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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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    – Le
vieux Jacopo est toujours vivant ?
    – Plus
que jamais et tout disposé, bien sûr, à aider Francesco à revenir et à se
venger. Quant à Montesecco, le troisième homme, il tuerait sa mère pour un sac
d’or et on lui a promis beaucoup plus.
    – Je
vois. Mais le pape, dans tout cela ?
    – C’est
là le point obscur. On m’a assuré qu’il aurait expressément recommandé qu’il n’y
eût pas « effusion de sang ».
    – Pas
d’effusion de sang ? Il me paraît difficile de tuer quelqu’un sans faire
couler son sang ! Comment l’entend-il ?
    – Ma
chère, Sa Sainteté ne saurait ordonner un meurtre. Elle ne doit même pas en
avoir connaissance...
    – Quitte
à crier bien haut, une fois le coup fait, et même à le déplorer ? On
excommuniera quelques comparses car votre époux ne compte pas, j’imagine, faire
la besogne lui-même ?
    – Bien
sûr que non. Il ne quittera pas Rome. Seuls Pazzi et Montesecco feront le
voyage.
    – A
quelle occasion ? Ils n’espèrent tout de même pas être reçus par Lorenzo ?
    Catarina
expliqua alors ce qu’elle savait du plan. Le pape, qui venait de conférer le
chapeau de cardinal à son plus jeune neveu, Rafaele Riario, et le faisait
revenir à cette occasion de l’université de Pise où il achevait ses études,
avait décidé de le nommer en même temps légat à Pérouse. Catarina trouvait
cette nomination absurde car le nouveau cardinal n’avait que dix-huit ans et
aucune capacité à tenir une difficile légation, mais le pape, qui éprouvait
pour lui une tendresse toute paternelle, n’en était pas à une folie près. Une
fois intronisé, le jeune Rafaele s’en irait en grand arroi visiter sa chère
université pour lui offrir ses premières bénédictions. Ensuite, et en revenant
sur Pérouse, il passerait tout naturellement par Florence où les Médicis ne
pourraient se permettre de lui refuser l’accueil, puisque les relations
apparentes entre Lorenzo et le Saint-Siège étaient convenables. Le jeune
cardinal logerait vraisemblablement chez le vieux Pazzi, mais les Médicis ne pourraient
faire moins que le recevoir à plusieurs reprises. Leur hospitalité était trop
large et trop fastueuse pour qu’ils n’accueillent pas de leur mieux un cardinal
légat. L’occasion se trouverait alors d’abattre les deux frères.
    – Chez
eux ? Dans leur propre palais ? s’indigna Fiora. C’est non seulement
monstrueux, mais insensé. Les assassins seront massacrés sur place.
    – On
choisira de préférence une fête ou une cérémonie extérieure. Tous les Pazzi se
regrouperont pour cette occasion et Montesecco amènera ses hommes de main. Même
l’archevêque de Pise, Salviati, aurait décidé d’apporter son aide. Il n’a pas
apprécié du tout que Lorenzo s’oppose à sa nomination comme archevêque de
Florence.
    Cette
fois, Fiora ne répondit pas. Ce récit était effarant, insensé. Tous ces gens,
des ennemis sans doute mais aussi des prêtres, allaient se jeter comme un vol
de corbeaux sur sa ville bien-aimée pour y assassiner Giuliano qu’elle aimait
autrefois et Lorenzo qui lui avait montré tant d’amitié. Et qui plus est, ils
utiliseraient pour accomplir leur forfait ce principe sacré de l’hospitalité si
cher au cœur de tout Italien.
    – Vous
ne dites rien ? fit Catarina.
    – Pardonnez-moi,
Madonna, mais ces projets m’écœurent et je comprends que la petite-fille du
grand Francesco Sforza refuse de devoir un Etat à de tels procédés.
    – C’est
moins le souvenir de mon grand-père que celui de la femme qui m’a élevée :
la duchesse Bona, épouse de mon père et sœur de la reine de France, qui me
range dans le camp des Médicis. Celui aussi de mon père, assassiné il y a un
peu plus d’un an. Et puis, je le répète, j’ai toujours aimé Giuliano. Vous m’aiderez ?
    – Je
suis prête à partir pour Florence immédiatement. Moi aussi j’ai aimé Giuliano
avant de rencontrer l’époux que j’ai eu la douleur de perdre. Si je peux l’empêcher,
je ne les laisserai pas mourir.
    – Il
vaut mieux attendre deux ou trois jours afin de mieux nous préparer. La visite
de Rafaele à Florence devrait se situer vers la fête de Pâques et la Semaine
sainte approche.
     
    Le
palais Riario se situait non loin du Tibre et près des deux églises de Sant’Apollinario
et de Sant’Augustino. Imposante demeure quadrangulaire, de construction
récente, elle semblait capable de

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