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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Italie.
    – Ça
signifiait ! Mon père est mort et...
    – Je
sais, mais je suis persuadé qu’il te reste un petit quelque chose, et une fille
de banquier ça ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
    En
dépit de sa fatigue, Fiora se mit à rire.
    – Il
faut aller à Florence pour le savoir, Rocco. Sois sans crainte : tu auras
la récompense que je t’ai promise, même si ce n’est pas Lorenzo de Médicis qui
te la donne...
    Les
deux compagnons quittèrent Sienne à la tombée de la nuit, juste avant la
fermeture des portes. Les rues étaient pleines d’ombres silencieuses qui, sous
des habits de deuil, revenaient d’entendre l’office des Ténèbres. D’autres
veilleraient toute la nuit dans les églises tendues de noir et dépouillées de
tout apparat pour déplorer la mort du Christ sur le Calvaire. Les cloches qui s’étaient
tues le jeudi saint laissaient, par l’absence de leurs voix familières, la
ville désorientée et livrée à la pénitence. Le ciel lui-même participait à l’ambiance
sinistre en déversant, depuis midi, une pluie fine et désespérante. Cette nuit,
l’immense cathédrale blanc et noir, couchée comme un tigre sur la ville, ferait
peser sur elle le lourd fardeau de la mort d’un dieu...
    Au
moment où ils quittaient sa maison, maître Guido avait tenu à faire aux
voyageurs une dernière recommandation :
    – Un
mot encore, Vos Seigneuries ! Si vous voulez arriver à bon port avec vos
chevaux, évitez donc San Casciano in Val di Pesa !
    – Pourquoi ?
demanda Rocco goguenard. Est-ce qu’il y aurait des bandits ?
    – C’est
ce qu’ont dit des voyageurs qui en venaient. Il paraît même qu’il y a huit
jours, on y a égorgé deux frères prêcheurs... Alors, prenez garde à vous !
    – Merci
du conseil ! Des assassins doublés de mauvais chrétiens, ça mérite que l’on
veille au grain. Heureusement, nous sommes mieux armés que des moines
errants...
     
    Néanmoins,
tandis que, suivant Rocco qui avait repris la bride de sa fantasque monture,
Fiora descendait des collines argileuses où s’étalait la cité, elle avait peine
à lutter contre le mauvais pressentiment qui s’était emparé d’elle depuis qu’elle
avait su l’impossibilité de changer de chevaux. Les contretemps semblaient s’accumuler
à plaisir sur cette route où elle s’était engagée avec tant d’espoir et de
détermination. Pourtant, rien n’était encore perdu et, si tout allait bien,
elle atteindrait Florence demain samedi dans la journée, pas bien longtemps
après le cortège du jeune cardinal légat. Elle n’arrivait pas à secouer l’angoisse
qui serrait sa gorge. L’immonde Hieronyma et les siens allaient-ils encore
gagner et fallait-il vraiment qu’après Francesco Beltrami, les deux frères
Médicis fussent immolés à sa frénésie de meurtre et à la rapacité de Riario ?
Dieu ne pouvait tout de même pas donner raison au pape dès l’instant où
celui-ci osait lancer des assassins sur une cité chrétienne, même si Florence
semblait préférer Platon aux quatre évangélistes ? Il fallait à tout prix
arriver à temps ! Hélas ! la nuit était bien noire, et elle ne connaissait
pas cette route...
     

CHAPITRE XII MEURTRE DANS LA
CATHÉDRALE
     
     
     
    Rocco
non plus, d’ailleurs, et celle-ci leur réserva tous les traquenards possibles.
C’est seulement à l’aube du dimanche que les deux voyageurs, épuisés et réduits
à un seul cheval, virent se dresser dans un ciel rose et enfin dépourvu de
nuages les murs et les tours de la chartreuse de Galluzzo, aux portes de
Florence. Une rivière en crue leur avait barré le passage et les avait obligés
à un long détour. En outre, pour éviter le danger signalé par l’aubergiste de
Sienne, ils avaient encore rallongé leur chemin et ils s’étaient perdus. Enfin
le cheval de Rocco, butant sur un rocher affleurant, avait désarçonné son
cavalier et s’était cassé la jambe. Il avait fallu l’abattre. Quant à celui de
Fiora, peu habitué aux longues courses, il avait montré des signes de fatigue
qui le rendaient incapable de supporter deux cavaliers. Rocco, galamment, se
résigna à marcher, laissant la jeune femme en selle, si inconfortable que ce
fût. De temps en temps, elle choisissait de cheminer auprès de lui, sans
beaucoup parler car l’espoir de sauver les Médicis diminuait à mesure que
passait le temps. Elle accepta finalement de s’arrêter à la chartreuse

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