora.
    – Oui.
Une heure avant le lever du jour, je te conduirai jusqu’à la porte del Popolo
où tu attendras le moment de la franchir. Je t’ai trouvé un mulet et un costume
de paysan. Avec un peu de chance tu atteindras Florence sans trop de peine. Mon
père rentre demain et je serai là pour le recevoir.
     
    Mais
un sort capricieux avait décidé que Fiora ne retrouverait pas, cette nuit-là,
le chemin déjà interrompu et ne verrait pas l’aube se lever sur la porte del
Popolo. Les cloches des innombrables églises et couvents venaient de sonner
pour le dernier office et les valets avaient allumé depuis un moment les pots à
feu dans leurs cages de fer à l’entrée des palais quand une litière fermée,
escortée de quatre cavaliers, pénétra dans la rue et franchit la voûte ouvrant
sur la cour.
    Etonnée
car elle n’attendait personne, Anna ouvrit une étroite fenêtre donnant sur l’arrière
de la maison et se pencha. Puis, saisissant un flambeau, elle se précipita dans
l’escalier :
    – C’est
Khatoun ! s’écria-t-elle. Et la comtesse Riario est avec elle. Ne bouge
pas ! Il faut que je sache ce qu’elle veut !
    Fiora
n’eut pas le temps de se poser des

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